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mercredi 30 juin 2021

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Accorderons-nous nos nuits
Aux fragments d'aurore 
Enfouis dans les carrières du silence ? 

Faut-il donc, pour vivre,
Nous réconcilier d'abord
Avec l'ardente blessure,
Apprendre à faire de la mort un soleil ? 

J'apprends à caresser avec tendresse
Ces déchirures d'où jaillit
L'éclat fulgurant du deuil. 

Sous l'écorce des arbres
J'écoute triompher la sève :
L'avenir y traverse tant d'hivers
Avant de s'offrir ces printemps souverains ! 

Les mots, je les sème
Comme de petits cailloux blancs
Parmi les ronces du chemin.
Certains y reconnaîtront peut-être à leur tour
La chance d'un passage. 

Avant de nous effacer,
Ne sommes-nous pas là pour indiquer aux autres un chemin,
Sûrs qu'à leur tour, ils trouveront la brèche ? 

Nous héritons tous de passants vulnérables
Qui ouvrirent pour nous des voies.
Sans connaître le but,
Ils nous firent pourtant le cadeau
De leur absence lumineuse. 

Grâce à eux, je sais où nous allons
Et je sème à mon tour
Des graines pour la joie. 

Jean Lavoué, 28 juin 2021
Photo JL mai 2021

















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samedi 26 juin 2021

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Faute de boussoles ajustées vers demain,
Des vents contraires pourraient nous emporter ! 

Tous marins,
Il nous faut choisir un cap !
Renoncer à nous prononcer 
Nous livrerait aux courants incertains,
Aux récifs. 

Sans rêver ensemble l'horizon,
Le dessiner de toutes nos différences,
Comment hisserions-nous nos voiles vers l'avenir ? 

Nos embarcations sont multiples
Mais convergent vers des terres communes
Dont nous cherchons patiemment
À dessiner les côtes. 

À ceux qui n'y croient plus,
Qui aimeraient se confiner au port,
Rien ne sert de forcer la main !
Mais s'efforcer pourtant de redonner courage,
De creuser en avant un sillage. 

Ce n'est pas le mauvais sort
Qui pourrait nous rabattre sur les rochers
Mais notre refus de croire encore à l'humain,
De nous lever, d'espérer. 

Jean Lavoué, 25 juin 2021
Photo strikers/Pixabay 























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mardi 22 juin 2021

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Joie d'avoir participé par cet entretien à ce beau dossier de la revue Reflets (juillet-août-septembre 2021) : L'art, une manière d'exprimer l'amour...

