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samedi 29 août 2015

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Nous sommes semences d’oiseaux
Et ne le savons pas
Nos frontières sont de vent
Nous allons à tout va
Là où le cœur nous blesse
Si nous ne volions pas
Nous serions décimés
Nous connaissons les grèves
Les territoires sauvages
Les branches provisoires
Où nous nous secourons
D’avoir tant désiré
Laisserons-nous mourir
Nos frères de passage
A la rumeur des ailes
Fermerons-nous nos cages
Face à tant de détresse
Serons-nous visités


Jean Lavoué
































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jeudi 27 août 2015





Jean Arthur Rimbaud,
Guillaume Apollinaire
René Guy Cadou
N’est-il pas vrai que la poésie
Brûle plus sûrement son homme
Que la sourde flamme du destin                   


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Aller jusqu’au rocher
Jusqu’à la nuit féconde
Jusqu’au sillage blanc
Jusqu’à l’aube absolue
Là où ça n’écrit plus
Et devenir soi-même
Ce fleuve aux mains d’argent
Silencieux sous ses rives
Marabout du désert
Sous le sable et l’encens
Compagnon des marées
Estuaire sans retour
Nomade des nuées
Passant de l’infini
Et parent du salut
Qui se donne ici-bas

*

Ou partir vers la guerre
Vers une mort certaine
Vers les tranchées brutales
Vers le front assassin
Brûler d’un amour fou
Détourner tous ses astres
Dans les veines du bois
Et entamer debout
Son vrai chemin de croix

*

Ou encore dérivant
D’un matin d’un poème
D’un compotier de pommes
Posé sur les genoux
Là supplier le ciel
De graver ce printemps
Et toutes ses promesses
Dans son éternité
D’abeilles et de velours 

Jean Lavoué

mercredi 26 août 2015

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Photo C Jeremy Jost






Enfance de mes îles
Mes forêts sur la mer
Mes sentiers mes sillages
Mes grèves visitées
Mes chevreuils mes éclats
Mes amitiés sauvages
Mes lettres du levant
Mon vent mes hautes voiles
Ma futaie de consonnes
Mon gréement de voyelles
Ma lignée de vivants
Mon chant et mes falaises
Ma tendresse escarpée
Mes oiseaux empêchés
Mes branches au bout des ailes
Mes arbres mis à nu
Mes courants mes abers
Mes élans mes nuages
Mes routes dans le ciel


Jean Lavoué






























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samedi 22 août 2015

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Le but de la vie, c'est de rajeunir...



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Devenir jeune, c'est se libérer des entraves de la 


peur, ne plus céder aux pesanteurs sociales, 


devenir joyeux, même avec ses cicatrices...



*



J'écris pour ceux qui cherchent des signes de joie

 dans la vie quotidienne.


*

Libre, on ne l'est jamais, on le devient, malgré les

 circonstances extérieures, quand on communie à

 la source vive dans les profondeurs de nous-

mêmes, là où il n'y a ni mal, ni mort, où l'éternité 

affleure, où règne la paix au sein de la souffrance.


*

En tout homme, il y a des forces insoupçonnées 

de réveil et d'allégresse.



JEAN SULIVAN

















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vendredi 21 août 2015

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Photo : red sky at night © Luke Jones 
http://yourshot.nationalgeographic.com/photos/6604400/




J’ai cru que le jour était vide
J’ai demandé pourquoi
J’ai cru que la nuit était vide
J’ai demandé pourquoi
J’ai cru que le cœur était vide
Je l’ai pris dans mes mains
Je l’ai vu s’éclairer et brûler peu à peu
Alors j’ai cru que l’homme un jour enfin vivrait
Non par quelque miracle venu du bout des cieux
Mais par cette chaleur qui tremble dans ses mains
Alors j’ai fait ce rêve d’une terre habitée
Où l’arche et la colombe seraient enfin sauvées
J’ai cru que chaque oiseau promettrait le soleil                     
J’ai cru que chaque enfant annonçait le matin


Jean Lavoué



























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lundi 17 août 2015

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Spectacle « Glenmor l’insoumis »  Photo © Yvon Boëlle
Gweltaz Ar Fur chante devant une photo de Grall et Glenmor





De grèves et de rivières
Bretagne familière
Tu ressembles au pays dont j’ai rêvé souvent
Un pôle magnétique une futaie profonde
Un rêve où l’on gravit les escaliers du monde
Un soleil visitant les marches des matins
Un orchestre de vent de flûtes de roseaux
Une île sur l’abîme
Un port dans les courants
Une taverne ouverte
Un brûlot fraternel
L’établi des poètes
Ta clairière pour le chant
Tes forêts tes ogives
Tes routes vers la mer
Tes amis du lointain et ceux de l’ici-bas
Tes tempêtes d’oiseaux et tes nichées sauvages   
Tes secrets tes naufrages tes amours visités
Tes fontaines tes sources tes chapelles sonores
Tes fêtes dans l’espace
Tes criques tes murailles tes routes hallucinées
Tes rondes tes sanglots
Tes vides habités


Jean Lavoué













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dimanche 16 août 2015







LES AUBES SONT CERTAINES

Marche allègre et vive sur les passerelles de l’aube
Le sang dormant s’ébroue
L’écriture coule drue
Verticale
La pluie a ravivé les feuilles
J’ai troqué mon pays contre le rire immense
De chutes de cascades de torrents vers la mer
J’ai traversé des fleuves qui n’avaient pas de nom
J’ai reconnu le ciel au tremblement des feuilles            
Troqué des cimetières contre des chemins d’or
J’ai tenu tête à l’âme elle s’en est souvenue
J’ai marché sans compter sans mesurer mes pas
J’ai senti le pollen de mes aurores vives
J’ai bougé des écluses dans le sens des astres
Changé des hirondelles contre des nids cendrés     
J’ai bu à toutes sources le vin des venaisons
En toutes traces vives je respirai ta voie
Tout était délivrance rien n’était damnation
J’ai vu des cormorans dans le vent silencieux
Bleuir toutes leurs ailes dans le sens des courants
Comme ces étendards dans les houles de Dieu                        
J’ai ouvert des carrières
Là où l’espoir de l’homme n’avait pu pénétrer
J’ai cru je vous le jure voir la langue tanguer
Comme un buisson en flammes
J’ai bu tous les tourments je les ai transmués
La saison du poème fut trouée d’oriflammes
De pervenches sonores de grappes de jonquilles
D’oliviers feux roulant jusqu’au bord de l’extase
De nappes suspendues au plafond des Sixtine
J’ai recouvert l’écrin où la raison chavire
D’un grand drap de patience pour débusquer sa voix
J’ai toléré des arbres beaucoup plus hauts que vifs
Alors qu’ils n’avaient plus d’armes pour le combat
Je suis las de ces ors des brancards pourrissants
C’est un chant qu’il me faut puissant et sans scories
Un affluent de sève
Un matin délivré aux vigueurs végétales
Un palmier où pivote la racine du monde
Un tombeau dont le jour ruisselle d’eau de vie
Et s’il ne reste rien de ces bouquets de noces
Je porterai moi-même leurs couronnes au néant
Ecris encore mon âme délivrée des peaux mortes
Ne garde que ta soif sur les versants du jour
Et ne soit que désir vers les flots du couchant


Jean Lavoué

[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]