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mardi 6 février 2018

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Le « chant ensemencé » de Jean Lavoué et Nathalie Fréour



   « Maintenant que le temps m’est compté ». C’est le terrible aveu de Jean Lavoué au cœur de son dernier livre Chant ensemencé. Poussé par la nécessité (et quelle nécessité !), il nous livre ici un ouvrage pétri à la fois de joie et de douleur (retenue) sur cette vie qui bouillonne plus que jamais en lui. Livre écrit sur son lit d’hôpital à Lorient ou en convalescence dans sa bonne ville d’Hennebont, livre que l’on espère - du fond du cœur - ne pas être son dernier.

  Car Jean Lavoué n’en aura jamais fini de nous dire ce qui l’anime. Sourcier, veilleur, homme de l’Exode (celui qu’il a magnifié dans ses livres sur Jean Sulivan), il nous parle aujourd’hui de « la maladie tapie/Sous la faiblesse des mots ». Mais il le fait sans amertume, plutôt plein de gratitude sur ce que la vie lui a apporté et lui apporte toujours. « Si le temps est compté/Arrêtons donc les heures/Pour en faire un festin ». Festin du « bréviaire des saisons ». Festin des « graviers du chemin ». Festin des « Rives sans souci » du côté du Blavet et du Scorff.

  Pour l’accompagner dans cet exode d’un autre genre, il retrouve les auteurs qui lui sont chers comme Etty Hillesum (« J’aime ta douce incandescence/et ton exacte jeunesse ») ou encore René Guy Cadou (« Il allait tête nue dans les champs/Vers cette joie enfin conquise »). Et puis, un jour, il y a cette « enveloppe de verdure et d’amitié glissée le 21 juillet dans la boîte aux lettres » par Christian Bobin. L’écriture de Jean Lavoué est pétrie de tout cela. D’une fratrie d’auteurs lus et relus pour qui « rien ne subsistera/Sauf cette soif d’aimer ».

   Passant du « je » au « tu », du « tu » au « je », l’auteur ne manque pas aussi de nous parler comme à des frères. « Trouve le lieu de ton repos/Laisse-toi traverser » (…) « Fais confiance à ta nuit/Laisse germer le silence » (…) « Ne s’en remettre à rien d’autre/Qu’à la nudité des branches ». Il nous dit avoir écrit ces mots, ces lignes, tel jour à telle heure (7 h 15, 6 h 14, 2 h 20, 3 h 14, 7 h 34 …) depuis le 21 mai 2017. Oui, Jean Lavoué fait bien partie, lui aussi, de ces veilleurs dont il parle au début de son livre, « bergers d’un feu qui ne faiblit pas ». Et pour le dire il a trouvé la belle lumière qui émane des dessins « blancs » de Nathalie Fréour. Avec le poète et l’artiste, on entre véritablement dans un univers où « tout espace est béni ».
                                                                                              
 Pierre TANGUY.


Chant ensemencé, poèmes de Jean Lavoué, dessins de Nathalie Fréour, éditions L’Enfance des arbres, 60 pages, grand format à la française 21x29,7 cousu. Adresser les commandes à Jean Lavoué, L’Enfance des arbres, 3, place vieille ville, 56 700 Hennebont. 22 euros + 4 euros de port.



















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