LA POÉSIE, L’ART DE L’INSAISISSABLE

Qu’est-ce qu’être poète ?
Être poète, c’est d’abord, je crois, tout simplement être un vivant, une personne qui se laisse saisir, étonner par sa propre présence au monde et par tout ce qui l’entoure. C’est se montrer capable de porter et de laisser grandir en soi les questions essentielles. Pourquoi la vie, pourquoi la mort, pourquoi l’infini, pourquoi la beauté, pourquoi le mal, pourquoi l’amour ? C’est pouvoir s’ouvrir sans retenue à ce mystère de la vie qui de toute part nous dépasse. C’est prendre conscience un tant soit peu de cette réalité prodigieuse dans laquelle nous sommes immergés. Sur laquelle nous ne pouvons pas refermer la main : seulement nous rendre disponibles, accueillants à ce qui survient. C’est retrouver sans cesse sous la routine et l’habitude cet étonnement premier d’exister.
Autant dire que tout humain est poète dans ces éclats d’instant qui le traversent et où il prend conscience d’une réalité plus vaste que lui-même. Aussi, celui que l’on dit poète n’est-il pas foncièrement différent des autres. Il est aussi menacé qu’eux par l’oubli, la banalité, le refoulement du mystère. Par une approche prosaïque de ce qui nous entoure. Simplement, il va se consacrer davantage à cultiver cette présence à soi-même et au monde et c’est elle qu’il va s’efforcer de traduire en mots, en image, en sensations, en émotions. Contrairement au langage courant, utilitaire, qui exige de la précision, il va plutôt donner du jeu à son expression pour tenter d’évoquer plutôt par allusion, par résonance, ce qui ne saurait se dire avec des concepts ou un vocabulaire trop technique. Tout ce que finalement la vie recèle de proprement insaisissable. D’où ces brisures, ces éclats de nuit qui parsèment son texte. D’où également le sentiment fréquent pour le lecteur d’être perdu, à la fois dépaysé et déplacé vers l’inconnu et, en même temps, de se sentir situé à nouveau au lieu le plus intime de soi. Comme un retour à l’origine.
La poésie, c’est, en effet, avant tout un art d’habiter, « de s’habiter vraiment », comme l’écrivait Georges Perros. Une manière d’exister qui n’en reste pas à la surface des événements. Nous sommes si souvent éloignés de notre demeure et de nous-mêmes. Captés par les choses, saisis par des soucis qui obstruent notre conscience. Engagés dans les voies de la nécessité et des obligations. Toute la société, en fait, nous éloigne de ce lieu vers lequel pointe la poésie. La vie sociale est le domaine des arrangements et des compromissions avec l’infini que chacun porte en soi tout comme avec l’étrangeté que révèlent en eux les autres. La société nous asservit au même. Or, le poète, par de secrètes correspondances, nous ramène, lui, insensiblement vers ce lieu-source où notre être s’ouvre à ce qui l’altère, tout en lui faisant éprouver son manque profond que rien ne saurait combler. Cela peut être la beauté d’un paysage, la brûlure d’un amour, la force d’une absence, le mystère d’une transcendance… En poésie, nulle réalité n’est jamais achevée. Il faut s’en remettre, au contraire, toujours à l’inconnu.

L’art poétique est-il en rapport avec votre foi ?
En effet, je parlerais volontiers de ma foi comme je viens de le faire à propos de la poésie. La foi n’est-elle pas d’abord ouverture à ce qu’on ne saurait enfermer ni parfaitement comprendre ? Il s’agit de faire confiance sans voir. Face au tragique de nos vies, il y est question aussi d’espérance. Il ne s’agit pas d’acquérir des certitudes, des croyances résistantes à tout. C’est, au contraire, éprouver un inconnu que l’on sent habité d’une présence même si nous ne savons pas la nommer. A ce titre, l’agnostique est aussi un être de foi. Il s’agit de ne pas se contenter de ce que l’on possède mais d’accueillir ce qui nous manque comme le lieu véritable de notre existence. Fonder dans ce lieu notre confiance.
Pour en venir à la pratique elle-même de la poésie, écrire c’est renoncer à toute connaissance préalable. Comme dans la vie spirituelle, on ne peut pas faire de plan mais on peut se mettre en disposition de discerner. On ne peut même pas décider à l’avance de ce dont le poème devrait parler. On écoute le vent, comme dit Jésus à Nicodème, sans savoir d’où il vient, ni où il va. Mais l’on entend sa voix et l’on se met en état d’obéissance, c’est-à-dire d’écoute profonde et de confiance en ce qui surgit.
En cela, l’exercice de la poésie est bien un exercice spirituel. Pas si différent de la manière dont on peut s’éprouver croyant, pourvu que ce soit en dehors de toutes certitudes acquises une fois pour toute. Il y a une tendance à figer la foi dans des croyances religieuses dont on ne s’écarte plus, pensant qu’avec elles nous sommes en sécurité pour toujours. Finalement, on finit par ne plus écouter que soi-même et non la voix de l’Autre en nous. La poésie comme la foi sont des arts qui consistent à s’écarter du moi pour laisser s’ouvrir en soi une réalité sur laquelle nous n’avons pas de prise.
Sans doute faudrait-il inventer un autre mot que celui de « poésie » pour évoquer ce dont nous parlons. La poésie renvoie presque inéluctablement à l’écriture formelle et littéraire. Or ce dont il est question quand nous parlons de ce retour à l’essentiel, c’est d’une réalité poétique qui envahit non seulement toutes les formes d’expressions artistiques mais encore toutes les manières d’exister authentiquement, profondément, en dehors de la simple utilité fonctionnelle ou de la superficialité de l’existence sociale. Jean Sulivan utilisait le mot Poème, avec une majuscule, pour tenter de traduire l’irréductibilité de la voie de l’Évangile. Jean Onimus, parlait, lui, du poétique comme d’une vaste réalité qui fait vraiment de nous les humains que nous sommes.

