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dimanche 30 novembre 2008






LE PEUPLIER

J'aime ta ligne d'amitié
Qui s'élance
En tremblant
Vers le ciel.

Ton chant, ta symphonie,
Ton parfum de prairie
Tes branches inondées
De matins mandolines,

Grand peuplier de paix et d'oiseaux
à prières,

Ta parole est nouvelle,
Source,
Regain de lumière.


Christine Guénanten




Un jour,
Tu approuveras peut-être sans bouger,
Sans hochement de tête inutile,
Toute cette vie qui circulait entre vous,

Plus légère
Qu’un air silencieux,

Plus vaporeuse
Qu’un parfum de printemps,

Plus tenace
Que le sol frémissant
Sous les étoiles d’hiver ;

Et tu reconnaîtras
Votre commune présence
A ce signe intangible,

Comme on pose ses lèvres
Sur un front de nouveau-né,
Lui confiant à cet instant le monde
En sa fragile gravité.





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samedi 29 novembre 2008









Tout ce qui s’efface
Ne garde-t-il pas la forme encore
D’une gloire éphémère ?

Et toi, parmi les hommes,
Ne conserves-tu pas l’empreinte
De ce qui fut tenu ?

Une maison vers le ciel,
Dont tu as reconnu les voûtes,

Alors même que ta trace s’égare
Parmi les feuilles, les mousses,
Sur le sol, oubliées.





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jeudi 27 novembre 2008




Têtes d’or, disait-il, tête d’or ;
Ou bien : Arbres, arbres !

Jean Sulivan




Un jour, le chant
Aussi simple qu’un arbre
Dressé vers le ciel,

Sans rime
Ni pourquoi ;

Comme un point d’exclamation
Qui justifie le monde !





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mercredi 26 novembre 2008









Un jour peut-être
Tu chercherais des mots,
Oublieux de la ferveur du simple,

Tu ne te laisserais plus écrire
Tu t’appliquerais à composer,

Tu n’écouterais plus le vent,
Son chant secret
Dans les ramures de l’âme,

Tu laisserais ruisseler sans joie
Les averses du silence,

Tu te fermerais comme un fruit
Dans l’attente de son jour,

Gagné malgré tout
Par l’éblouissement sans fond
Des racines !





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mardi 25 novembre 2008









L’arbre,
Tu sais qu’il porte son regard
En lui-même :

Il n’a nul besoin de confirmation,
D’encouragements,
De promesses,

Il se laisse transformer
Par la force qui le déploie.

Fils de la terre et du ciel,
Il confie son destin au vent
Dont il ignore pourtant tout de la voie.





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lundi 24 novembre 2008









Parfois ce qui affleure
De la nuit silencieuse
Voudrait être transcrit.

Tu cueilles les premiers mots
Comme on ouvre un jardin :

Le vieux portail désaccordé
Se perdait dans les herbes folles,

Tu n’as pas à beaucoup forcer
Pour entrevoir, désordonnée
La joie qui t’emporte
Dans un océan de couleurs.





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dimanche 23 novembre 2008







Là où souvent l’on désespère
quelqu’un en passant vous regarde
d’un regard qui dit
moi aussi

A moins que ce ne soit un arbre
qui fasse en silence des fruits

Azadée Nichapour





Ce qui parfois se détache,
Parce que tu n’as pas craint
D’en laisser mûrir le fruit,

Ces amours silencieux,
Graves à forces de se taire
Et qui soudain se perdent
Emportés dans le lourd secret
Accompli,

Te dépouillant de tout,
Te faisant seul gardien de la sève,

De ses promesses de fleurs.





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samedi 22 novembre 2008









Ce qu’autrefois tu nommais communion
Devenu la chair frémissante de tes jours,

Cette rencontre improbable
Autour d’un cœur qui bat,

Ce coin de ciel
Poinçonnant de bleu
Chaque douleur soumise,

Ces oiseaux égarés
Trouvant abri
Au plus vaste de toi,

Ce parfum unique
Annonciateur
D’un si prochain printemps.





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vendredi 21 novembre 2008









Tu aimes cette parole gravée
Dans les veines de l’âme,

C’est le poème au fond
Que tu voudrais extraire
Comme la sève secrète,

Rejoindre l’endroit
Où le cœur bat.

De tous les livres
Que tu as touchés,
Dont tes doigts ont caressé l’écorce,

Seul demeure celui dont les silences
Sont encore à venir.





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jeudi 20 novembre 2008






Le jour
Où tu accepterais d'être
Ce va-nu-pieds des mots,

Soudain démuni,
Planté dans leur lumière,
Tu franchissais les parapets du ciel.

Marcheur insoumis,
Proche des autres arbres,
Ne retenant ni ombre ni nuages,
Les jours t’inventaient des clairières,

Et tu faisais juste un peu l’expérience
D’être ce prince sans royaume,
Gardien de l’éclaircie,

Enfant de cette terre,
Ebloui.




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mercredi 19 novembre 2008









Ecrire,
Laisser passage au poème,
Cette toute petite école
De croissance
Quotidienne,

Tentant de dire
Le peu que tu as saisi,
Les mains posées
Sur l’écorce rugueuse du temps,

Voyageur immobile,
Devinant la sève
En son cortège lent,
Invincible,

Capable de rumeurs
Et de vent.





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mardi 18 novembre 2008









Arbre,
Mon frère silencieux,
Tu prolonges le chant des hommes.

Ta prière
Est sans repos,

La nuit, le jour,
Transparente à tant d’oiseaux,

Tes paumes sans cesse
Cherchant le ciel,

Ton cœur posé
Contre l’oreille de la terre.





