Traduire

vendredi 31 mars 2023

 .





Quand de lourds nuages gris
S’amoncellent menaçants
Au faîte de nos vies,
Regardons autour de nous
Les jeunes pousses qui espèrent !

Avec elles, dressons
Une oreille attentive
À hauteur du trèfle !

Quelle pluie fraternelle
Viendra accomplir les vœux 
Logés au creux de leurs silences ?

Dans leur nudité
Se tient le secret
De notre espérance !

En sa vaste pauvreté,
La tendresse qui ruisselle
Veut embrasser tous les êtres.

De son vide absolu 
La plante la plus modeste
Nous souffle que le monde est sauvé.

Quand se taira la folie de l’homme,
Peut-être découvrirons-nous aussi
Le manque ardent qui donne vie !

Jean Lavoué, 28 mars 2022







.

mercredi 29 mars 2023

 .





Comme l'arbre au printemps,
Tu gardes en toi
Les cicatrices de l'hiver. 

Ton chant n'a rien oublié
Des terres jonchées de feuilles. 

Des gels et des orages,
La peau de tes mots conserve
Une entaille inconsolable. 

Pourtant l'espérance y surgit 
De saisons désolées. 

Dès les premières fleurs
Tu reconnaîs entre les branches
Tes couleurs familières. 

Déchirant l'écorce,
Une force rassurante s'allie
Au silence des racines. 

C'est ainsi que tu t'assures
Une nouvelle fois
Du triomphe de la vie. 

La sève du poème 
Signe en toi
La persistance de la joie. 

Jean Lavoué, 20 mars 2021
Photo pieonane/Pixabay










.

lundi 27 mars 2023

 .





Acte de résistance s’écriera mon poème
Je n’ai que ces bourgeons 
Quelques jacinthes des bois 
Et là quelques brindilles
Un printemps qui se tient 
Juste au bord de l’abîme

Et sur moi pour seule arme 
Cette Haute tendresse 
Qui m’avertit au moindre souffle
En m’adressant incognito
À l’horizon du cœur 
De simples signes de lumière 

Elle est la flamme elle est l’intime 
Par des sentiers cachés 
Elle m'oriente me conduit 
À l’ombre d’un combat inégal 
Me soigne et me guérit

Je suis parent des silencieux 
Qui pour elle élèvent un hymne
Et sans doute un peu voisin du frère nu 
Qui en son nom prophétise 
L’ardente joie 
Et l’assurance qu’en chemin
Un chant souverain nous délivre. 

Jean Lavoué, 27 mars 2015/2023
www.enfancedesarbres.com










vendredi 24 mars 2023

 .

Merci, cher Emmanuel Godo, pour cette nouvelle chronique sensible consacrée à la poésie ! Merci d’y citer mon ami Philippe Forcioli qui vient de nous quitter en nous confiant à demi-mot cet « irracontable » qui nous bouleverse…  « La poésie, comme le cuivre de la vie, est toujours « en avant »… Le poème ne s’écrit jamais à partir d’une connaissance mais pour tenter une réponse… »







L’irracontable


La chronique d’Emmanuel Godo, Poète et essayiste

Emmanuel Godo, La Croix, le 22/03/2023


Le temps humain, de grandes voix de la pensée nous disent que c’est celui qui passe par la médiation du récit. Conteurs, nous le sommes tous, de nos vies, de la marche du monde. On peut même soutenir qu’un recueil de poèmes est une sorte d’histoire que l’on narre autrement – Ovide moderne, Du Bellay raconte, dans Les Regrets, son voyage initiatique entre France et Italie. Et il n’est pas impossible qu’au fond de chaque poème, on trouve le fantôme d’une fable.


Mais il m’a toujours semblé que le temps le plus spontanément humain était celui qui ne se raconte pas. Celui qui vient empêcher la mise en récit. L’instant qui nous laisse bouche bée. Celui qui nous sidère. Qui nous fait mesurer à quel point les mots trahissent ce que nous éprouvons. Ce tournis de sensations contraires que la raison a du mal à démêler, qu’elle voudrait bien mettre en ordre, faire entrer dans la logique d’un récit. Tous ces moments où si quelqu’un nous y surprenait, en nous demandant : « Qu’est-ce qui t’arrive ? », nous répondrions : « Rien, je rêvasse ».

La poésie a à voir avec cette expérience de l’irracontable. De l’impossibilité de faire tenir ce que nous ressentons dans la forme narrative. Le poète est cet être qui s’attarde, qui reste attentif à ce qui met le langage en défaut. Tout poème est un essai de faire entrer dans l’ordre des mots ces impressions dont on n’a jamais su quoi faire. Ces choses entrevues, quasi imperceptibles, inavouables en un sens, que l’entendement, dans son versant utilitaire, délaisse ou piétine parce qu’elles ne servent à rien, croit-il : « Des petits temps dans le grand Temps/Qui flottent en hésitant sur le mouvement à suivre » (Philippe Forcioli, Les Impromptus de La Sauvegarde, L’Enfance des arbres, 2023).