A quoi sert la poésie ?
Comme ce poète que j’aime énormément, René Guy Cadou, j’ai envie de répondre que « la poésie est inutile comme la pluie ». Voilà une critique, en effet, qui lui va bien. Elle est parfaitement inutile dans ce monde pragmatique, technique et utilitaire auquel nous sommes désormais asservis. Mais dans ce désert du sens qui s’accroît de jour en jour, dans cette crise spirituelle sans précédent que nous traversons, comme la pluie, elle est devenue notre bien à la fois le plus rare et le plus précieux.
Lire des poètes, c’est mettre du silence dans la prose du monde. C’est ne pas se contenter d’acquérir, de conquérir : toujours plus de connaissances, de savoirs. C’est donner à une autre partie de nous-mêmes la chance de s’exprimer. Celle qui vit aux rythmes des battements de notre cœur et que nous avons trop tendance à recouvrir de toutes sortes de bruits pour ne pas l’entendre vraiment. Or, c’est bien le cœur qui doit tendre l’oreille pour nous indiquer la voie.
Alors, je dirais que la poésie ne sert pas à quelque chose mais qu’elle se donne gratuitement à celle ou à celui qui s’ouvre à elle. Elle transforme la matière de nos vies un peu à la manière de l’arbre ou de la plante qui grandissent ou de la fleur qui s’ouvre. Grâce à elle, nous devenons davantage, de jour en jour, ce que nous sommes. Nous sommes arrachés à la répétition, à la robotisation. Nous sommes saisis par la grâce de l’instant. Tout devient unique. Nous sentons s’éveiller en nous non pas des preuves mais des réponses, des confirmations : l’évidence que nous ne sommes pas seuls et qu’une réalité, plus grande que nous, nous traverse.

Poème du 13 avril 2021
Franchir une fois encore
L'écluse du silence
Et laisser derrière soi
Tant de mots inutiles
Pour gagner à pas lents
Ces rochers de l'enfance
D'où le monde paraît bleu
Et où les arbres prient.
Il fait un temps de mouettes
Dans les bourgeons d'avril,
De vols pour arpenter
Les allées du soleil :
Tant qu'il y aura des ailes,
Des ciels, des matins purs,
Nous nous tiendrons debout
Dans la force du vent,
Nous marcherons longtemps
Sans heure ni calcul
Pour boire la blancheur
À l'auge du printemps,
Nous mènerons nos bêtes
Vers l'horizon tremblant
Où la fête se donne,
Claire, allégée de tout.

Biographie
Poète et éditeur, Jean Lavoué est l’auteur de recueils de poésie mais aussi d’essais portant notamment sur l’écriture et l’intériorité. Il a consacré plusieurs ouvrages à des auteurs bretons : Jean Sulivan, Félicité de Lamennais, Georges Perros, Xavier Grall… Derniers ouvrages parus, René Guy Cadou, la fraternité au cœur (L’enfance des arbres, 2019), Voix de Bretagne, Le chant des pauvres (L’enfance des arbres, 2021), Des clairières en attente (Médiaspaul 2021). Parmi ses recueils de poésie, Ce rien qui nous éclaire a ouvert en 2017 la collection de L’enfance des arbres Poésie et intériorité.

Maison d’édition L’enfance des arbres : www.editionslenfancedesarbres.com

dimanche 20 juin 2021

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Ayant pactisé avec l'inattendu,
Nous avons ouvert l'écluse de la vie. 

Nous avons appris à mêler nos eaux calmes
Au torrent,
Nos ombres à la lumière. 

Nous sommes entrés 
Dans le jeu des feuillages,
Les pas de danse du soleil. 

Nous avons compris que les arbres
Avaient partie liée avec l'obscur,
Avec  la terre. 

Nous avons su que rien n'était dû
Ni à jamais établi,
Mais que tout était offert. 

Patients et vulnérables,
Nous sommes devenus à l'instant
Les compagnons du vent. 