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lundi 17 novembre 2008









L’arbre,
C’est du temps
Dont la vie se rappelle,

Des traces,
Des hivers, des promesses,
Des cicatrices, des élans,

Une soif inaccomplie
D’atteindre le ciel,

C’est de la vulnérabilité
Admise,

Un désir
Qui ne s’arrête pas !





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vendredi 14 novembre 2008




Se cacher.
Non pour régresser.

Au contraire.
Pour grandir,
S’élargir.

Chaque jour se convertir
A la religion
De la grande lenteur.

Gabriel Ringlet






Parfois l’arbre se tait.
Il doit refaire ses forces.

Il sauve la mémoire
Des printemps enfouis.





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jeudi 13 novembre 2008




Plein de mérite,
Pourtant c'est poétiquement
Que l'homme demeure sur cette terre.

Hölderlin





Aujourd’hui encore,
Tu n’as d’autre choix
Que de te loger
Dans le creux de l’arbre
Où ta vie fleurit !




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mercredi 12 novembre 2008









Rien n’est écrit d’avance
De ce qu'il te faut découvrir.

Qu’advienne, imprévu,
Ce qui doit advenir
Et tu entends résonner
Tout au fond de l’être
L’écho puissant qui t’appelle !

Ce qui est vient à toi
Par la seule force de ton abandon.

Il est en toi un témoin silencieux
Qui acquiesce continument à ta joie.





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mardi 11 novembre 2008









Te souviens-tu du poète
Qui ne s’attendait à poser
Que quelques pas sur cette terre,

A ne jamais franchir
La barrière de l’octroi,
Ni à dépasser l’allée sage du calvaire ?

Est-ce lui qui t’a mis ainsi
Des souvenirs d’enfance plein la tête ?

Te serais-tu laissé gagner
Par le feu qui couvait
Sous son pupitre d’écolier,

Et par ses mains
Qui sentaient bon le thym
Et la colle de menuisier ?

S’il est des anges sur la terre,
Tu sais que tu peux compter sur lui,
Et sur ses beaux jets de pierre
Dans les vitraux écarquillés :

Le monde est bien plus pur
Quand il ne se laisse pas regarder
A l’envers.





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lundi 10 novembre 2008









Tu vis entouré d’arbres
Et tu ne le sais pas.

Le pupitre où tu écris
De quelle lointaine forêt
T’apporte-t-il l’ombrage,

Et ces milliers de livres,
Comme des oiseaux trop sages
Qui ne savent plus qu’ils ont su voler !

A quoi bon caresser tes meubles,
A quoi bon soulever l’archet
Si tu oublies la musique familière
Du vent dans les feuillages !





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dimanche 9 novembre 2008





Plus loin on pousse,
Plus personnelle,
plus unique devient une vie.

Rainer Maria Rilke






Toute une vie
Pour devenir compagnon de l’arbre
En son possible enfouissement !

Résidents définitifs
De la terre,
Familière,

Aussi proches l’un de l’autre
Que l’enfant au berceau !





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samedi 8 novembre 2008









L’arbre
Est la plus pure école
Du silence,

Sa plus belle énigme,
Son fruit merveilleux,
Son plus long mystère :

Frères tous deux
De l’origine,

Proches voisins
De l’univers.




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vendredi 7 novembre 2008









Si tu ne devais sauver qu’une chose,
Emporte la clairière :

Elle seule te réconciliera !

Laisse derrière toi
Tous ces trésors inutiles !

Seule l’âme légère
Peut gagner la lumière !





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jeudi 6 novembre 2008









A te courber vers le mystère,
Tu t’approchais des fleurs,
Des herbes, des insectes,
De tous les secrets de la terre,

Et tu ralentissais l’allure
Jusqu’à ne plus sentir
Que le frôlement du vent
Sur les paumes du ciel.

Tu apprenais lentement les prières
Que l’on récitait autrefois debout,
L’âme légère,
Le cœur tourné vers la clairière,

Et tu n’avais d’autre choix
Que d’assouplir encore l’espace
Qui te séparait de toi.





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mercredi 5 novembre 2008








Peut-être n’est-ce pas écrire
Que de chercher ainsi le simple,
La branche s’ouvrant d’elle-même,
La feuille toujours voulue,

Peut-être n’est-ce même pas rêver
Que de poser ces mots, signes muets
Sur la margelle de son établi ;

Mais je ne sais rien d’autre
Que ces rumeurs d’enfance :

Je cherche encore à balbutier,
Etonné, les premières notes
Comme un jour on se dresse,
Posé dans l’axe de ses pas.






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mardi 4 novembre 2008



Le Royaume de Dieu est semblable
A un grain de sénevé qu’un homme
A pris et jeté dans son jardin ;

Il croît et devient un arbre,
Et les oiseaux du ciel
S’abritent dans ses branches.

Jésus






Ce que tu es devenu,
Non par vouloir,
Mais par fidélité silencieuse
A la force qui te tirait,

Lente, paisible, inexorable,
Familière de l’inouï
Et du chant ténébreux,

Capable de renouer les fils perdus,
De déchiffrer les écritoires du soleil,
D’inventer des charades
Que découvraient les oiseaux du ciel,

De résoudre l’énigme
Sans cesse renaissante.





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lundi 3 novembre 2008



La Chesnaye, allée de la chapelle, 2 novembre 2008





Ce qui reste de toi,
Ce parfum si furtif,
Cette gloire effacée,

L’azur en un sanglot parfait,
Et au matin cette beauté
Humectant chaque feuille,
Chaque brin d’herbe,
Chaque insecte,

Le bonheur d’être là
En ce monde où tu as rêvé,
Ta joie comme une enfance
Dessinant des soleils,

La couronne des arbres
Portée comme un diadème,

Tes pas n’en pouvant plus
D’entrecroiser mes pas,
Ta joie n’en finissant pas
De surprendre la mienne.





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