Traduire

vendredi 31 octobre 2008



Bon week-end de Toussaint!
Que le feu s'apprivoise
Dans les forêts de l'âme!







.









Ce que tu crus un jour devoir conquérir
Est devenu cette tendresse
Coulant dans tes veines.

Rien ne t’importe plus
Que ce flux régulier
Ralentissant la spirale du temps.

Tu es devenu attentif à cette Présence
Où s’engendre la tienne.

Tu n’échangerais pour rien
Ce bruissement léger,
Ce fleuve impermanent,
Ce ruissellement qui te traverse.

Tu laisses l’avenir décider seul
De la persistance de ton chant.





.

jeudi 30 octobre 2008









Nul ne peut imposer à l’autre son rêve !
S’il est certes des forêts en marche,
Jamais elles ne couvriront la terre !

Qui ne sait la voie des nomades
Ignore que le désert le guette.

Apprends donc à marcher
A l’amble de ton sang !

Tu verras bientôt d’autres signes
Où s’allègeront tes pas.

Le monde est bien trop vaste
Pour en soupeser tous les chemins :
Ne va donc pas croire
Que seul connaît le but
Celui-là d’où tu viens !

Accomplis sans amertume
Le juste déplacement.

Laisse les taillis s’étendre,
Passe par-dessus des haies,
Vois se disposer en toi
L’étendue dont tu nais.





.

mercredi 29 octobre 2008









L’arbre, c’est en toi qu’il se dresse,
Tu l’entends bruire
De toute la force de son chant,

Tu portes cette couronne
Dont il revêt le ciel,

Tu t’accroches avec lui
Au ventre de la terre,

Tu laisses sourdre en toi
Ce silence torrentiel
Qui souffle comme un grand vent :

Entre vous, ce manège de feuilles,
Cette danse des anges ,
Cette balançoire dans l'azur
Que seuls voient les enfants.





.

mardi 28 octobre 2008









Ce qui te guide,
Ces imperceptibles touches du destin,
Le rappel d’un écho très lointain,

Le frôlement d’une présence
Dont pas un seul jour tu n’as pu douter,
La persistance en toi d’un axe souverain,

Le souffle d’un amour très pur
Dont l’annonce, avec ton souffle,
Se confondait,

L’ombre, elle-même, authentifiant sa trace,
Tes mains cherchant pourtant le soleil
Comme pour mieux t’en protéger,

Et tout au fond de toi ce puits de lumière,
Cet astre trouvant sa trajectoire,
Sa ligne de vie, dans les mains du ciel.





.

lundi 27 octobre 2008









Depuis que l’écriture est devenue pour toi
Nourriture essentielle,
La danse secrète de ton sang,
Tu lui laisses arpenter sans façons
Les territoires touffus de l’enfance,

Emerveillée devant le moindre rayon,
Le plus petit scarabée
Semblant refléter le ciel.

Tu recouvres derrière elle les sillons
D’où germera peut-être la nuit,

Tu fais confiance à l’inconnu
Comme un vin coulerait
De vignes étrangères.

Tu n’as que la couleur du chant
A répandre sur sa terre.





.

dimanche 26 octobre 2008





Nous croissons comme les arbres ;
Nous croissons non pas à un seul endroit
Mais partout ;

Non pas dans une direction,
Mais tout autant vers le haut,
Vers le dehors que vers le dedans
Et vers le bas.

Notre force opère à la fois dans le tronc,
Dans les branches et dans les racines.

Il ne nous appartient plus
De faire quelque chose séparément,
Ni d’être quelque chose de séparé.

Nietzsche





Si un jour je devais me taire,
Si le geste n’atteignait plus la page,
Se contentant de dessiner
De grandes traces de silence
Dans le ciel,

Rappelez-vous les couleurs
Dont mes doigts saupoudraient la feuille,

Laissez-moi graver en vous
L’empreinte d’un visage
Dont nul ne pouvait promettre
Le miracle accompli.

Je resterai par devers-vous
Celui qui aura cherché, creusant la nuit,
A en découvrir le sillage.





.

samedi 25 octobre 2008









En moi réside un très vieil arbre
Auprès duquel j'apprends chaque jour à me taire,

Il garde à jamais
L’empreinte des saisons.

Je cherche attentivement dans sa lumière
La porte donnant sur le mystère,

Y jetant ça et là quelques mots simples
Qui font sa joie.


Ignorant tout du sanctuaire,
Je lui laisse en passant creuser
L'espace qu'il ouvre en moi,


Je ne renonce pas un jour à m'y perdre!





.

vendredi 24 octobre 2008









C’est l’impossible que tu désignes,
L’inaccordable !