Jean Lavoué, 19 juin 2021
Photo ArtTower/Pixabay 



















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vendredi 18 juin 2021

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C'est un matin peut-être
Où les arbres te montrent
Impatients le chemin,
Un matin où marcher
A des allures d'enfance
Voire de premiers pas,

Un matin de silence,
De sève trouvant sa voie,       
Sa ligne de vie chanceuse,
Dans l'azur éclaté, 

Un matin où les bruits, 
Les rumeurs de ce monde,
Montent puissants vers toi 
En signes évidents,
En échos redoublés,

Un matin sans mépris
Où ne pas triompher  
Mais rejoindre à tout prix
L'aire fertile du soleil.

C'est un matin d'amour
Où nul ne peut gagner
Ni s'emparer du sceau
Sans reconnaître en soi
L'ombre de chaque frère. 

C'est un calme horizon
Que nous n'atteindrons pas
Sans laisser place à l'autre,
Un feu dans les remises 
Un brasier sous les combles,

Une tempête logée 
sous l'écorce des mots,
Un silence refoulé
Dont on pressent les cris.

C'est un matin fiévreux
Pour dire la justice
Et la bonté exacte
Sous  les branches de vivre,

Et ne pas ignorer
Ce qu’il nous reste à faire
Pour que l'homme et la femme,
Leurs racines et leurs chants,
En toutes leurs agonies,
Partout soient secourus.

Jean Lavoué, 18 juin 2017






















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lundi 14 juin 2021

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Merci au poète Pierre Tanguy, pour sa note de lecture concernant "Des clairières en attente" publiée sur le site : http://www.dessourcesetdeslivres.fr/
Pierre Tanguy publiera en septembre prochain à L'enfance des arbres un livre d'hommage consacré à Xavier Grall.

Jean Lavoué : « Des clairières en attente » 

   Poète, écrivain, éditeur. Le Breton Jean Lavoué creuse son sillon. Dans un récit-témoignage sur son itinéraire de vie, il propose une nouvelle approche du christianisme, en faveur du « poème évangélique », dans la fidélité à des auteurs qui ont choisi « l’exode » et « les marges », à commencer par Jean Sulivan. Que l’on soit chrétien ou non, que l’on croit en Dieu ou non, son témoignage mérite d’être entendu. 

   S’il y a des mots que Jean Lavoué abhorre, ce sont bien les mots « jugements » et « condamnations » (ceux d’un catholicisme de la culpabilité). Il leur préfère les mots « espérance », « désirs », « confiance ». Car il nous estime « assoiffés de puits », prêts à répondre à « l’appel de l’oasis ». S’il donne l’impression de parler ici en paraboles, il est surtout là pour tisser devant nous le fil conducteur d’une vie qui l’a mené de ses responsabilités dans l’action sociale à un engagement définitif dans l’écriture (inauguré par son blog « L’enfance des arbres »). Des événements fondateurs, des rencontres décisives jalonnent son parcours. Qu’il s’agisse de Maurice Bellet, Bernard Feillet, Etty Hillesum, Dietrich Bonhoeffer, Marcel Légaut, Maurice Zundel, Joseph Moingt, François Cassingena-Trévedy… jusqu’à la découverte essentielle de l’œuvre de Jean Sulivan. Sans oublier les textes poétiques de Gilles Baudry, Christian Bobin, René Guy Cadou, Xavier Grall…
   Jean Lavoué se rend vite compte que ses aspirations à une nouvelle approche du christianisme ne sont pas isolées. Le voici engagé dans des «  nouveaux réseaux de l’hospitalité et de la générosité » autour de « lignes de fuite permettant d’arracher le souffle évangélique à cette culture qui l’a séquestrée » (la culture gréco-romaine). On le retrouve ainsi dans des rencontres « Bible et poésie », dans des journées alliant spiritualité et culture… Le voici, surtout, qui devient auteur. Il publie des livres sur Sulivan, Lammennais, Grall, Perros… Il cherche de nouvelles voies à emprunter pour faire vivre le souffle évangélique. « Loin du cléricalisme » comme le dit, dans un de ses livres, Loïc de Kerimel. 

