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vendredi 31 juillet 2009









Lorsqu'un corps
hérite de son âme
il devient lourd
dense
charnel
Il saura griffer
de blessures profondes
la matière de la vie

Il porte la marque indélébile
de sa naissance et de sa mort







.

jeudi 30 juillet 2009



Et si l'arbre tout entier devenait feuille
Et s'en allait goûter le ciel au fond de l'eau

N'y croiserait-il pas plus sûrement encore
L'arbre du soleil venant à sa rencontre






Le poème
seul
dit sans dire
buisson qui brûle
sans se consumer

Denise MÜTZENBERG



Le poème tu le suis
Tu n’irais pas dire
Ce n’est pas ça

Face au murmure d’une source légère
Tu ne vas pas commencer à contester

Il en va comme pour l’oiseau
Qui accepte partout
L’innocence de l’air
Et se laisse porter



L'écriture
C’est une grâce à prendre

Tu sens qu’il ne faut pas la refuser









.

mercredi 29 juillet 2009









Sable brûlant
Bois sec
Aiguilles mortes

Il suffirait d’une étincelle

Denise MÜTZENBERG







Nomade
Qui jamais ne connut
Les limites de son royaume

Capable de ne plus marcher
De ne plus écrire
Sans pour autant cesser de voir l’horizon

Et de rester ainsi des heures
Des jours dans la lumière du simple

Complice de l’empreinte effacée
De la clarté des traces

Ne renonçant jamais
Aux promesses de la mer









.

mardi 28 juillet 2009









Soudain les arbres furent étrangement beaux :
"Il a pris la forme des arbres", ai-je dit,
"Et moi d'une femme debout près d'un courant."
De ton nouvel état je me tenais si proche
Que je vis, comme tu le pourrais, un instant
Ces ramures abritant l'esprit dans son vol.
Toi et moi, dans les lointains voyages de l'âme,
Nous rappellerons-nous le sorbier, le torrent ?


Kathleen Raine






Qu’est-ce qui est premier
L’éclair du poème

Ou bien le ciel vide encore
Des promesses de l’orage

C’est dans l’attente nue
A ce qui va surgir

La pure acceptation
De la main disponible

Que jaillit parfois
Sans nuages précurseurs

La lumière blanche
Du possible







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lundi 27 juillet 2009








L'amour qui n'est pas toute douleur
N'est pas tout amour
Antonio Porchia
Voix



C'était un être d'une humilité exemplaire
Mais en même temps il avait cette chose irréfutable
Inentamable
Qui nous faisait penser aux arbres du centre
Ceux sur lesquels semble reposer toute la forêt
Roberto Juarroz (à propos d'Antonio Porchia)







Tu ne sais écrire autrement
Qu’adossé à ta solitude

Ou plutôt ouvert sur ta solitude
Celle qui vient
Qui se tient en avant

Comme une promesse de fruit








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dimanche 26 juillet 2009












La vie dessine un arbre

et la mort en dessine un autre

Roberto Juarroz







Pour François Le Quemener



L’arbre
Nous n’étions que quelques-uns
A le voir à le toucher

Mais qu’est-ce qui fait d’un homme
Soudain une telle trouée dans l’espace
Lorsqu’il disparaît

C'est ce Souffle en lui
Ce vide creusé de vif


Autour duquel sa force était nouée








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samedi 25 juillet 2009



Forêt d'araucarias au sud du Chili





Mardi
Pour le jour anniversaire de ta mort
La voisine m’avait préparé une surprise

Elle a fait abattre
Le bel araucaria
Devant lequel je méditais chaque matin

Incompréhensiblement
Au fil des jours l'amertume
Peu à peu s’est mêlée à la joie

Et quand je me tiens à présent debout
Face au mur nu que ne domine plus
Le grand orchestre végétal qui m’élevait

J’éprouve un peu plus encore
La densité de ton absence

Comme si elle faisait signe
Entre le ciel et moi
D’une promesse verticale







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vendredi 24 juillet 2009










C'est ainsi que tu es

Tu parles par ma voix
mes nuits sont tes silences
mes jours disent l'absence
dont tu me renouvelles

Tu guides vers ce qui est profond
tu ne veux rien de conforme
tu ne retiens pas l'apparence
tu es ce qui surprend

Tu sais la vie au-delà de la vie
tu orientes
tu montres le chemin

Tu es cette imperceptible vibration
ce très léger battement d'ailes
de l'éternité dans le temps

