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dimanche 30 octobre 2016



                Photo by C. Huynh Cong Nghia




Ils ont ouvert le livre
Comme on découvre un champ de mines.
Ils ont dégoupillé les versets de la peur.
Ils ont défiguré le secret,
Couvert le nom divin de leurs cris de victoire.
Ils se sont faits juges pour liquider le pauvre
En tout homme comme en eux-mêmes,
Et jusqu'en Celui qu'ils disaient honorer.
Ils ont fait flamber la revanche de Dieu,
Ils ont cru son heure arrivée.
Ils ont oublié la femme et l'homme
Et l’enfant,
Et le souffle qui parcourait les mondes,
Et toute la beauté.
Ils ont rempli de puissance le vide de leur âme
Couvert de sang leurs mains,
Cerné la terre de désolation.
Ils ont cru ceux qui les avaient trompés,
Ils ont éliminé toutes traces de leurs mensonges.
Ils ont détruits leurs sources                         
Et toutes voies qui les confondraient.
Ils s'en sont pris au plus sacré en eux
Comme au plus vulnérable qu'ils haïssaient.
Ils ont fait de leur religion un enfer,
Méprisant toute autre croyance
Et défigurant la voix de leurs prophètes.
Ils se sont rendus inaudibles
A force de vouloir être purs.
Ils ont fait de leur Dieu ce monstre redoutable
Confondant la vie et la mort :
Ils ont choisi le chemin contraire,
Préférant leur propre loi à celle gravée dans leur cœur.
Ils ont rouvert la porte des désastres,
Ignorant que leur violence était déjà vaincue
En chaque victime innocente,
En chaque amour brisé.
Ils ont fait place ainsi en tout homme
Au Pauvre venu s’y révéler.
Ils n’ont assassiné que leurs croyances.
Ils n’ont fait que rendre plus précieuse encore
La Vie même qu’ils ont refusée !


Jean Lavoué

lundi 24 octobre 2016

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           Australia Photo  C. @lisahill555





Serons-nous les matinaux
Portant sur nos épaules
Nos frères que la nuit
Couvre de son linceul  

Serons-nous du même arbre qu’eux
Nous secourant les uns les autres
Faisant de nos fardeaux
Des fruits de grand soleil 

A la crête du vivant
Les hisserons-nous avec nous
Sur les vagues du matin
Jusqu'aux branches de la lumière

De leurs peurs les allégerons-nous  
Arc-boutés aux grèves obscures
Saurons-nous les élever
Vers l'estuaire de leur exil

Pour eux serons-nous refuges
Abris qu'ils n’attendaient plus
Mains que leurs mains espéraient
Pont lancé à l'orient de leurs vies ? 


Jean Lavoué









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vendredi 21 octobre 2016

             Baobabs Madagasgar Photo by © @aylakilsu





Seul un dieu qui n'aurait plus besoin d'armes
Ni de croyances absolues
Ni de rites au goût d'ennui
Ni de femmes écartées
Ni de vies anéanties
Ni d'antiques religions
Ni même de prières
Un dieu qui n’excommunierait pas les autres dieux
Mais qui inviterait chaque être
À rejoindre l'unique en soi
Par le tronc de ses émerveillements
De ses silences accordés
De ses poèmes offerts à tous
De ses enfances retrouvées

Seul un dieu qui ne serait que racines
Confiées aux forces de la terre
Puissance humble de fraternité
Et d'élans aux frontières
Seul un dieu des forêts
Des étangs des vallées
Des arches salutaires

Seul un dieu des ciels et des déserts
Des astres des océans
Des fleuves des continents
Seul un dieu des oiseaux                       
Un dieu mêlé à notre souffle
Agenouillé en nos étreintes
Échappant à toutes nos prises
Mais appelant de toutes ses forces nos caresses

Seul un dieu sans jugement
Un dieu d’absence ardente
Un dieu d’enlacement et de présence
Un prince en pauvreté
Épousant  la paume dénudée de nos mains
Pourrait encore nous sauver.


