A nous poètes en herbe
Jeunes et moins jeunes
Cherchant le bel été
Pousses balbutiantes
Ou bien tiges déjà affirmées
Je nous souhaite
De ne pas nous laisser détourner
De ne pas nous laisser détourner
De notre voie sacrée
Lançons-nous des défis sans réplique
N’écoutons les voix qui déconcertent
Que si elles sèment en nous
A corps perdu
Des graines de jeunesse
Le souffle qui délivre
L’élan qui agrandit
Donnons-nous de l’espace
Comme à nos fleurs coupées
A nos brindilles d’amour
Ou même à nos vivaces
Tout autant qu’à nos hirondelles
blessées
Ne courons pas après les modes
Citadelles de certitudes et de savoirs
Façades aux miroirs sans fond
Dont les sanctuaires nous scrutent
Mais laissons-nous atteindre
Par les causes perdues
Par ces villes torturées
Ces victimes sans nombre
Ces milliers de passants
Dont les barques en nous chavirent
Préférons encore les sentiers moussus
Et les nuits de lichens
Là où la fine joie grandit
Où l’humble solitude
Compose sans regrets
Avec nos visages simples
Son masque de feuillages
Ecoutons le silence
Qui fait trembler nos branches
Accueillons le repos
Où les mots sont légers
Où l’attente est sans prise
Où le don est gratuit.
Jean Lavoué
Photo JL, Le Blavet, Hennebont