Tu ouvres mon aujourd'hui





Je partage avec toi la cinquième saison
La fleur la branche et l’aile au bord de la maison

Les grands espaces bleus qui cernent ma jeunesse
Sur le mur le dernier reflet d’une caresse

René Guy Cadou








Sur le mur du jardin
entre ombre et lumière
une rose trémière saigne

Le ciel est en voyage

Le poème soulève
les pierres de ta vie
scellées









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jeudi 23 juillet 2009









Toi qui parlais dans tes livres
de déchirures
de traversées matinales
de blessures ouvertes
dis-moi encore de tes mots libres
la joie ivre du passage

Sois le frère de ma voie







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mercredi 22 juillet 2009









Je transformerai le désert en étang
et la terre aride en fontaine.
Je mettrai dans le désert le cèdre, l'acacia,
le myrte et l'olivier sauvage;

Je mettrai ensemble dans la steppe
le cyprès, l'orme et les cèdres,

afin qu'ils voient et qu'ils connaissent
afin qu'ils observent et qu'ils comprennent
que J'ai fait ces choses, que Je les ai créées.

Isaïe, 41, 18 et s.







Cette lumière sur nos visages
c'était donc toi

Ce soleil partagé

Ainsi je chemine avec toi
je marche à la boussole
aimanté par l'absence

Les mots mêmes qui se taisent
m'enseignent

Je te devine
à la fraction du pain

La vie même partagée
pour relier l'indicible

Qu'à jamais ne se ferme la blessure







.

mardi 21 juillet 2009








ton absence en moi a ouvert une déchirure
mais cette plaie vive se tranforme en sillon
une fois passé l'averse des chagrins
qu'y planterai-je
un arbre
ou des fleurs inutiles cueillies sur le chemin?

Philippe Focioli
Routes de feuilles








Aucun mot
ne dira jamais
la joie apaisée du passage

Il y eut tant de douleurs
sur ces rives du monde

Tant de bonheurs
muets

Pour un printemps
qui ressuscite
je donnerais l'été
et l'automne
et l'hiver
et toutes les saisons dénudées
de mon cœur

Je couvrirais de renoncules
les terres obscures
de nos nuits







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lundi 20 juillet 2009













DOMAINE DE JOIE

Ecoute les feuilles des arbres dans ta tête
Ceci est ton domaine de joie

Tu ne fais, qu’un avec ta vie, tu t’assieds
Dans une ride du sourire de la terre

Tu es à même l’éternité


Jacques Bertin







Seule la parole qui germe
Est digne d’être rapportée

Que faire d’une assemblée de mots
A travers laquelle ne circule aucun souffle

Je n’ai que faire de vos dictionnaires
Je ne veux pas de vos poèmes fabriqués

Je cherche à entendre dans vos voix
L’empreinte de mes mains

Comme le potier cherche le vide
J’écoute dans vos phrases
Le silence me parler




















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dimanche 19 juillet 2009









J’aimerais trouver les mots
Qui disent encore l’empreinte

Gardiens du souffle
Et de la voix

J’aimerais que le poème
Côtoie un jour la prophétie

D’une ferveur patiente
D’une ignorance étoilée

*

Mais je prie
Je joue à la marelle
Dans les casiers du ciel

Je laisse filer
Tant de nuages

Je vais à cloche-pied
Par les vases et les grèves

Je cherche partout le coquillage
Qui me renverra l’écho
Du doux nom que je cherche

Je noue à mon poignet le cerf-volant
Dont le chant silencieux
M’emporte à tire-d’aile








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samedi 18 juillet 2009









Un livre
un poème
qui accèderaient
à l'art de la prière
seraient forcément pauvres
dénués d'éclat
simples refrains
balbutiés





*





La théologie
Des branches pour les oiseaux

La philosophie
Du sable pour les nomades

La parole
La terre ferme où je marche

Le souffle
Le sol où je suis fondé







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vendredi 17 juillet 2009









Ecrire
c'est laisser le vent
s'emparer de toi
Tu ne sais d'où il vient
ni où il va
tu suis la main
et son mouvement léger
de plénitude
sur l'abîme







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jeudi 16 juillet 2009









A CHAQUE VIE D'ETRE VECUE

Devant cet arbre immense et calme
Tellement sûr de son amour
Devant cet homme qui regarde
Ses mains voltiger tout autour
De sa maison et de sa femme

Devant la mer et ses calèches
Devant le ciel épaule nue
Devant le mur devant l'affiche
Devant cette tombe encore fraîche

