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dimanche 25 février 2018

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Maintenant que le rythme
Se fait lumière en toi

Tu n’as plus à marcher
Vers le lieu de ton repos

Tu épouses l’instant
Des solitudes vives

Toute présence t’est familière
Te voici à jamais
Dans l’enfance du Chant

L’oiseau te rejoint
En ton assise lente

Les couleurs te respirent
Le silence est ta voix

Aucun mot ne t’ignore
Qui se souvient de toi


Jean Lavoué
17 février 2018




























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vendredi 23 février 2018

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Ecrire c’est ne rien oublier de ce que le monde oublie.

C’est possible qu’il y ait tout un peuple derrière moi…

J’ai toujours pensé que l’écriture était une manière de rendre quelque chose à quelqu’un à qui ça avait été volé : la parole et par la parole la vision, l’éblouissante vision de la vie, celle de chacun.

Mon travail je l’ai toujours perçu comme cela.

Surtout ne pas laisser la mort écrire le livre.

L’écriture est l’ange gardien de nos vies.
Elle garde ce que nous ne savons pas garder.

Ce qui n’est pas écrit se perd comme de l’eau qui tombe dans du sable…

Il y a un bon silence, c’est celui de la neige, c’est celui d’une bougie,  c’est celui des poèmes ;
Et puis il y a un mauvais silence, c’est celui qui laisse fleurir une blessure depuis longtemps faite et qui la laisse croître.

L’écriture c’est un principe de respiration et de délivrance.

Mon enfance, c’était une cour, déjà presque la disposition d’une page…

L’écriture, c’est toujours aller chercher dans la gueule du feu la perle de fraîcheur qui s’y trouve.
L’écriture est à son zénith quand elle éclaire les sans-visages.

Ce qu’on imagine être dehors, en fait est dedans.

La solitude est le lien le plus profond aux autres.
La solitude est cette cour d’école en chacun où nous pouvons nous retrouver et jouer ensemble.
Le monde, c’est la salle de classe. Ça ne rigole pas. C’est l’ennui…
La solitude dont je vous parle, c’est le délassement, vous quittez l’argent, le savoir, même vos métiers, vous êtes dans la nudité interne qui est celle de l’âme.
Les âmes c’est juste des enfants qui jouent.
Imaginez une cour d’école où vous n’avez plus rien à craindre. Vous n’avez que des amis.
La cour d’école dont je parle, c’est une page de papier… On peut s’amuser là, on peut s’entendre, on peut se croiser et même on peut se rencontrer.
Il n’y a rien de plus beau que de se rencontrer.

Il n’y a qu’un millimètre entre le paradis et nous.
Seuls, nous n’arriverions jamais à le franchir…

Je sais exactement ce que le monde détruit avec notre concours, du moins avec notre consentement…
Le monde n’est qu’efficacité.
Lui obéir, c’est arracher cette divine maladresse que nous avons au fond de l’âme et qui est la pudeur même… tout ce qui est réellement précieux et maladroit, timide, hypersensible… Nous sortirons vainqueurs de cette épreuve.

C’est par distraction que nous n’entrons pas au paradis de notre vivant.

La vraie force, c’est notre faiblesse, c’est notre misère.
Le mal a toujours pour l’œil le plus grand prestige.

La guérison réelle de nos plaies, c’est l’amitié.
Le secret, la conversation intime, amicale, touche aux racines de la vie et les fortifie.
C’est toujours quelque chose de l’invisible qui nous soigne, qui nous répare.
C’est toujours quelque chose de spectaculaire qui nous abîme.

Restons dans cette vie et c’est dans cette vie qu’il y a des résurrections !
Il s’agit d’amour simplement, pas de religion…
C’est un secret qu’il faut garder pour soi…

Nos armures servent à nous protéger contre la vie, pas contre la mort comme nous le croyons.

Il y a une vie qui ne s’arrête jamais et elle est impossible à exprimer… Elle fuit comme l’oiseau…

Ce qui peut être expliqué ne mérite pas d’être compris.



Christian Bobin
In La foi d’écrire avec Christian Bobin.
Documentaire à retrouver intégralement dans l’émission du Jour du Seigneur diffusée sur Antenne 2 le dimanche 18 février 2018 entre la  3ème et la 28ème minute…

mercredi 21 février 2018

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Ces carnets de lumière
Dessinés sur la nuit

Tu les destines à l’aube
Aux matins de printemps
Aux rives gorgées d’absence

Aux constellations du silence
Aux fleuves aveuglants

Quand la joie nous fait signe
De toutes ses fenêtres

Quand l’horizon grandit
Au rythme de chaque pas

Jean Lavoué
20 février 2018






































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dimanche 18 février 2018

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Vous confier cette joie...
Le poème s'est à nouveau invité hier,
Jailli généreusement de source.

Je me suis inspiré pour cela
De la mise en page de "Chant ensemencé"
Réalisée par Nathalie Fréour :
Une écriture, des dessins blancs
Où la lumière surgit de nuit.

Il m'a suffi de saisir mes craies d'enfance
Pour accueillir sur ces feuilles d'un noir intense
Chacun des mots qui se donnait.

Ce sont ces chants posés
Sur l'ardoise des jours
Que j'espère partager avec vous
Au cours des semaines à venir.

Avec reconnaissance et gratitude.