Et pourtant ! L’essentiel est un presque rien, une chose légère entre les choses légères. Le plus poète des philosophes, Vladimir Jankélévitch, n’a cessé de nous le rappeler. Là où le passant pressé ne verra rien qui puisse compter, le poète jure fidélité au coup d’ongle fugace de la perception. Et nous le redonnera, à la lumière des mots, par son travail de patience, comme une vérité sans laquelle nous serions en péril de ne plus être les témoins de la splendeur du monde : « En se mirant/dans une flaque/d’eau/le rocher/prend l’allure/d’une tour » (Enza Palamara, La Gloire d’être, La Centaurée, 2012).

La poésie resitue la vie comme aventure, improvisation merveilleuse, impréparation continuelle. Elle ne sera jamais un métier et les vrais poètes le savent bien : il leur est impossible de se prévaloir d’un quelconque savoir-faire, au risque de voir la grâce se détourner d’eux. Le poète est cet artisan qui réinvente constamment son geste, la matière qu’il façonne, l’objet qui va sortir de son labeur. C’est parce qu’on est toujours, comme le souffle Yves Leclair, « par erreur poète », que l’on peut épier l’aube qui se lève sur « la lumière bleue/des montagnes », entrevoir en elle le « miracle d’être » et s’arrêter avant d’aller trop loin dans l’imprudence du dire : « S’effacer/chiffon, sagesse » (Miniatures, L’Étoile des limites, 2023).


L’archange Rimbaud est là pour redire au poète qu’il ne peut pas s’asseoir dans la certitude. Que la poésie, comme le cuivre de la vie, est toujours « en avant ». Et qu’un poème ne s’écrit jamais à partir d’une connaissance mais pour tenter une réponse, comme un feu de paille, à la question : « Mais qu’est-ce que je cherche au juste ? » Richard Rognet nous fait entrer dans l’atelier du poète – c’est une amitié avec le feu, un refus du faux sérieux, un dialogue âpre comme une lutte avec l’ange aux semelles de vent : « tes courses superbes/sur d’obscurs chemins/susurraient aux herbes/des chants de gamins » (Dans un nid de flammes, L’Herbe qui tremble, 2023).


Dans sa quête, si précaire, le poète dispose d’un seul critérium, pour savoir si ce qu’il écrit est poésie : la vérité entraperçue, dévoilée une seconde dans ces offrandes du réel, ces sensations aussi imprévisibles que profondes et durables. Ce que j’écris tient-il devant le tombeau des amants ? Devant les mains usées de l’homme qu’on a privé de sa dignité ? Devant les larmes de la jeune fille qui aime tellement la vie qu’elle croit aimer la mort ?


Quand le poème ne résiste pas devant la brûlure du vivre, il nous tombe des mains. C’est que ce n’est pas un poème, mais un mirage fabriqué trop vite par quelqu’un qui n’a pas assez écouté le temps. Rien de tel avec Jean-Michel Maulpoix : il regarde implacablement en lui la « saison froide » de la vieillesse recouvrir son corps de la « cendre du désir ». La question que le destin lui pose, il nous la redonne en partage comme un chemin fragile : « Entends-tu cet oiseau qui appelle dans l’hiver ? » (Le Jardin sous la neige, Mercure de France, 2023).


Photo Serge Picard pour La Croix


jeudi 23 mars 2023

 




Tu t’arraches en cachant tes larmes
Aux fleurs de ton pays,
À toutes tes eaux vives,
Tes printemps fabuleux,
Tes racines bénies.

Sans te retourner, tu t’enfonces en tremblant
Sur les rails impassibles d’un hiver ténébreux, 
Vers des frontières aux yeux clos,
Ignorant si tu reverras un jour
Sous la vague bleue des horizons 
L’infini des plaines couvertes de blés en feu.

Te voilà coupée de tes forces vives :
Tous les hommes sont restés au front ;
Ils ont dû s’armer d’un courage 
Que tu ne leur connaissais pas
Et tu ne sais même pas si tes bras
Enlaceront un jour autre chose que du vent.

Vous êtes ainsi des millions
À vous précipiter sur des quais inconnus, 
Confiants certes en ces mains qui vous accueilleront
Et dont la générosité ensoleillera un instant vos visages,
Mais le cœur reste pourtant noué par l’abandon 
De tant de bonheurs simples.

Tant de questions battent doucement aux tempes de ta vie : 
Les murs de ta maison résisteront-ils
Aux forces aveugles qui s’abattent sur elle ? 
Chacun de tes trésors sera-t-il réduit en cendre,
Toutes ces photos de tes ancêtres bientôt effacées ?
Et tes voisins si bons, que vont-ils devenir,
Et ces personnes âgées incapables de se déplacer ? 

