Traduire

mardi 30 juin 2009








Un homme viendra de la mer, il dira les mots médecins, puis il cherchera son étoile et il regardera vers l'Ouest. Sa route sera rude et longue. Qu'il écoute la voix des herbes, celle des arbres, des cailloux, et qu'il apprenne leur langage. Qu'il n'oublie pas de saluer les montagnes, les forêts, les rivières avant que son
pied ne se pose sur elles. Qu'il fasse selon son coeur. Qu'importe qu'il ignore tout de nos chants et de nos prières, la vie entend partout la vie. Qu'il parle aux Esprits de la terre avec respect, et dis-lui bien : ils ne sont ni bons ni mauvais. Le feu réchauffe autant qu'il brûle, et l'eau abreuve autant qu'elle noie. Que l'homme de la mer, quand il vous quittera, n'oublie jamais cela, et qu'il donne aux choses vivantes son amitié d'être vivant, afin qu'elles lui soient favorables.




Henri Gougaud











Il habitait une maison du bout du monde
Une terre possédée par les oiseaux de mer
On l'aurait dit héritier de leur race

Il se méfiait des rites
prenait garde à toute entrave
à son amour
se fiait à la parole de ses amis
Dieu est au-delà de Dieu

Si par mégarde
l'ordre s'emparait de sa vie
il cherchait aussitôt la lucarne
pour regagner le jour

La force qui lui manquait
c'est en y renonçant
qu'il l'éprouvait





.


lundi 29 juin 2009









Si la prière est en toi à bout de souffle,
C’est que tu n’as pas encore commencé
A respirer.

Le tombeau est vide :
A chacun de prendre son bâton,
De marcher vers l’auberge
Où Le reconnaître.

Partout où tu iras,
Laisse-toi chanter !







.

dimanche 28 juin 2009









Ce que tu ne peux nommer
Tu le devines du bout des doigts,

Comme une pierre roulée, un linceul replié,
Un chant à peine audible,

Juste à l’instant
Où le matin s’impose,

Vite,
Porter la nouvelle !

Il nous précède
Comme il l’a promis !









Rachi a dit quelque chose de très beau sur cette séquence du buisson dans l'Exode : " Un ange du Seigneur lui apparut dans une flamme de feu au milieu du buisson. Au milieu du buisson - et non pas un autre arbre plus élevé, conformément au Psaume 1, " Je suis avec lui dans la détresse, dans l'humiliation". Dieu a choisi le buisson, le moins élevé de tous les arbres, comme lieu de sa révélation, montrant par là qu'il était avec les Hébreux dans leur état d'humiliation."


Valère Novarina, L'Envers de l'esprit





.

samedi 27 juin 2009










Regarde au-delà des gestes
L'arbre immobile
Qui prie pour toi
Dans le silence

Dans cet arbre que tu vois là
Il y a plus que ce que tu vois,

Il y a son passé, son avenir
Et quelque chose qu'en lui tu pressens

De ton passé, de ton avenir,
Tout cela qui vous est commun -

A travers le temps.



GUILLEVIC





.

vendredi 26 juin 2009









Il est en toi des forces
Que tu n’as pas fini d’apprivoiser

Des puissances souterraines
Des résistances sourdes
Des fièvres qui te font craquer

Certaines pourraient t’anéantir
La seule dont tu n’aies jamais désespéré

Est celle qui te dresse
Vers la lumière inconnue
Pour laquelle tu es fait







.

jeudi 25 juin 2009









L’as-tu enfin trouvé
L’arbre mystérieux que tu cherches

Celui qui donne un fruit
Que la mort n’atteint pas

Un jour il fut planté
Parmi les oliviers
Dans le cœur de tout homme

Là-même où il avait germé







.

mercredi 24 juin 2009









Transformer le terreux,
L’obscur, le nocturne,

C’est à cela que tu t’emploies,
Par tout temps, jour et nuit,
Dans le feu des saisons.