   Aujourd’hui un néologisme retient l’attention de Jean Lavoué, celui de « christité» qu’il voit utilisé par le théologien Jean-Marie Martin. « Cette christité, telle que je la ressens, écrit-il, je dirais d’abord qu’elle déplace complètement le divin, Dieu, le Christ, de cette place d’exception au sommet d’une pyramide verticale où il se tient séparé des humains. Plus de Dieu extérieur, plus de conception théiste ». Qui, alors, est Dieu ? « Une puissance de Vie, répond Jean Lavoué,  qui appelle l’homme en avant de lui-même, qui lui ouvre tous les possibles ». Avec comme conséquence, celle  « d’assumer la conception d’un Dieu faible, pauvre, incarné en l’homme ». 

                                                                                      …/…


    Pour faire vivre cette christité, l’auteur croit plus que jamais aux petits groupes cultivant la fraternité évangélique, à la méditation pour se relier à la « diaspora », à la pratique quotidienne de la marche associée à l’écriture poétique… Il va aussi jusqu’à souhaiter un « œcuménisme radical à élargir au judaïsme » pour rejoindre cette « identification profonde de Dieu avec la souffrance de l’homme ». Il note que les périodes de confinement que l’on vient de vivre furent, à ses yeux, « un grand révélateur de tels déplacements qu’il faudrait apprendre à lire comme un signe des temps ». En clair, ne pas revendiquer « à cor et à cri le retour des messes dominicales » mais plutôt faire de nouvelles expérimentations, loin d’une « église autocentrée », autour de « véritables oasis chercheuses de chemins inédits ». Ce que Jean Lavoué appelle des « clairières en attente ». 

                                                                                                             Pierre TANGUY. 

Des clairières en attente, Jean Lavoué, Mediaspaul, collection Grands Témoins, 2021, 130 pages, 15 euros.
Livre disponible ou bien à commander en librairie. 

Photo JL 13/04/21


















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vendredi 11 juin 2021

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La course reprend, intense,
Vers des temps fructueux,
Du moins, nous l'espérons. 

Nous désirons des fêtes,
Des rencontres fertiles,
Attiser de grands gestes
Les braises de l'amitié. 

N'oublions pas pourtant 
Les clairières du silence,
Les solitudes vives,
Les aires où respirer. 

Tenons-nous aux lisières 
De l'envol et du repos !
Le danger vient de l'impatience :
Il y a tant à rattraper. 

Ne cessons pas de hisser
La voile de nos rêves, 
D'étoiler nos actions d'inutiles levains,
D'espacer nos projets
De vacances généreuses. 

Veillons à nos matins,
Aux éclats de nos deuils,
À la force d'aimer. 

S'arrêter pour trois fois rien :
Quelques notes de musique,
Les premiers mots d'un poème,
Les enfants qui rentrent de l'école,
Les paroles simples du voisin,
La symphonie des fleurs. 

Nous sommes faits pour respirer
Au va-et-vient des vagues :
Il y a trop d'océans en nous
Pour nous mettre à l'abri des vents. 

Trop de soif d'infini
Pour nous fixer aux quais
Du seul négoce. 

Gardons en nous l'esprit
Du lâcher-prise et du retrait.
De temps à autre rappelons-nous :
Tout peut bien s'arrêter,
C'est la vie malgré tout qui l'emporte ! 

Jean Lavoué, 10 juin 2021
Photo pixel2013/Pixabay

















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lundi 7 juin 2021

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Passants, nous laissons chaque demeure
À sa part d'ombre et de mystère :

Elles tissent nos rêves,
Et nous défont de nos illusions. 

Les arbres avec qui elles dialoguent
Leur épargneront l'oubli. 

Après avoir accueilli nos fêtes,
C'est sûr, elles nous survivront. 

Elles garderont, même ténue,
En d'autres mains,
La trace de nos alliances 
Et de nos chants ; 

Et nous préserverons secrètement 
Ce qu'elles recèlent de soleils transmis, 
De ciels d'enfance
De matins. 

Jean Lavoué, 4 juin 2021
Photo, J.L. La Chesnaie 4/06/21















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