Privée de ta terre natale, 
C’est dans les yeux apeurés de tes enfants
Que tu plonges pour dessiner encore
Les branches de ton avenir.
Tu y cherches inlassablement 
Les ailes de tes souvenirs
Et tu guettes le chant de l’oiseau 
Qui naîtrait peut-être 
De leur bouche silencieuse. 

Jean Lavoué, 22 mars 2022









.

mercredi 22 mars 2023

 .






Hier soir sur mon vélo, en allant chez lui (Spier), j'étais pleine d'une grande et aimable langueur printanière... J'ai soudain senti la caresse d'une tiède brise de printemps.
Et j'ai pensé tout à coup : "Cela aussi, c'est bon".  Pourquoi ne connaîtrait-on pas une véritable ivresse amoureuse, tendre et profonde, au contact du printemps, ou de tous les êtres ?
... Oui, pourquoi ne vivrait-on pas un amour avec le printemps ? 

Etty Hillesum, le 17 mars 1942

Je voudrais n’écrire
que des mots insérés
dans un grand silence

Comme cette estampe
avec une branche fleurie
dans un angle inférieur

Quelques coups de pinceaux
délicats
et tout autour
un grand espace

Non pas un vide
disons plutôt
un espace inspiré

Si j’écris un jour
et qu’écrirai-je au juste
je voudrais tracer ainsi
quelques mots au pinceau
sur un grand fond de silence

Etty Hillesum, Une vie bouleversée




mardi 21 mars 2023

 .




J'ai voulu que la lumière
Devienne mon amie

Elle a pactisé avec les ombres
Elle a soufflé sans hâte
Sur les braises de mon âme

Elle a laissé le jour
S'élargir peu à peu

Puis consolant
Ce qui était perdu
Elle m’a fait le cadeau
De demeurer en moi

Jean Lavoué, 20 mars 2016
www.enfancedesarbres.com









.

lundi 20 mars 2023

 .



Il est au cœur du printemps
Un printemps plus secret
Que nul n’a jamais percé                    
Mais qui pourtant éclaire
D’une flamme celée
Tous nos autres printemps

Il court dans les veines du temps
Et fait chanter l’absence
Jusqu’à la rendre réelle
Comme souffle en plein ciel

Pour lui toute vie est matin
Clarté ouverte à l’éternel                
Et la mort qui luit dedans
Poème offert autre Soleil.

Jean Lavoué, 20 mars 2015 
www.enfancedesarbres.com






.

samedi 18 mars 2023

 .






Il arrive qu’un poème 
Devienne aussi silencieux
Qu’un arbre qui respire

Il étend lentement ses branches
Dans toutes les directions 

Épousant la paume de la vie 
Il ne fait qu’un 
Avec la main qui écrit 

Il se nourrit simplement
Aux racines de la Présence

Jean Lavoué, 17 mars 2023








.

vendredi 17 mars 2023

 .





Les poètes ont leur printemps,
Tu sais, lorsque les mimosas
Tutoient le bleu du ciel,
Quand l’aubépine blanche 
Nous fait la courte échelle ;

Mais pourquoi, dis pourquoi,
Tant de barreaux rouillés,
Tant de cris, tant de haine
Encellulent souvent
Les bourgeons de leurs chants ? 

Pourquoi tant de chagrins,                               
Tant de crimes et de guerres,
Tant de larmes amères,
Nouent de sombres sanglots
Les branches de leurs voix ? 

Pourquoi tant de frontières
Tant de tranchées boueuses
Tant de salves cruelles
Veulent abattre en plein vol
L’élan de leur poème ?

Jean Lavoué, 16 mars 2015 - 17 mars 2023
www.enfancedesarbres.com









.

jeudi 16 mars 2023

 .






Comment accepter
D'être simple passant
Sur cette terre ? 

En contemplant l'oiseau,
Sa légèreté imprenable,
Sa splendeur insoumise. 

Il ne voit pas la mort,
Il vole vers sa naissance. 

Il passe sans le savoir
D'une rive à l'autre
Du temps. 

L'instant
Lui appartient. 

Il est complice du vent,
Du souffle qui le porte. 

Il s'abandonne au courant,
Ne s'attache à aucune branche. 

Il demeure à jamais
Dans la gloire de l’Ouvert.

Jean Lavoué, 12 mars 2021









.

mercredi 15 mars 2023

 .