Tu n’as pas trop de tout l’espace,
Du ciel, de l’horizon,
Ni mêmes des marées de la terre,

Pour faire germer en toi
Le sel de la lumière.







.

mardi 23 juin 2009









Les amis lointains
Sont forces les plus sûres ;

L’absence n’a qu’un remède :
Dans la nuit se laisser aimer !

Qui saura l’abondance de fruits
De ces noces égarées,

La fécondité d’un amour
Qui n’aura cessé d’espérer ?







.

lundi 22 juin 2009









C'était cela
le miracle de sa voix

Cette cicatrice
jamais refermée
transparente au mystère







.

dimanche 21 juin 2009









Il cherchait toujours des mots
plus simples
des mots qui donnent à voir
les couleurs justes

Des notes sans ombre
un soleil fort
pour murmurer le chiffre de la nuit

Et cela sans doute suffisait-il
à réveiller les morts







.

samedi 20 juin 2009









Son visage était dans sa voix
qui avait l'aisance d'une étrave

Son souffle n'était tenu
que par le vent qui l'écoutait

Il lui fallait sans arrêt
sur la ligne des crêtes
tenir à deux mains
le balancier des jours

N'omettre surtout
jamais de marcher







.

vendredi 19 juin 2009










Tu as tout récolté dans le monde

Des fruits, de la douleur, de la lumière insoupçonnée

Et ce qui s'ouvre sans mesure
Comme des branches transparentes
C'est une immensité promise à nous

Depuis que le semeur est sorti pour semer


Marc Baron







Où marchais-tu
avant ton immersion
dans le fleuve de la parole

En quelle terre
poussait l'olivier

Les clématites
éclaboussaient-elles le ciel
devant ta porte

Et la colombe savait-elle rire
cachée en tes palmiers







.

jeudi 18 juin 2009












21 JUILLET 1973


Le mur n'a pas bougé
Mais qui l'a couronné de fleurs

La route principale a été détournée
Mais on y entretient toujours la borne zéro
Voie de la liberté

Les arbres
C'est en moi qu'ils ont grandi
Je crois bien qu'ils voient désormais l'horizon

Et la porte
L'échappée sûre qui manqua ce jour-là

Peut-être s'ouvre-t-elle aussi sur le ciel
Quelquefois






.

mercredi 17 juin 2009


St-Malo, Le Puy Sauvage





LES EBLOUIS


à Charles Juliet


Il y avait un mur là-bas,
En nous peut-être, comment savoir ?

Oui, c’était en nous,
Un mur d’enfance comme une blessure

C’est le ciel qui nous a soulevés
Par amour peut-être, comment savoir ?

Alors, plus haut que notre cœur
Et par-dessus le mur

Là-bas

C’était la gloire




Marc Baron







.

mardi 16 juin 2009









Quand nous allons plus haut que nous
Vers tout le silence qui tremble

Le jour a le poids d'une image

Nous vivons loin de nids
L'espoir est notre seul envol


Marc Baron









.

lundi 15 juin 2009









J’aime
Que le dessin le plus simple
Soit aussi le plus juste
Le plus accompli

N’inverse pas ton jour
Ajuste tes couleurs

Comprends l’ivresse du palmier







.

samedi 13 juin 2009










LE TILLEUL

Nous l’avons planté
De nos mains

Maintenant nous renversons
La tête
Et déchiffrons sur lui
Ce que tout au plus
Il nous reste de temps

Comme s’il avait un pressentiment, il emplit
Pour nous le ciel de
fleurs


Reiner Kunze







Il y eut dans ta vie
Quelques visages clairs
Quelques regards silencieux

Il y eut dans ta vie
Quelques joies patientes

Quelques promesses
Si peu tenues
Et qui cependant te portaient







.

vendredi 12 juin 2009









Les trains se succédaient
Sur les réseaux du ciel.

La Bretagne se laissait traverser
D’un trait,
Sans rien dire.

Nous étions passagers
De nos silences,
L’un cherchant sans fin la mer
Et l’autre le soleil
Qui s’y était perdu.







