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dimanche 30 avril 2017

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Il y a dans le Chant
Plus que crépitement de flamme,                                        
Davantage que brassées de blanches floraisons                      
Ou même que feu roulant de galets dans la mer.

Il y a dans le Chant
Infiniment plus qu’étoiles nous ouvrant le chemin,
Qu’une auberge perdue tout au bout de la nuit
Ou que l’âme d’un peuple en avance
Sur l’inconnu de son destin.

Il y a dans le Chant,
Quand l’espace devient signe,                                  
Au plus troublant de la clairière,
Là où le pas se fait allègre,
Un grand soleil qui vient nous visiter.

Il y a dans le Chant,
Plus caché que dans la moindre graine,    
Une folle rumeur d’amour,
Une caresse au goût d’abeille,
Un secret matin de printemps,
Une promesse déjà tenue,
Un royaume au goût ardent,
Un souffle de tendresse venu nous relever.


Jean Lavoué
Photo : Jackie Fourmiès


















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samedi 29 avril 2017

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La musique de l’âme

Jean Lavoué, dans son dernier livre, « Ce rien qui nous éclaire », nous donne à lire, ou plutôt à entendre la musique de l’âme. Il me faut dire aussi que notre poète, avec ce recueil, ouvre brillamment une nouvelle maison d’édition qu’il vient de créer sous le beau titre « L’enfance des arbres ».

Au pied de l’arbre, c’est un rouge-gorge qui sautille. Une petite tache de sang sur la terre noire, un petit cœur qu’on entend battre sous un bouquet de plumes. Battre, battre au rythme, n’en doutons pas, d’un amour infini, tel le signe visible d’une invisible présence. Ce rien qui nous éclaire, cette infime tache de sang, est en définitive tout. Vos poèmes, cher Jean Lavoué, nous le font comprendre.

Cette petite tache qui tressaute, comme la flamme d’une lampe Pigeon une nuit de tempête, nous permet de lire d’intimes paysages et d’éclairer un monde insoupçonné afin de nous y accorder. « L’invisible nous tutoie », nous laisse des messages secrets sur « le sable des heures » et notre poète se fait traducteur du silence pour nous conduire, tout droit, vers « Des soleils inattendus ».

Les poèmes de Jean Lavoué nous confient les codes pour… « trouver le passage / Vers le royaume secret ». Un royaume où le soleil dépose, chaque matin, son fruit mûr dans la paume ouverte du jour. « Ce rien qui nous éclaire » est à placer sur notre table de chevet telle, autrefois, la lampe qui accompagnait notre enfance. Il nous donnera à entendre des paroles de silence. Il entourera de fraternité nos veillées inconsolées. Il peuplera notre solitude de mille chants d’oiseaux. D’un éclat de lumière il mettra le feu aux ténèbres.

Comme le poète Gilles Baudry, c’est avec infiniment d’empathie que j’ai poussé la porte des mots et que je suis entré, sur la pointe du cœur, dans un jardin de lumière qui ressemblait à un battement d’ailes. Une lumière qui scintillait sur les frêles pétales d’un coquelicot et qui suffisait à entraîner un cœur sur le chemin des larmes.

Ce rien qui nous éclaire, Jean Lavoué le fait luire dans l’herbe de sa poésie. Mais il nous prévient, « la poésie ne se trouve pas d’abord dans les livres ». Elle est là, partout, autour de nous, en nous mais c’est le livre qui nous donnera ce regard d’enfant toujours ébloui par le départ soyeux d’un envol de ramiers ou par la tendre fougère battant la mesure à l’entrée de la forêt des mots. Voilà bien un livre qui nous invite, sous la neige du poème, dans le blanc de la page, à écouter battre le cœur du silence. Ce rien qui nous éclaire est la petite graine, la toute petite graine qui deviendra un arbre immense et qu’on appelle la foi.

Jean-Claude Albert Coiffard, Avril 2017



Jean Lavoué, Ce rien qui nous éclaire, Préface de Gilles Baudry – Ed. L’enfance des arbres, Hennebont, avril 2017. 13 euros (16 euros port compris : 3 place vieille ville, 56 700 Hennebont jlavoue@gmail.com)

dimanche 23 avril 2017








Dois-je le dire du fond de ma Bretagne,
Du creux de nos sillons,
Au large de nos grèves,
Dois-je l’écrire et le chanter         
En mots même sans rimes,
Soulevés par les embruns et les ciels de l’été ? 

Dois-je le crier du haut des phares et des tempêtes
En tutoyant les toits de nos bourgs de granit,
Dois-je le danser avec les oiseaux libres,
A l’abri de nos ports,
Aux flancs de nos remparts que caresse l’azur,
Au large de nos landes et de nos pierres levées ?

Nous ne voulons plus de murs
Ni de clameurs guerrières, 
Mais seulement des ponts jetés,
D'une rive à l'autre de nos misères,
Aux quatre vents de l'humanité !

Nous ne voulons plus de ces haines aveugles,
De ces vertueux pleins d'envies,
D’un dieu corseté par les uns,
Dressé comme un étendard par les autres, 
Soulevé comme une bête de foire, 
Au gré de leurs humeurs mauvaises !

Nous trouverons passage sans eux
Vers des îles nouvelles
Et ce seront terres d'avril,
Espaces de création où tous seront conviés
A offrir leurs chants, leurs génies et leurs jeux.

Nous n'irons pas seuls au rendez-vous
Mais ensemble,
Et nous ferons de ce pays printemps d'accueil
Et soif d'avenir 
Où il fera bon se dire encore heureux
Et fiers d'être d'ici.

La Bretagne sera dans le courant 
Des marées en partance,
Dans la voie de toutes ses mémoires,
Un soleil courageux,
Un ouvreur de chemin. 