Chaque jour accéder
Au silence des forêts 
Même en pleine ville

Entendre au-dedans de soi
L’oiseau de l’éclaircie
Battre soudain des ailes

Le suivre 
Jusqu’à la cime des grands pins
Franchir avec lui lacs et collines

Emprunter des chemins de feuilles
Que la pluie des derniers jours a rendus
Lourds et humides

Sentir le souffle des prairies
Nous rejoindre aux lisières
Suivre la trajectoire de la sève
Dans la nuit de l’arbre 

Libérer notre cœur
De tant d’attaches inutiles
Et l’ouvrir dans toutes les directions
De la terre et du ciel

Jean Lavoué, le 14 mars 2023
Photo JL 14/03/23, bois de Saint-Caradec 







.

mardi 14 mars 2023

 .





Olivier Risser, auteur notamment d’ouvrages consacrés à Etty Hillesum publiés à L’enfance des arbres, a lu le livre de Philippe Forcioli, Les Impromptus de La Sauvegarde. Merci Olivier d’avoir su ainsi saisir l’élan de l’ami Philippe dans son dernier parcours en terre de poésie !

JL

"S’il y a peut-être çà et là quelques basses notes, l’essentiel de ce livre, Les Impromptus de la Sauvegarde, est porté par le souffle très large de la vie. Traversé par une sorte d’allégresse, comme ces cantates de Bach que l’auteur nous invite à écouter, le recueil n’est pas exempt de soubresauts dignes de Pierre Boulez. Frères des morceaux de Schubert, ces « Impromptus » ont peut-être davantage encore de parenté avec le jazz : « il nous faut du grain à moudre / du grain à moudre, du grain à moudre / Il nous faut du grain à moudre / Du grain à moudre il nous faut ».

En somme, ce livre écrit sur « un lit voiture » invite au chant tout autant qu’au voyage. A un chant, parsemé de jeux de mots, de jonglages des sonorités, un chant qui n’est jamais (seulement) triste et qui allume souvent des lanternes au cœur à force d’humour. Un chant qui aide au voyage dans le temps. Ainsi de « mon insomnie ni ni [qui] jamais ne se finit ni ni ». Et pourtant, de la peine, très certainement, il y en eut, de ces épreuves au bord de l’abîme, de ces sorties de route quand le poète « à plat » ne pouvait plus tenir le volant.  Comme il est difficile aussi de refermer l’ouvrage sans être saisi d’émotion au moment de lire, justement « Fin N,i ni, Fini ». On comprend que le poète accepte un peu plus facilement que l’homme cette fin mais il y a là, dans cette sortie, plus qu’une politesse, un message d’espérance et d’amitié. Il y a là aussi, disons-le, du Cyrano qui emporte avec lui… « son panache » !
Le trésor essentiel de ce petit ouvrage écrit au fil des soins de dernière instance, c’est sans doute le lien qu’il tisse entre les humains, une sorte de « communion des saints », où les infirmières côtoient François d’Assise, François le pape, Pelé le footballeur : « les infirmières étaient avec le Père bien Adam et Eve ».
Le trésor essentiel de ce petit ouvrage tient – et quelle leçon ! – dans la gratitude, long et profond regard tourné vers l’enfance « dans le rétroviseur », lettre d’amour à la mère (« Mon chaire traizor »), souvenir d’un match de foot avec le père (« pour cet énormissime événement, mon papa avait prévu d’acheter des places bien à l’avance »). Dans la force donc de dire « merci » à la vie : « cette chance offerte à mon étroite fenêtre d’hôpital de m’émerveiller de ce don gratuit du ciel » et le pléonasme d’un don gratuit est ici le bienvenu.
Le trésor de cet ouvrage tient en un questionnement adressé à tous : « auriez-vous une définition de la joie ? » et dans… la réponse qu’il propose.

La vie, j’imagine, quand elle finit et qu’on regarde en arrière, doit ressembler à une longue, très longue phrase, comme celle dans « Quarante ans déjà », conjuguée (ce n’est pas un détail) au futur antérieur, qui court sur deux pleines pages et dans laquelle j’ai trouvé une pépite de poésie, une pépite d’instant, une pépite tout simplement, je crois, comme on en trouve peu :
« J’aurai beaucoup communié pour de rire mais gravement dans ma voiture les dimanches matins en écoutant la messe sur France Culture ».

Le trésor de ce recueil tient dans ce titre « Ne pas mourir encore vivant ». Quel gâchis, en effet, que de mourir encore vivant ! Autant attendre, pour mourir d’être vraiment mort. Mais comment, Philippe, être sûr d’en trouver la force quand « la valse folle des pensées » comme vous dites, nous empêche de nous (re)poser ? Dans le récit, dites-vous ? Sans doute. Dans la danse des notes, entre les mesures de la partition, en inventant de petits mensonges qui sont comme des allégories ? Oui. En disant «merci », me dites-vous ? Merci.

Si un jour je suis au lit comme Philippe, je veux être en vie comme Forcioli."

Olivier Risser 

https://www.editionslenfancedesarbres.com/philippe-forcioli--les-impromptus-de-la-sauvegarde.html







.

[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]