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lundi 12 février 2024

 





Chacun de nous 
Retiré dans sa nuit
Relit le monde
Avec des yeux de premier jour. 

Nous aurons tant erré
Dans la froideur des choses
Avant de retrouver l'élan,
Les matins dont nous sommes. 

Il faut écrire,
Peindre créer,
Jouer sa partition,
Pour nous sentir reliés
Par un futur désirable. 

Tandis que certains succombent,
Nous devons porter en nous le poème
Qui emplissait leur cœur. 

Nous nous ferons les uns aux autres
Le cadeau
De nos silences audacieux. 

Nous nous connaîtrons vulnérables
Sans témérité et solidaires
Avec la vie de tous. 

Nous serons tendres
Avec chaque étoile qui scintille,
Chaque flamme qui tremble,
chaque battement d'aile. 

Il y aura demain,
Des saluts sans façons,
Des célébrations pour rien,
Des retrouvailles pour la joie. 

Mais restera gravée
La certitude
Qu'il n'est pas besoin de grand-chose
Pour habiter Le Chant. 

Jean Lavoué, 11 février 2021
Photo StepanFoto/Pixabay






mardi 6 février 2024

 






Bonjour à toutes et à tous. Petites nouvelles sur le front de l’AVC. Je suis sorti de l’hôpital vendredi après-midi. J’y retourne dans quelques jours pour me faire poser un pacemaker et réguler le rythme cardiaque. Mon amylose progresse mais le cœur tient bon. Une semaine pour entreprendre séances d’orthophonie, de kinésithérapie, de biofeedack… 

La poésie n’est pas loin : j’ai commencé à rassembler les poèmes d’un recueil que j’intitulerai « L’obscur et la grâce ». Je dois travailler aussi à la composition d’un livre consacré à la biographie de mon ami Jean-Pierre Boulic par l’écrivain Alain-Gabriel Monot et la photographe Aïcha Dupoy de Guitare. J’attends enfin, début mars, avec joie, la parution d’un essai sur ma poésie par Olivier Risser : « La sève et le ruisseau », aux éditions « À l’ombre des mots ».

Photo Pixabay/danfador












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samedi 27 janvier 2024

 







Je vais me faire plus rare.

J'ai été victime d'un avc lundi soir.

Je garde au coeur la poésie.

Je vais essayer de rassembler des textes.

Je vous emporte dans mon coeur.  

      

Jean Lavoué









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lundi 22 janvier 2024

 

Poème des heures vulnérables
Qui chaque année prend une nouvelle intensité 
Dans l’abandon des sécurités
La grâce du silence 
La confiance légère de l’oiseau 
La joie féconde des amis 
L’acceptation de la blessure
Le rappel du sablier inexorable 
Et la persistance du chant 

JL 22/01/24







Si le silence t’échappe,
Echappe-toi avec lui !
Suis le premier oiseau,
Ecoute bien son chant :
Comme il résonne en toi
D’un amour infini.

Si le froid t’engourdit
Chausse-toi de courage,
Mets tes pas dans la neige
Suis des chemins de gel,
Eprouve leur douceur
Apprivoise leurs cris.

Quand le jour t’appauvrit,
Quand la nuit te précède,
Que tu ne sais plus l’heure
Ni l’instant de ta perte,
Pose là tes désirs
Tes armes et tes combats.
Sors des ombres têtues,
Prends la voie souveraine
Qui n’a pour seules lumières
Que d’épouser tes pas.

Si ton cœur te fait mal
Si ton corps te malmène,
Si ta vie est pour toi
Un supplice, une croix,
Ecoute murmurer
La sève de tes veines :
Sois le sang des racines,
L’effleurement de l’aile,
L’adagio des nuages,  
La vibration de l’air.

Si tu te sens très seul
Si l’hiver est en toi
Comme un puits déserté,
Une branche si nue,
Un matin sans soleil,
Frôle la dure écorce,
Devine son enfance,
Sois pour elle saison
Bruissante de bourgeons.

