Traduire

jeudi 31 mars 2016

.














Si l'arbre ne devient pas la mesure de ton pas
S'il n'oriente en toi l’espace et le chemin
Si son écorce ne t'épaule en marchant
Si ses bourgeons tout en haut ne t'allègent

Si son tronc vertigineux ne t'envoûte
Si son chant immobile ne te foudroie
Si sa danse ne t'emporte vers le ciel
Si son ombre sacrée ne te recouvre

Si ses feuillages en toi ne respirent
Si ses mousses sont trop froides pour toi
S'il tend en vain l'or de ses lichens
Si sa vie silencieuse ne t'abrite

Si sa sève ne s'accorde à ton sang
Si tu restes aveugle au feu de son vitrail
Si tu ne sens monter sa fièvre végétale
S’il n’éclaire la forêt de ton pas 

S'il ne démêle en toi tes pauvretés inutiles
Si tu ne le perçois qu’au tumulte qui t'agite
Si tu n'entends sourdre l'orchestre de ses racines
Si tu ne suis la partition allègre de ses bois

S'il ne t'enivre d’aventures promises
S'il ne creuse en toi des sillons inconnus 
S'il ne ruisselle en toi de forces contenues
S'il n'ouvre à fonds perdus les trésors de ta joie

Alors vaine est ta course
Infertile ta solitude      
Infructueux ton poème
Stérile le sentier parcouru


Jean Lavoué





.

mardi 29 mars 2016

.





















Le maître est un enfant
Qui prodigue en marchant le chant qui le possède
Un poète aux mains nues
Que l’instant gratifie           
Un artisan d’amour
Un maître en pauvreté
Un homme qui parle aux arbres
Aux épis aux étés
Un passant de plain-pied
Avec la joie du monde
Un homme simplement là
Un proche un éveillé
Une voix pour ouvrir
Toutes les plaines du cœur
Un silencieux qui brûle les cloisons de la peur    
Un jardinier complice un livreur de printemps
Un déchiffreur du Livre dans les greniers du jour
Un paysan qui parle avec les graminées 
Un souffleur de tempêtes
Un bénisseur d’orages
Un petit frère de l’ombre
Un délivreur du souffle dans les tavernes de l’âme
Un gamin de la nuit qui nous cherche à tâtons
Un sculpteur aux mains libres dans le feu de l’instant
Un déchiffreur de signes un amoureux nomade
Un clochard dont le chant décroche les étoiles
Un romancier du vent un raconteur d’histoires
Un caresseur d’ailes
Un baptiseur de fleurs
Un familier d’oiseaux
Un crieur de nouvelles
Un feu de papillons
Dans les essaims de l’aube


Jean Lavoué







.

lundi 28 mars 2016

.



















Je suis Celle que rien n'arrête

Je suis Celle qui arrache aux morts leurs bandelettes

Je suis Celle qui entre en trombe par les fenêtres ouvertes

Arrache les rideaux, décroche les volets


Je suis Celle qui n'a peur de rien

Qui se lève et clame son indignation,
sa colère devant les scandales du mépris



Je suis celle que même la mort n'a pu faire mettre à genoux et

Qui court en enjambant les ruines


Je n'ai jamais stagné

J'ai reçu la vie de tous ceux et de toutes celles que j'ai aimé et que j'aime

Ils marchent pieds nus dans mes rêves

Ils dorment à l'ombre de mes cils

Jamais où je suis ils ne sont pas

Je suis Celle que le monde sans cesse éblouit
Jamais je n'ai laissé l'indifférence me gangrener

J'aime ouvrir les yeux des aveugles

Comme des âmes ailées m'ont ouvert les miens
Et je porte le flambeau de la mémoire des hommes et des femmes dont je suis le témoin vivant.

Christiane Singer
Extraits d’un texte cité par Léonard Appel in « Montre-toi vivant », Editions Le Passeur, 2014

vendredi 25 mars 2016

.













                     Marc Chagall  La Création de l'homme


Rien pour Lui
Sur l'arbre foudroyé

Les mains vides
Le coeur abandonné

Que cet immense don 
Aux sources du Vivant

Un ciel ouvert
À notre démesure

Toutes les branches
D'un printemps crucifié 


Jean Lavoué


























.




mardi 22 mars 2016

.




