Jean Lavoué



































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vendredi 16 février 2018

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De François Cheng…

Février 2018
Instant miraculeux : d’ouvrir l’enveloppe, s’offrit à ma vue votre album couleur de nuit peuplé d’arbres aux traits blancs, alors que, au même moment, me surprit, par la baie vitrée, la vue du parc voisin enneigé où les hauts arbres dénudés élevèrent la blancheur terrestre jusqu’au ciel. La vie ensevelie, la vie ensemencée. Une seule vérité n’en finit pas de se renouveler, de renaître de ses cendres : la Vie.
Cette vérité, elle est dite de façon combien émouvante, combien convaincante, par les chants de Jean Lavoué. Ce vrai chantre, ce grand témoin, à l’heure indécise, bien avant l’aube, nous arrache de notre sommeil, nous disant : « le matin t’est confié, / un soleil s’ouvre en toi, » « le souffle, sans un mot / saura bien te guider / vers l’espace ouvert / où ton chant est gravé, » « Le chant, c’est notre vraie déroute / Quand nous ne savons où aller, / notre foi sans écho / nos murs et nos œillères / jusqu’à cette fissure / qui soulève la pierre, / ce fleurissement de femme, / ce printemps des lisières, / cette voix reconnue, / ce prénom murmuré. »
Transmettez, chère Nathalie, mes salutations reconnaissantes, à l’âme noble et généreuse qu’est Jean, l’Ami.
F. Cheng
Lettre du 12 février adressée à Nathalie Fréour à propos de « Chant ensemencé »






Chant ensemencé, poèmes de Jean Lavoué, dessins de Nathalie Fréour, éditions L’Enfance des arbres, 60 pages, grand format à la française 21x29,7 cousu. Commandes à adresser à Jean Lavoué, L’Enfance des arbres, 3, place vieille ville, 56 700 Hennebont. 22 euros + 4 euros de port.




mardi 13 février 2018

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De quel silence
A jailli cet autre chant,
De quelle obscurité
Cette lumière ?

Un homme, rien qu’un homme,
Sûr de son destin,
Un homme dont l’amour s’est mué sans raison        
Sous le pressoir des jours.

Un homme appauvri
Par les vendanges de l’aube :
Rien dans les mains,
Le cœur abandonné
Au désert de la nuit.

Un homme qui se tait,  
Greffé telle une grappe
A la parole qui ne se dit pas
Mais au-dedans se respire.

Un homme confiant
Dont le souffle est murmure,
Espérant cette alliance promise,  
Cette douceur jaillie
Il ne sait quand de vigne.    

Tendresse scellée sur les rameaux de l’âme,
Vin partagé comme une enfance,
Passion sans faille,
Présence ténue à ses côtés.


Jean Lavoué, 10 février 2018

























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samedi 10 février 2018

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Et si l'oiseau se tait un jour
alors son chant sera connu



Jean Lavoué
Soleil des grèves
Ed. Calligrammes, Quimper 1996





















































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mardi 6 février 2018

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Le « chant ensemencé » de Jean Lavoué et Nathalie Fréour



   « Maintenant que le temps m’est compté ». C’est le terrible aveu de Jean Lavoué au cœur de son dernier livre Chant ensemencé. Poussé par la nécessité (et quelle nécessité !), il nous livre ici un ouvrage pétri à la fois de joie et de douleur (retenue) sur cette vie qui bouillonne plus que jamais en lui. Livre écrit sur son lit d’hôpital à Lorient ou en convalescence dans sa bonne ville d’Hennebont, livre que l’on espère - du fond du cœur - ne pas être son dernier.

  Car Jean Lavoué n’en aura jamais fini de nous dire ce qui l’anime. Sourcier, veilleur, homme de l’Exode (celui qu’il a magnifié dans ses livres sur Jean Sulivan), il nous parle aujourd’hui de « la maladie tapie/Sous la faiblesse des mots ». Mais il le fait sans amertume, plutôt plein de gratitude sur ce que la vie lui a apporté et lui apporte toujours. « Si le temps est compté/Arrêtons donc les heures/Pour en faire un festin ». Festin du « bréviaire des saisons ». Festin des « graviers du chemin ». Festin des « Rives sans souci » du côté du Blavet et du Scorff.

  Pour l’accompagner dans cet exode d’un autre genre, il retrouve les auteurs qui lui sont chers comme Etty Hillesum (« J’aime ta douce incandescence/et ton exacte jeunesse ») ou encore René Guy Cadou (« Il allait tête nue dans les champs/Vers cette joie enfin conquise »). Et puis, un jour, il y a cette « enveloppe de verdure et d’amitié glissée le 21 juillet dans la boîte aux lettres » par Christian Bobin. L’écriture de Jean Lavoué est pétrie de tout cela. D’une fratrie d’auteurs lus et relus pour qui « rien ne subsistera/Sauf cette soif d’aimer ».

   Passant du « je » au « tu », du « tu » au « je », l’auteur ne manque pas aussi de nous parler comme à des frères. « Trouve le lieu de ton repos/Laisse-toi traverser » (…) « Fais confiance à ta nuit/Laisse germer le silence » (…) « Ne s’en remettre à rien d’autre/Qu’à la nudité des branches ». Il nous dit avoir écrit ces mots, ces lignes, tel jour à telle heure (7 h 15, 6 h 14, 2 h 20, 3 h 14, 7 h 34 …) depuis le 21 mai 2017. Oui, Jean Lavoué fait bien partie, lui aussi, de ces veilleurs dont il parle au début de son livre, « bergers d’un feu qui ne faiblit pas ». Et pour le dire il a trouvé la belle lumière qui émane des dessins « blancs » de Nathalie Fréour. Avec le poète et l’artiste, on entre véritablement dans un univers où « tout espace est béni ».
                                                                                              
 Pierre TANGUY.


Chant ensemencé, poèmes de Jean Lavoué, dessins de Nathalie Fréour, éditions L’Enfance des arbres, 60 pages, grand format à la française 21x29,7 cousu. Adresser les commandes à Jean Lavoué, L’Enfance des arbres, 3, place vieille ville, 56 700 Hennebont. 22 euros + 4 euros de port.



















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