Ne retiens rien pour toi,
Laisse faire le silence
Et il te le rendra
Au plus près de ta joie.

Jean Lavoué, 22 janvier 2017 
www.enfancedesarbres.com

Photo partagée par Amy Chang et Marie Benoit 
李显波绘画 Chinese ink painting by Li Xian Bo








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dimanche 21 janvier 2024

 

Quand le silence s’accorde
À la trame du chant 
Dont ta vie est le fil joyeux
Courant sur la toile des heures

JL 21/01/24




Adossé au silence,
Tu pousses les vantaux
De l’épais bavardage
Qui encombrait ta vie.

Tu n’es plus seul alors,
Le vent s’est endormi,
Dans le creux de tes mains,
Les arbres sont complices.

La parole se noue
Aux ramures de ta voix,
Tu as juste à saisir
L’instant qui te dit Oui.

Jean Lavoué, 17 janvier 2019
Photo JL











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samedi 20 janvier 2024

 

Ce poème écrit
Le jour de la mort de Morice Benin
Remet en lumière
Le petit pauvre des marais
Qu’il chanta admirablement
René Guy Cadou
Ainsi que son amour transparent
Pour Hélène…

JL 20/01/24






À force de fréquenter ces pauvres
Qui n'ont pas de certitudes 

Mais qui croient
À la signature des oiseaux, 

Tu en viendrais toi aussi
À aimer l'Inconnu. 

*

Comme eux tu cherches à habiter
Le lieu du Poème 

Où il ne sont plus le centre
Mais cette parole qui les déroute. 

*

Ils fréquentent
Des mots simples 

Où vibre encore
Le parfum des choses : 

Avec eux 
L'arbre se donne,

L'armoire luit
Sous la paume des ancêtres, 

Les rosiers
Épousent la pierre, 

Et la maison abrite avant tout
La table des amis. 

*

C'est une fraternité
Traversée 

De silences
Et d'éclats 

Où la blessure
Illumine. 

*

Mais quel est ce soleil
Qui s'échappe de leur chant ? 

Jean Lavoué, 19 janvier 2021 
Photos Jackie Fourmiès










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vendredi 19 janvier 2024

 





Revenir aux berges lumineuses
Charriant les eaux du fleuve
Et les brumes de l’hiver
Vers la haute mer

Retrouver souffle
En cette terre des profondeurs
D’où partout les sources affleurent 

Tant de mots ont usé
Notre capacité de voir
Tandis que partout la lumière
Se fie à l’invisible 

Chaque visage
Chaque plongée d’oiseau dans les vagues
Tout arbre toute écorce certifient
La splendeur dont nous sommes tissés

Tant de preuves d’amour
Données à profusion
Et nous chercherions encore
À mettre la main sur elles ! 

Dans la demeure
Où l’âme du monde a fait son nid
La table est toujours ouverte
Et le banquet n’aura pas de fin

Il nous suffit de poser l’oreille
Sur l’établi du ciel pour entendre 
L’habile charpentier ajuster une à une
Les estampes frémissantes de la joie 

Jean Lavoué, Le Blavet, 18 janvier 2024 
Photos JL 18/01/24
www.enfancedesarbres.com 











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jeudi 18 janvier 2024

 





