.

Une maison

Aussi solide que la lumière.

Jean Mambrino

.

.

Entre l'appel et l'appelé

L'intimité de la distance.

Jean Mambrino

.

.

Le vrai chemin

Déroute

Jean Mambrino

.

.

Toutes les feuilles

Ont ouvert leurs mains.

Jean Mambrino

.

.

LE MOT DE PASSE

Les visages qui s'aiment

Se communiquent leur silence.

Jean Mambrino

.

.

Le poème

Nous met au monde.

GUILLEVIC

.

.

Le poème est là

Où celui qui s'y love

En arrive presque

A toucher l'espace.

GUILLEVIC

.

.

L'arbre

S'enracine dans la terre.

Le poème s'enracine

Dans ce qu'il devient.

GUILLEVIC

.

.

Sur l'air,

Comme on fait sur une ardoise,

Ecrire des mots

Arrachés aux alentours.

GUILLEVIC

.

.

Quand un poème t'arrive

Tu ne sais d'où ni pourquoi,

C'est comme si un oiseau

Venait se poser dans ta main,

Et tu te penches,

Tu te réchauffes à son corps.

On peut aussi partir

A la recherche de l'oiseau.

GUILLEVIC

.

.

Chaque poème

A sa dose d'ombre,

De refus.

Pourtant, le poème

Est tourné vers l'ouvert

Et sous l'ombre qu'il occupe

Un soleil perce et rayonne.

Un soleil qui règne.

GUILLEVIC

.

.

Dans le poème

On peut lire

Le monde comme il apparaît

Au premier regard.

GUILLEVIC

.

.

Comme certaines musiques

Le poème fait chanter le silence,

Amène jusqu'à toucher

Un autre silence,

Encore plus silence.

GUILLEVIC

.

.

A ras de terre

Chanter mon solo

Comme le pissenlit

Que je voudrais être

Au fond du jardin.

GUILLEVIC

.

.

Ce que je crois ne pas savoir

Ce que je n'ai pas en mémoire,

C'est le plus souvent

Ce que j'écris dans mes poèmes.

GUILLEVIC

.

.

Il te faut de la pauvreté

Dans ton domaine.

C'est comme ce besoin qu'on peut avoir

D'un mur blanchi à la chaux.

Ta chambre intérieure

Est un lieu de pauvreté.

GUILLEVIC

.

.

J'ai l'habitude

De me considérer

Comme vivant avec les racines,

Principalement celles des chênes.

Comme elles

Je creuse dans le noir

Et j'en ramène de quoi

Offrir du travail

A la lumière.

GUILLEVIC

.

.

Enchanter d'autres que toi

Peut les aider

A s'y mettre

Pour changer le monde

Dans le sens

Que dit le chant

Vers la hauteur qu'il annonce,

Vers l'horizon qu'il montre,

Un horizon

Au plus fort de la possession

De lui-même par lui.

GUILLEVIC

.

.

Si j'écris, c'est disons

Pour ouvrir une porte.

Le plus curieux :

J'ignore

A quel moment se fait

Cette ouverture.

GUILLEVIC

.

.

ART POETIQUE

Si je n'écris pas ce matin

Je n'en saurai pas davantage,

Je ne saurai rien de ce que je peux être.

GUILLEVIC

.

.

Plus de tenailles

Plus d'ombres noires

Plus de craintes

Il n'y en a plus trace

Il n'y a plus à en avoir

Où était peine, est ouate

Où était éparpillement, est soudure

Où était infection, est sang nouveau

Où étaient les verrous est l'océan ouvert

L'océan porteur et la plénitude de toi

Intacte, comme un oeuf d'ivoire.

J'ai lavé le visage de ton avenir.

Henri Michaux

.

.

Equipage de renfort

En mystère et en ligne profonde

Comme un sillage sous-marin

Comme un chant grave

Je viens

Ce chant te prend

Ce chant te soulève

Ce chant est animé de beaucoup de ruisseaux

Ce chant est nourri par un Niagara calmé

Ce chant est tout entier pour toi

Henri Michaux

.

.

Au nom du nombre le plus élevé, je t'aide

Comme une fumerolle

S'envole tout le pesant de dessus tes épaules accablées

Les têtes méchantes d'autour de toi

Observatrices vipérines des misères des faibles

Ne te voient plus

Ne sont plus

Henri Michaux

.

.

La paix des voûtes

La paix des prairies refleurissantes

La paix rentre en toi

Henri Michaux

.

.

AGIR, JE VIENS

Tes pensées d'élan sont soutenues

Tes pensées d'échec sont affaiblies

J'ai ma force dans ton corps, insinuée

... et ton visage perdant ses rides, est rafraîchi

La maladie ne trouve plus son trajet en toi

La fièvre t'abandonne

Henri Michaux

.

.

Afflux

Afflux en palmes 

Sur le cercle des images de l'apeurée

Afflux sur les neiges de sa pâleur

Afflux sur son âtre... et le feu s'y ranime

Henri Michaux

.

.

Je t'apaise

Je fais des nappes de paix en toi

Je fais du bien à l'enfant de ton rêve

Henri Michaux

.

.

Ficelles déliées, tes difficultés tombent

Le cauchemar d'où tu revins hagarde n'est plus

Je t'épaule

Tu poses avec moi

Le pied sur le premier degré de l'escalier sans fin

Qui te porte

Qui te monte

Qui t'accomplit.

Henri Michaux

.

.

Chants pour guérir

Poussant la porte en toi, je suis entré

Agir, je viens

Je suis là

Je te soutiens

Tu n'es plus à l'abandon

Tu n'es plus en difficulté

Henri Michaux

.