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Poète, Claude Serreau est un jeune homme de plus de 90 printemps. Il naît à la poésie sur les pas de René Guy Cadou dès les années cinquante. Il a 19 ans à la mort de ce dernier au printemps 1951. Il publiera une quinzaine de recueils dont chaque titre, en hommage à Cadou, commencera par la lettre R de René. Ainsi « Résurgence ou les parenthèses du soir » est paru en 2021. Il écrit toujours. Aujourd’hui, il me fait la joie de ce texte qui me touche après sa lecture d’Écrits de l’arbre dans le soleil. Gratitude l’ami Claude !
JL
Depuis quelques années, Jean LAVOUE a pris sa place parmi les poètes qui comptent dans notre Grand Ouest, et même au-delà, par la qualité de ses textes et de ses éditions. S’il a placé son œuvre sous l’égide des arbres, ce n’est pas par hasard, puisque vivant en Bretagne au bord du Blavet et non loin d’espaces boisés, il peut, lors de ses marches, y entrer en conversation avec la nature et y trouver une quotidienne inspiration. Lui qui a accueilli nombre des voix qui comptent en poésie dans ses publications, et non des moindres, parmi lesquelles il faut citer Gilles Baudry, Jean-Pierre Boulic, Pierre Tanguy et d’autres, dont lui-même, poursuit sa marche et sa démarche avec ce nouveau livre, « Ecrits de l’arbre dans le soleil », qui est comme une ample et sylvestre oraison. Entre contemplation et réflexion, le long d’un territoire du cœur associant humanisme et spiritualité, qui sont d’ailleurs la marque de ses précédents ouvrages, se reporter à son Cadou et la fraternité au cœur, il sait toujours rejoindre l’adoration des fleurs et des oiseaux d’un François d’Assise dans un éloge du silence et de la lumière. Parfait exemple du Dasein cher à Kant et surtout à Heidegger, chaque brin d’herbe et le vent lui ouvrent parmi les feuilles le chemin d’une introspection riche en métaphores philosophiques où la réalité le dispute au sacré. Car, oui, pour ce poète qui, à l’instar des arbres, sait prendre de la hauteur, cet arbre qui peut gratter la soupente du ciel, son arbre, donc, atteint un ciel christique : « Au jardin qu’il aimait : les oliviers sont en fleurs ».Ainsi s’épanouissent dans ses vers des vérités bonnes à dire et à lire, et qui pourraient échapper à nos contemporains trop pressés ! Il retrouve, sous la méditation propice au poème, ce domaine de silence qu’il souhaiterait faire partager à ses frères ici-bas d’un monde animal ou végétal : « Il arrive qu’un poème / Devienne aussi silencieux / Qu’un arbre qui respire ». C’est cette incantation fervente jusque dans le souvenir et sur cette autre rive qui illumine l’in memoriam Christian Bobin, poète et frère dont il se sent si proche quand « Avec de pauvres mots / Je cherche comment / Partager encore avec toi / Le pain du poème ». Cette générosité sous-tend chaque texte pour célébrer une sorte d’élévation, comme l’arbre, vers la beauté du monde… Et, le livre refermé, le lecteur se sent plus pur, réconforté qu’il est par ce parcours initiatique où l’arbre a toute sa place, sans doute la meilleure, vivant intercesseur entre l’univers et nous , si petits qui devons retenir cette leçon d’humilité . L’enfance des arbres, c’est : « … que nous prenions force de toutes nos cicatrices / De chacun de nos bourgeons vulnérables / Que nous guettions encore chaque matin la fête du printemps / Comme une percée secourable ».Vraiment un de ces très beaux et bons livres, qui, à la qualité joint l’exceptionnelle communion illustrative d’Isabelle Simon, l’ensemble concourant au plaisir de l’œil et de l’esprit dans la lumière et le silence.
Claude Serreau
Jean LAVOUE Ecrits de l’arbre dans le soleil, recueil pouvant être commandé dans toutes les librairies ou disponible à L’enfance des arbres, 3 place vieille ville, 56 700 Hennebont au prix de 15 € + 4,50 € de port. (jlavoue@gmail.com pour commande par virement 07 89 98 98 28)) https://www.editionslenfancedesarbres.com/
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