Jean Lavoué




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mardi 18 octobre 2016

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Se tenir en ce rien
Et n'y pas succomber
Mais trouver là passage
Vers le royaume secret

Comment se pourrait-il
Sans goûter au silence
Que la nuit s’y féconde
Que l'aube y soit complice

Si un jour sans appui
Tu ne crains plus ce vide
Peut-être y verras-tu
Des signes inédits

Peut-être des miracles
Où de simples aveux
Des chemins qui t'enfantent
Des matins inconnus

Peut-être cet espace
Que tu redoutais tant
Peut-être cette demeure
Que tu n'attendais plus.



Jean Lavoué















samedi 15 octobre 2016

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Tout reprendre à neuf en ce matin de défaite
Qui s’annonce pourtant triomphant
Se disposer à entendre pour la première fois
S’élever le chant du monde
Ne plus faire qu'un avec l'automne
En sa mue éblouissante

Laisser aller toute prétention sommaire
De s'identifier encore avec cela qui cherche à demeurer
Toute tentation de retenir
L'ardente vie passagère

Consentir à son agonie
A ce vide en elle qui appelle
A ce renoncement nécessaire
A l’insouciante lumière

Puis quitter la feuille pour la branche
La branche pour le tronc
Le tronc pour la racine
Ne plus faire qu'un avec l'arbre nu
Avec le vent avec la terre avec la sève

Laisser enfin l'hiver décider seul
De la nuit des couleurs
Mais aussi de sa propre nuit
Et des prochains bourgeons
Et du prochain été.


Jean Lavoué












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jeudi 13 octobre 2016


« C'est bien toi

Je ne t'ai jamais vu et je te reconnais
Tu es celui que j'attendais

Prends la lampe

Appuie-toi sur mon bras

Il n'y a pas de rampe

Monte encore plus haut

Tu sais

On n'est jamais trop près du ciel »

René Guy Cadou in Morte saison -1940




Le chant d’un prince en poésie !


Ah ! Les amis, faites-vous plaisir !
Faites-vous ce cadeau royal :
Offrez vous d’écouter le chant tout à l’humaine de ce petit prince de la poésie,
René Guy Cadou,
Porté par les ailes de Bach
Et la voix de l’ami Philippe Forcioli…
Tout est beau dans ce coffret !
Quelle merveille !!!





Plus d'une quarantaine de poèmes dits ou mis en musique par Philippe Forcioli, extraits de Poésie la vie entière chez Seghers. Chansons arrangées par Philippe Soulié. Poèmes illustrés de pièces de J.S. Bach avec Clara Saussac au piano Stenway s'il vous plaît ! C’est un triple CD ! (2 Cadou + 1 J-S Bach ) 


L’œuvre est disponible. Jusqu’au 31 décembre 2016, elle reste au prix de la souscription + une surprise ! 1 coffret = 25€ 2 coffrets = 40€ 3 coffrets = 50€ 5 coffrets = 70€ 10 coffrets = 110€ Frais de port compris, chèque à : P. Forcioli CCP 407032R MARSEILLE ) Adresser la demande à : P. Forcioli, Mas Bel Air, Route de Sylveréal 30800 Saint Gilles Pour tous renseignements : forciolichante@gmail.com - 06 03 48 85 55


« Voilà bientôt plus de trente ans que ce projet vivait dans un coin de ma tête, un coin de mon cœur et un gros classeur bleu dans mes affaires. Voici venue pour moi l'heure de rendre hommage à ce petit prince de la poésie, à ce compagnon fidèle des bons et mauvais jours, à ce merveilleux trouvère de la « langue bleue », René Guy Cadou, né en 1920 à Sainte Reine de Bretagne et mort à Louisfert, tout juste âgé de 31 ans. » Philippe Forcioli
[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]