Devant tous ceux qui se réveillent
Devant tous ceux qui vont mourir
Devant la porte grande ouverte
A la lumière et à la peur

Devant Dieu et devant les hommes
A chaque vie d'être vécue


René Guy Cadou







C’est une poésie d’enfance
Qui balbutie quelques refrains
Ecrits à l’encre bleue
Sous le pupitre de l’école

Tous les couplets ont disparu
Envolés comme par miracle
Dans le ciel clair

C’est une poésie d’amour
Qui se tient comme une jeune fille
Aux fenêtres

Sûre de la lueur qui vient







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mercredi 15 juillet 2009









L’arbre ne demande rien à personne
Pour occuper l’espace qui lui est confié

Il croît d’une lenteur parfaite
D’une sobre liberté

Il ne déroge jamais
A la poussée souveraine
Qui le fait devenir ce qu’il est

Il fait confiance au vent
A la pluie
Aux saisons qui l’ont vu naître

Il s’élance en avant de lui-même
Vers le pays qui lui fut indiqué







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mardi 14 juillet 2009









Si un chant te soulève
laisse faire le chant

Tu construis aujourd'hui même
une demeure pour la paix
aux cicatrices vivantes
comme des fenêtres
battant sur le large

Tu t'installes mendiant
dans le silence d'un amour
tu touches au centre de ta vie
comme à l'instant inconsolé
où tout s'éveille

Mourir se peut-il
éperdument joyeux







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lundi 13 juillet 2009









CLAIRIERE



La communauté mystérieuse
A laquelle je suis voué
Est fondée sur une absence

Il arrive parfois que tel ou tel membre
Oublie que le lien qui nous unit
Suppose cet espace vide

Toute la forêt alors se met à tanguer
Comme si le vent ne trouvait plus la place
Pour se glisser entre les troncs

Entre feuilles écorces et branches
Dans cet écart que nul ne peut posséder
Se tient le lieu de ma prière







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dimanche 12 juillet 2009









Ce qui nous fut transmis
Nous en ferons ce livre entre nos mains

Cette forêt de feuilles et d’oiseaux







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samedi 11 juillet 2009









Ah ! Mes amis lointains
Comme il est bon de se tenir debout
Par toutes nos racines

Complices de la terre
Infiniment nomades

Tentacules enfouies
Dans les songes du silence

Cherchant partout
Le sel de la lumière

Elevant à nos fronts
La même nourriture

Familiers des sources
Et de la longue absence







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mercredi 8 juillet 2009









Un seul ami
lointain
séparé
au plus près de l'âme
sera toujours
le meilleur chemin vers soi

Puisses-tu devenir nomade
arrimé pour toujours
à un visage qui t'appelle







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mardi 7 juillet 2009









Parfois l'écriture
laisse sur la page
la trace d'un grand feu

J'écris : la vie demeure
à jamais
par le miracle de ton visage

Il reste
un chant secret
que nul exil
n'a trahi







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lundi 6 juillet 2009









Toujours recommencée
l’œuvre en soi du silence

J'écris pour laisser trace
de l'essentielle absence







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samedi 4 juillet 2009










N'abandonnez jamais
le bon combat de l'écriture

Bruno Frappat










Dans l'écriture
comme dans l'amour
ce qu'il cherchait
c'était l'enfance
le contre-chant
la déraison









Ecris
Et le mirage reverdira

Mahmoud Darwich








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vendredi 3 juillet 2009









C'est ainsi qu'il faudrait écrire
par touches successives
à la manière d'un paysage
qui se donne à mesure

N'espère rien de la ligne continue

Fais jouer la lumière

Invite les sommets
à reposer sur leurs bases

Assieds-toi
et contemple
amusé
le spectacle imprévu
de la parole







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jeudi 2 juillet 2009









Où avait-il contracté
cette inguérissable habitude d'écrire

Quelques livres l'auront blessé
une parole
un souffle

Il a appris à vivre avec





*





Si tu écris
fais-le avec ton sang
la plus belle part de toi
qui coule dans tes veines

Trouve ton chant
ton rythme
ta note fondamentale
puis accueille tout ce qui viendra
dans sa lumière







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mercredi 1 juillet 2009









Nous vivons nous autres
d'un autre testament
d'une autre parole
annoncée

Notre regard
n'a pas l'assurance des pierres
mais le ciel toujours
lui tient lieu d'horizon







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