 

Un enfant migrant à Idomeni, cul-de-sac de la route des Balkans, rend un hommage émouvant aux victimes des attentats de Bruxelles. Photo prise le 22 mars par un journaliste de L'AFP, Andrej Isakovic, basé à Belgrade (Le Parisien)


O Miséricordieux 
Cette offense au Vivant
Et ce sang sur nos mains
Et nos peines germées 
Et la marque des clous
Et nos chagrins levés
Et cette entaille vive 
Dans la mie de nos pains

Nous étions de ce monde
Une forêt immense
Qui cherchions au-dedans
Notre sève commune
Au plus près de nos branches
Un soleil généreux  
Et du bout de nos doigts      
Un ciel à visiter 

Nous ne désirions  plus
Ce crime au nom des Cieux
Cette foi dos courbée
Mais celle qui nous sauve 
Nous laissions nos racines
Enfin nous redresser 

Comme un vol de colombes
Notre cœur ne fait qu'un
Comme un matin blessé
Un bouquet qui fait mal 
Une cime coupée 
Comme un chant qui veut vivre
Un printemps à aimer.


Jean Lavoué, 22 mars 2016








.
.













S’ils t’amenaient à douter
De l’humanité qui est en toi
Alors ils auraient réussi leur crime 

S’ils plantaient dans ton cœur
Les couteaux de la haine
Alors le sang de leurs victimes aurait fleuri pour rien 

S’ils te faisaient désirer
Plus la guerre que la paix
Alors ils auraient su t’amener sur leur propre terrain !

Contemple avec tes larmes
Combien tu peux te fourvoyer toi-même
En leurs sombres desseins 

Arrache les épines ôte la poutre
Vois et regarde l’humanité blessée qui est en toi 

Ne sois plus le terreau
De leur geste violent qui arrache et détruit
Mais cette terre où n’étant rien
Grandit en toi l’Amour
La Voie la Vie et le Chemin !


Jean Lavoué 16 novembre 2015













.

dimanche 20 mars 2016

.




















J'ai voulu que la lumière
Devienne mon amie

Elle a pactisé avec les ombres
Elle a soufflé sans hâte
Sur les braises de mon âme

Elle a laissé le jour
S'élargir peu à peu

Puis consolant
Ce qui était perdu
Elle m’a fait le cadeau
De demeurer en moi.


Jean Lavoué



























.

vendredi 18 mars 2016

.




















L'état de poésie
Tu le guettes impassible
A l'angle du chemin

Mais déjà il t'échappe
Il se fraie un passage
Là-bas dans les fourrés
Tu ne le saisis pas

Reste sa trace vive
Son éclair espéré
La marque de ses doigts
Sur tes vitres embuées

Son empreinte gravée
Sur ton cœur amoureux
Son geste silencieux
Sur tes lèvres scellées.


Jean Lavoué


























.

mardi 15 mars 2016

.



















Que la lumière soit
Ton chant ton gouvernail 
Ton matin de victoire
Ton ancre dans les nuées

Ta coque renversée
Ta lampe sur les flots
Ta lisière de mouettes 
Ton silence invoqué 

Le vol piqué des sternes
Ton cri dans les haubans
Ta voile éclaboussée
De tempêtes et d’étés

Tes grêles gorgées d’azur
Tes ajoncs tes œillets
Tes grèves aux yeux fertiles
Ta Bretagne aux traits nus

Ton élan ton secret
Ta province accourue
Ton regard horizon
Ton avril couronné 

Ton sillage au soleil
Ta marche sur les eaux
La neige de l'aigrette
Ton arche apprivoisée

Ton arbre vertical
Tordu par des vents fous
Ton mascaret d'amour
Ton fanal sous les eaux

Tes rumeurs tes varechs
Ta vie surgie des flots
Ta pâque sur les mers
Tes noyades exaucées

Ta chevelure d’algues
Tes côtes ensemencées
Ta province marine
Tes rivières apaisées


Jean Lavoué
[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]