Mais comment se fait-il
Qu’une voix traverse malgré tout,
Irriguant les déserts,

Une chanson au goût du pain
Comme un partage,

Un poème effacé
Dont la chair tremble encore ?





.

jeudi 23 octobre 2008









Les mots se taisent
Aussi longtemps que tu cherches
A les saisir.

Quitte ce ciel encombré !
Goûte à la nudité du vent !
Ne retourne pas sans cesse en arrière !

Apprends à ne vouloir
Que la plus haute intensité !

Tout ce qui te touche te concerne :
Quitte ces terres trop fermes,
Connais la demeure de l’ouvert,
Avance vers le pays qui te sera donné,
Apprivoise l’infini mouvement !





.

mercredi 22 octobre 2008









Tout s’est soudain unifié :
Je ne distingue plus le ciel
De l’élan qui me porte,

Je laisse chaque mot
Forger en moi sa couleur.

Ce que je croyais fait pour m’incliner
Est devenu le signe qui me redresse.

Rien qui ne naisse en soi
D’une profonde attention.

J’ai appris à lire le Texte
Comme une empreinte sûre
Gravée sur l'écorce de l’être.





.

mardi 21 octobre 2008









Avoir pressenti cela une fois, une seule
Et se tenir dans ce savoir là
Dénudant tout savoir,

Le monde en soi comme une enfance
Précédant toute enfance,
Peuplée de pierres, d’arbres, d’oiseaux,
De ronces, de nuages et de fruits,

Se connaître étranger,
Pétri pourtant de la même terre,
Traversé du même sang,

Familier de la voix
Qui nomme toutes choses nouvelles,

Sûr d’être né pour cette heure accomplie
Où, ni dedans, ni dehors,
Ni parlé, ni parlant,
Nous sommes un dans le souffle inconnu.





.

lundi 20 octobre 2008









L’œuvre à écrire,
Voilà qu’elle se présente
Dépouillée devant toi.

Tout est plus silencieux
Depuis que tu laisses le monde
A son mystère.

Le village de ton enfance
T’apparaît neuf dans la lumière
Avec ses maisons sans âges
Ses paysans tournant le dos au temps,

Ses branches bruissant d’oiseaux,
Effeuillées de larmes.

C’est le premier jour de la semaine
Et tu ouvres les yeux,
Tu laisses la parole
Frayer seule en toi son chemin.





.

dimanche 19 octobre 2008





Aucun vent ne souffle
Et pourtant

Tout tremble
Jusqu'à l'arbre -

On ne sait pourquoi.


GUILLEVIC







Au fil des saisons
Tu laisses chanter la sève
A sa plus haute précision.

Tu cherches l’enroulement des sons,
La fugue retenue,
La note la plus juste.

Tu te tiens silencieux
Comme un vieux moine tout occupé
Aux noces qu’il célèbre.

Tu laisses le vent
Désirer en toi
La force qui le fonde.

Tu veilles jalousement
A la nuit dont tu nais.





.

samedi 18 octobre 2008









La nuit n’a pas plus d’attrait
Que cette vie qui bat
Sous l’écorce immobile.

Tu parcours l’horizon
De tant de gestes clairs,
Tant de mots inutiles.

Rien qui ne soit plus ancré
Que ton chant !

Tu traces des lignes dans le ciel,
Mais c’est en vain si tu ne dessines en toi
D’autres constellations.





.

jeudi 16 octobre 2008









Le monde ancien
Qu’il te faut clouer
Sur le jubé du temps,
Où le célébrer désormais ?

Sur quel seuil
En pressentir encore la force,
Et la parole qui le fécondait ?

Vers quelle ultime simplicité
Le retrouver lavé
Des rites et des hymnes
Autrefois qui l’interprétaient ?





.

mercredi 15 octobre 2008









Nul ne m’a rendu
Plus familier de moi-même
Que la ferveur de l’arbre
En sa très lente migration.





.

mardi 14 octobre 2008









La parole qui m’appelait,
Voilà qu’elle a ouvert en moi
L’abîme de son silence.

Il me suffit d’être là
Dans ce vide habité
Pour entendre sourdre sans bruit
L’espace qui m’engendre.





.

lundi 13 octobre 2008









Nous avons perdu
Ce qui nous fut chemin,
Marche vers un but,
Et les mots du mystère,

Mais nous sommes attentifs
A cette pluie de signes
Qui nous réconcilie.

Notre monde s’est ouvert,
Fendu par le milieu
Comme écorce inutile ;

Nous pressentons exactement
Où passe en nous la faille qui nous devine.

Nous sommes,
Non pas sans connaissance,
Mais sans retour sur le mouvement
Qui nous engendre,

Nous laissons la lumière
Prétendre seule à son exaucement.





.

dimanche 12 octobre 2008




L'arbre semble reposé.