Nous ne renoncerons pas
À la jeunesse de nos rêves,
Mais nous serons de tous ceux-là qui se tendent la main.

Nous serons vulnérables avec eux,
Par-delà les barrières,
Au delà des violences :
Un peuple juste au rendez-vous,
A l’heure exacte de son destin. 


Jean Lavoué

vendredi 21 avril 2017

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Désormais nous marcherons
Au pas des battements du cœur.
Nous ferons face à l’ennemi
Avec tranquillité et force.
                                     
Nous ne nous laisserons pas voler
Cela que nous avons frôlé de plus haut.


Nos rêves ne sont pas à prendre.
Nous n’éclairerons pas ce monde
Aux torches de la haine,
Mais nous protégerons la flamme de nos tendresses,
Nous ne tiendrons pas nos lampes
Sous le boisseau.


Jean Lavoué

























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mardi 18 avril 2017

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Nous allons prendre soin de toi en nous comme jamais…

Ami tu n'es plus là,
Et nous nous en voulons de t’avoir laissé partir ainsi.
Mais tu as aussi, sans le savoir, creusé en nous le mystère saisissant de ton absence.
Nous étions, certes, impuissants à te retenir et notre peine est immense,
Mais dans nos larmes vibre encore, lumineux,
L'éclat de tes silences,
La musique sans prix de ton sourire accompagnant nos matins.
Dans nos voix bouleversées résonne étrangement
Le chant sans limites de ta vie.

Tout au fond du chagrin
Nous sentons trembler mille fleurs d'affection
Et de tendresse pour toi,
Comme si tout ce par quoi tu nous manquais nous était redonné :
Tu es présent en nous désormais autrement.
Tu nous parles en grand secret, tout à l'intime,
Et peut-être même que tu nous protèges,
Comme la fougère, l’étoile ou l’olivier,
Si bien que nous communions toujours à ton être
Comme au plus clair de nous.

Nous t'éprouvons dans tout visage,
Dans toute main amie.
La nature nous parle de toi comme jamais :
Chaque arbre, chaque oiseau, chaque parfum, chaque rire d’enfant...
Le murmure de ton nom n'en finit pas de révéler en nous ses bourgeons.
Nous ne te verrons plus,
Nous n'aurons plus avec toi ces  doux échanges,
Ces évidences de nos joies communes et de nos tendres complicités,
Nous ne te serrerons plus dans nos bras, 
Mais nous allons prendre soin de toi en nous comme jamais. 

Nous savons, en effet, par toutes les fibres de notre être
Que tu fais à présent partie de nous
Et que nous ne pourrons pas t’oublier,
Toi qui as rendu pour nous ce monde plus habitable et plus humain.
Avec ta force en nous, nous te le promettons,
Nous nous efforcerons pas à pas, instant après instant,
De le rendre chaque jour meilleur et plus beau.

Jean Lavoué
Photo de Jackie Fourmiès


Texte écrit pour le livre Funérailles civiles, Mode d’emploi
De Camille Gouzien et Dominique Riquier,
Publié par Sophie Denis pour les éditions « Vivre tout simplement »
https://www.facebook.com/funeraillescivilesmodedemploi/?fref=ts

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dimanche 16 avril 2017

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Comment serais-tu entraîné dans Sa danse
Si ton chant ne se fait poreux à Sa lumière ?

Jean Lavoué




C’est une amie, Thérèse, qui vient de m’adresser cette photo, avec le récit de celui qui a trouvé un jour, guidé par quelle intuition, au cœur d’une pierre de plusieurs millions d’années, cette image de libération étonnante : Amédée Besset, auteur de livres et de diaporamas magnifiques, sur l’Aubrac en particulier :

« Le jour où je trouvais cette pierre ronde (appelée septaria par les géologues), je passais en voiture : j’allais vers Saint-Geniez ? Pourquoi ai-je porté les yeux vers ce tas de pierres ? Pourquoi depuis 180 millions d’années, la nature conservait-elle dans cet écrin de pierre cette ébauche si vivante en blanc sur fond noir, utilisant pour la tête un coquillage et pour le corps une cristallisation de calcite pure ?

Un tout petit exemple, en passant, de tous ces pourquoi dont notre chemin est jalonné : telle rencontre pourquoi ? telle parole, tel sourire, tel silence… pourquoi ? Telle joie, telle épreuve… pourquoi ? Et cette image même, trouvée à l’endroit précis où le fil de la scie avait coupé la pierre, pourquoi ?

Le hasard ou bien une présence aimante qui met sur notre route des signes souvent discrets ?

Nous ne savons pas voir… Comme Marie-Madeleine, nous le prenons pour le jardinier ; comme les disciples d’Emmaüs pour un étranger. Thomas, lui, eut besoin de toucher pour croire… Et nous ? »

Voici, en résonance, cette courte prière de gratitude de Teilhard de Chardin, mort en exil à New-York le jour de Pâques 1955. Elle est extraite d’ « Hymne de l’univers »… Mais chaque phrase de son œuvre pourrait aussi être un commentaire profond de cette mystérieuse découverte d’Amédée…

« Merci, mon Dieu, d’avoir, de mille manières, conduit mon regard, jusqu’à lui faire découvrir l’immense simplicité des Choses ! Peu à peu, sous le développement irrésistible des aspirations que vous avez déposées en moi quand j’étais encore un enfant, sous l’influence d’amis exceptionnels qui se sont trouvés à point nommé sur ma route pour éclairer et fortifier mon esprit, sous l’éveil d’initiations terribles et douces dont vous m’avez fait successivement franchir les cercles, j’en suis venu à ne plus pouvoir rien voir ni respirer hors du Milieu où tout n’est qu’un. »

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[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]