« Nous sommes sans arrêt confrontés à des séparations. 
La vie a une main qui plonge dans notre corps, 
se saisit du cœur et l’enlève. 
Pas une fois, mais de nombreuses fois. 
En échange, la vie nous donne de l’or.
Seulement, nous payons cet or 
à un prix fou puisque nous en avons, à chaque fois, 
le cœur arraché vivant…
Chaque séparation nous donne une vue 
de plus en plus ample et éblouie de la vie. 
Les arrachements nous lavent. 
Tout se passe, dans cette vie, 
comme s’il nous fallait avaler l’océan. 
Comme si périodiquement nous étions remis à neuf 
par ce qui nous rappelle de ne pas nous installer, 
de ne pas nous habituer. 
La vie a deux visages : 
un émerveillant et un terrible. 
Quand vous avez vu le visage terrible, 
le visage émerveillant se tourne vers vous 
comme un soleil.
Il reste d’une personne aimée une matière très subtile, 
immatérielle qu’on nommait avant, faute de mieux, sa présence. 
Une note unique dont vous ne retrouverez jamais l’équivalent dans le monde. 
Une note cristalline, quelque chose qui vous donnait de la joie à penser à cette personne, 
à la voir venir vers vous. 
Comme la pépite d’or trouvée au fond du tamis, 
ce qui reste d’une personne est éclatant. 
Inaltérable désormais. 
Alors qu’avant votre vue
pouvait s’obscurcir pour des tas de raisons, 
toujours mauvaises (hostilités, rancœurs, etc.), 
là, vous reconnaissez le plus profond et le meilleur de la personne. 
Toutes ces choses impondérables qui rôdent 
dans l’éclat d’un regard, 
passent par un rire, par des gestes, 
qui faisaient que la personne était unique, 
reviennent à vous par la pensée.
Mon père, mort il y a maintenant treize ans, 
n’arrête pas de grandir, de prendre
de plus en plus de place dans ma vie. 
Cette croissance des gens après leur mort est très étrange. 
Comme si la vie ne finissait pas, comme si elle était un livre 
dont aucun lecteur ne pourra jamais dire : 
« Ça y est, je l’ai lu. » 
La vision de mon père change avec le temps, 
tout comme moi-même je change.
Ceux qui ont disparu mêlent leur visage au nôtre. 
Nous sommes étroitement liés, souterrainement, dans une métamorphose incessante. 
C’est pourquoi il est impossible de définir aussi bien la vie que la mort. On ne peut que parler d’une sorte de flux 
qui sans arrêt se transforme, 
s’assombrit puis s’éclaire de façon toujours surprenante. 
La mort a beaucoup de vertus, notamment celle du réveil. 
Elle nous ramène à l’essentiel, 
vers ce à quoi nous tenons vraiment. »

Entretien avec Christian Bobin
extrait du numéro spécial de La Vie : "Vivre le deuil"
Photo Pixabay


















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mercredi 17 janvier 2024

 






Pour ancrer ce jour dans la joie
Enracine-le aux sources de l’espérance

Laisse le souffle éclore  
Jusqu’au bout de tes branches
Irriguer le moindre morceau de ciel
La moindre écorce
La moindre brindille 

Sois de cette terre
Le fleurissement du cœur
Le poème en partance 
Le printemps attendu

Soleil que l’arbre absorbe
De toutes ses racines

C’est dans le corps
Que l’âme reverdit.

Jean Lavoué, 16 janvier 2023
Photo Pixabay/miroslavkaklic


















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mardi 16 janvier 2024

 






La musique
Nous la portons en nous
Comme un secret 

Elle fait le fond de la mélodie
De ce monde merveilleux et tragique 
Dans lequel nous sommes immergés

Son incantation secrète 
Sa note unique
Son cœur incandescent

Et nous pressentons
À chaque instant 
Qu’elle nous convie 
À un banquet d’amour
Dont nous sommes les pèlerins 
À jamais consolés  

JL 16/01/24
Photo JL Arradon 7/01/24









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lundi 15 janvier 2024

 




Revenir à la source de l’univers
Dont le cœur palpite en nous

S’en remettre à plus grand que soi
Révélé par le moindre bourgeon 
Le plus léger pétale de fleur 
Le moindre éclat de la lumière  

Le visage 
Du premier passant venu 

Ne chercher à mettre la main sur rien
Mais se laisser prendre
Par la musique des choses

Se sentir goutte d’eau
En cet immense océan 
Des présences 

Dont nous sommes 
À la fois l’hôte
Et la vigie compatissante 

Jean Lavoué, 15 janvier 2024
Photo JL 28/12/23
www.enfancedesarbres.com












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