Christian Bobin





Je n’ose plus le vent,
C’est lui qui m’anticipe !

Je ne m’attarde plus
Au bréviaire des saisons,

J’abandonne à la nuit
Tout ce qui veut marcher.

Je n’ai plus d’autre étoile
Que le sel de l’instant.

Je m’apprête à céder
Sur ce que j’ai conquis.

Je laisse qui me précède
Effacer le chemin.




.

samedi 11 octobre 2008









Il y a en toi
Beaucoup plus juste
Que la règle que tu t’ériges !

S’ouvre en toi
Un espace plus vaste
Que le miroir que tu te tends !

C’est un amour têtu,
Silencieux,
Impassible,

Un don gratuit
Qui te devance
Et ne se reprend pas.





.

vendredi 10 octobre 2008









Comment se fait-il que la musique
Se soit mise peu à peu
A te ressembler ?

En quelles entrailles
Bat son cœur secret ?

En quelles profondeurs
L’impensable harmonie ?

Toi que les tempêtes habitent !
Toi dont le chaos s’ordonne !





.

jeudi 9 octobre 2008









Depuis que tu t’appliques
Avec lenteur
Tu laisses au mot tout le temps
D’éprouver sa forme,
D’épouser ton geste.

Il peut bien parcourir en sifflotant
Chaque racine, chaque branche,
Chaque feuille,

Tu lui laisses trouver seul
Sa place juste
Au sanctuaire de tes silences.





.

mercredi 8 octobre 2008









Cette danse imprévisible de la vie,
Cette grande métamorphose des formes
Tandis que tu dénoues les chrysalides,
Cherchant, toujours plus près,
La folie même du vent :

Par détachements successifs,
Par effacements rapprochés.

Eteignant toute assurance vaine
Pour ne laisser bientôt flotter dans l’air
Qu’une flamme intangible
N’éclairant que le cœur,

Ce voyant immobile.





.

mardi 7 octobre 2008









Toi qui mendies chaque jour quelques mots
Comme les miettes d’un pain très sûr
Que l’on signait autrefois,

Que sais-tu de la parole qui rend ivre,
Te souviens-tu du chant ?





.

lundi 6 octobre 2008









Parfois l’arbre se tait pour longtemps,
Nul ne peut l’embrasser d’un seul regard.

Il semble chercher plus haut
Quelque chose qu’il aurait perdu.

Il n’étend plus ses branches
Que pour mieux assurer
L’élan qui le construit.

Il ancre toutes ses forces dans la terre.
Il a partie liée avec le soleil.





.

dimanche 5 octobre 2008




Tu traverses ma vie comme un feu de forêt.

Christian Bobin




A mesure que tu t’enfonces dans ma vie
Comme un astre blessé,
J’apprends à regarder le monde
Avec tes yeux de nouveau-né
Que la lumière déchire.

Tu n’as pas cédé sur le signe,
Tu n’as pas recouvert les dates,
Chaque jour est un jour neuf !

J’écoute le silence
Frapper au carillon des heures.

Rien ne me parle
Comme cette trace indicible
Autour de laquelle toute ma vie s’ordonne.




.

samedi 4 octobre 2008









Le Poème dont tu te réclames
Est à venir,

C’est lui que tu guettes
Sous la tonnelle des mots,

Son chant reste à écrire
Dans une langue inconnue de tous.

Seul le vent caressant la nuit
L’oreille adoucie des chevaux
S’approche peut-être de son silence,

Ou bien, vague bienfaisante,
La sève le l’arbre
Abritée de tous regards
Par l’écorce immobile.





.

vendredi 3 octobre 2008









A mesure que tu ralentis
Le rythme de ta vie
Tu perçois beaucoup mieux
La perspective d’ensemble

Depuis que tu apprends le geste lent,
Le mouvement immobile,
Le silence gagne en toi du terrain.

Tu observes cette marée vivante
Dont tu fais partie.

Même l’inutile tu le conquiers sans force,
Sans brutalité.

Tu l’absorbes comme nourriture
Dans la substance même
De ton chant.





.

jeudi 2 octobre 2008









A quel carrefour de ta vie
As-tu reconnu l’humble visage
Qui te regardait ?

Juste au bord de cette énigme
Dont l’abîme t’est voilé,

Comme pour prononcer
A voix très basse,
Au milieu des arbres,
Le secret qui te concernait.





.

mercredi 1 octobre 2008









Lorsque tu comprendras
En quel mystère se donnait ta vie,
En quelle main secourable,

Tu confesseras la nuit
Qu’il te fallut traverser
Et la peur immobile.

Tu laisseras le vent
T’emporter dans sa sève,

Et la parole libre
Forte comme un matin.





.
[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]