.

jeudi 11 juin 2009









L’arbre aux silences
Qui peut dire
Ce qu’il deviendra


Si comme lui
Plutôt que de chercher toujours
Comme en aveugles


Nous acceptions
De nous laisser trouver







.

mercredi 10 juin 2009









Le bien le plus précieux
Que nous laisserons
Derrière nous

Est cette terre en gestation
Avec ses fleurs, ses arbres

Et ses milliards d’êtres vivants
Qui ne cherchent qu’à célébrer

Pourvu que nous ayons su
Nous joindre à leurs voix








.

mardi 9 juin 2009









Des jours s’inventeraient
Dans le matin des arbres

Nulle joie n’y serait confisquée

Le chant secret
Serait sur toutes les lèvres

Chacun serait compagnon
Pour lui-même

Digne de l’étincelle de vie
Qu’il transmettrait



Ce n’est qu’à force de simplicité
Et de transparence
Que je parviens à aborder
Mes secrets essentiels
Et à décanter ma poésie profonde.

Tendre à ce que le surnaturel
Devienne naturel
Et coule de source
(Ou en ait l’air).

Faire en sorte que l’ineffable
Nous devienne familier
Tout en gardant ses racines fabuleuses.

Jules Supervielle











.

lundi 8 juin 2009








Marcher à l’étoile
Notre devise est là
Gravée sur le front des nuits

Le seuil annonce
La lampe qui veille

Nous reconnaissons
La branche faîtière

Les oiseaux franchissent
Avec nous la porte

Ils devancent
Le chant intérieur







.

dimanche 7 juin 2009









C’est un peu de nous-mêmes
Qui s’est abîmé en mer

Un peu de notre humaine détresse
De notre calme pauvreté

La planète engloutit la trace
De ce qui fut nos rêves
Et nos larmes rentrées

Mais demeure le Souffle
De notre silence aimant

S'efforçant de porter plus haut
Le vol interrompu









Hélas, nous calculons les années... Mais tout ce qui nous arrive est comme un seul et même morceau dans lequel une parenté existe entre chaque partie, chacune est née, a grandi et a fait son propre chemin ; nous n'avons au fond qu'à être présent tout simplement, avec intensité - tout comme la terre est présente - en ne faisant qu'un avec les saisons, le jour comme la nuit dans l'espace, sans chercher de
repos en quoique ce soit d'autre que ce réseau d'influences et de force, là où les étoiles se sentent protégées.


Rainer Maria Rilke

cité par Etty Hillesum dans son journal le 1er juillet 1942





.

samedi 6 juin 2009







L'Aimé, c'est pour moi les montagnes,
Les vallons boisés, solitaires,
Toutes les îles étrangères
Et les fleuves retentissants,
C'est le doux murmure des brises
caressantes.


Il est pour moi la nuit tranquille,
Semblable au lever de l'aurore,
La mélodie silencieuse
et la solitude sonore...


Jean de la Croix







Et si l’Aimé était venu frapper
Un jour à notre porte

Et que nous ayons omis
De le laisser entrer

Serions-nous consolés d’apprendre
Qu’il était devenu cet arbre
Passager clandestin

Balayant les carreaux de l’âme
Patientant dans le feu des saisons

Ouvrant une à une
Les floraisons du coeur







.

vendredi 5 juin 2009









Ce chemin tracé sans éclat
A la fine pointe de la joie

Cette lame de la parole
Si prompte à pénétrer

Pourvu que tu sois
Sans armure




Demain
Le ciel m’est témoin

Le silence
Ne nous laissera pas seuls







.

mercredi 3 juin 2009









Chaque matin hisse les étamines
Du silence

Et confie au vent l'âme légère







.

mardi 2 juin 2009









Entends l'appel
aussi profond que le vert
des feuillages


Reçois tes ailes
mon âme


Où que tu ailles
revêts la chair de l'invisible



Gilles Baudry







.
[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]