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vendredi 29 juillet 2022

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Deviens qui tu es
Au gradient du silence,
À l’amble des matins !

Compagnon de l’instant,
Marcheur de l’invisible,

Franchissant des collines
Vers l’horizon qui t’espère,

Plume déposée par le vent
Dans la main de l’amour,

Relié à tous les autres
Comme aux arbres, aux rivières,

Communiant à l’infini,
Dans le fleurissement des chemins,

Abandonné aux balbutiements 
De la lumière,

Ayant réduit au plus simple
Le commerce de mots,

Prêt à traverser des nuits
Pour y cueillir d’autres soleils.

Jean Lavoué, 28 juillet 2022
Photos JL 28/07/22
















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mardi 26 juillet 2022

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J’aime, Etty, que ton amour pour le poète Rainer Maria Rilke affleure à presque chaque page de ton journal,
Qu’il t’ait donné ce goût pour l’intériorité,
Qu’il ait contribué à te réconcilier avec la mort…
Et à aimer par-dessus tout la vie…

JL 25 juillet 2022




J'aime la liberté, Etty, avec laquelle tu oses t’avancer,
Les mains nues,
Vers toi-même et vers nous,
J'aime ta douce incandescence, 
Et ton exacte jeunesse !

J'aime que l'intériorité ne soit jamais pour toi évasion,
Loin des épines douloureuses de ton chemin de vie
Mais toujours combat à hauteur de soi.

J'aime que tu ne charges nul autre du poids qui te revient ;
J'aime que tu connaisses tes pesanteurs par cœur 
Mais sans jamais y succomber,
Ni désirer de repos avant qu’elles ne soient apprivoisées.

J'aime que la flamme de l'esprit
Se lève au creux de tes sentes sinueuses
Par tous les vents contraires,
Sur tes chemins d’offrande et de refus,
Comme en tes nuits d'amour.

J'aime que tu ne fuies jamais
Mais que tu t'avances toujours là où tu dois aller,
De toute ta force agenouillée,
De toute ta vie balbutiante,
De toute ta pauvreté bouleversée.

J'aime que Dieu, que tu ne vois pas,
Soit aimé de toi en chaque fleur,
En chaque étoile,
En chaque morceau de ciel,
En chaque visage dévasté, 
En chaque geste de tendresse
Et que tu oses t’adresser à Lui
Et le rejoindre au plus intime de toi.

J'aime que tu sois cette femme
Qui nous est témoin aujourd'hui,
Et lumière débordante sur cette Voie
Qu'aucune religion ne contient
Ni ne saurait posséder ni circonscrire.            

J'aime que ton sacrifice ne soit pas vain,
Qu'il fructifie aujourd'hui encore en tant de vies, 
Tant d'existences couronnées par la lucidité sans faute 
De ton écriture patiente,
Et de tes mains confiées au Chant.

J'aime que ton journal soit devenu poème,
Psaume de lumière,
Écriture sainte pour tant de pauvres ne sachant plus à qui se confier.

J'aime qu'on te retrouve désormais à l'improviste,
Au détour de tant de pages, de tant de livres,
Sans avoir besoin pour autant de t'apprendre par cœur 
Ni de chercher à t'imiter.

J'aime que dans les conditions les plus inhumaines,
Tu aies ouvert en chacun de nous
Cette possibilité d'accomplir notre propre chemin,
De métamorphose et d'éclat,
Au feu de nos tiraillements.

J'aime que tes gestes s'amenuisent
Jusqu'à cette carte glissée entre les lattes du wagon t’emportant vers la nuit,
Avec ces seuls mots de gratitude 
Adressés à l'Unique par qui tu te laisses consumer.

J'aime le silence infini dans lequel ta voie de plénitude et de présence
Finit par tout absorber.

Jean Lavoué, 25 juillet 2017 
www.enfancedesarbres.com









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dimanche 24 juillet 2022

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Si tu le nommes silence,
Il t’adresse une parole jamais dite,

Si tu le nommes lumière,
Il irrigue tout ce que porte la terre,

Si tu le nommes arbre ou rocher,
Il s’incline devant la source de la vie,

Si tu le nommes souffle,
Il fait se lever en toi un vent de désir,

Si tu le nommes ciel,
Il surgit de ton sol le plus profond,

Si tu le nommes désert,
Il te couvre de fleurs éclatantes, 

Si tu le nommes enfance,
Bientôt il va germer en toi,

Si tu le nommes poème,
Voici qu’il balbutie en toi des mots nouveaux-nés, 

Si tu le nommes mer,
Il t’invite à parcourir l’océan de tous les possibles,

Si tu le nommes mort,
Il entrevoit dans chaque fissure un passage,

Si tu le nommes absence,
Il se lève pour éclairer chaque visage,

Si tu le nommes amour,
Il dirige pour toi l’orchestre des tendresses, 

Si tu le nommes demeure,
Il fait entrer le soleil par toutes tes fenêtres, 

Si tu le nommes oiseau,
Il se tient là patient sur le rebord des jours,

Et si tu ne le nommes pas,
Voici qu’il emplit sans fin l’espace de ton cœur.

Jean Lavoué, le 23 juillet 2022
Photos JL 21/07/22 falaises de Plouha













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jeudi 21 juillet 2022

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Persiste
Dans le refus des images !

Laisse le souffle
Ouvrir ton cœur 

À la lumière
De la pierre,

Au surgissement
De la fleur,

À la mélodie
De l’oiseau.

Dans le silence
Tout porte fruit.

Accueille
La présence !

L’arbre se donne
À la mesure de ta pauvreté.

C’est du dedans
Que surgit l’éclat de l’instant.

Jean Lavoué 16 juillet - 20 juillet 2022
Photo Café/Pixabay












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mercredi 20 juillet 2022

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À la pointe de ton silence
S'ouvre un chemin
Où tu n'es jamais seul. 

Tu n'en devines la destination
Qu'à pas comptés, 
De nuit. 

Tu y apprivoises avec tendresse
Terres fertiles,
Et limons étrangers. 

À la manière d'un arbre
C'est là que tu as appris à demeurer,
Patient, immobile. 

Sans ce cœur à l'écoute,
Comment accepterais-tu avec  joie
De t'y perdre ? 

Ton poème connaît mieux que toi
La face muette
De ton errance, 

Il en tire des mots jamais entendus,
Des trouées d'azur
Qu'il apprivoise en grand secret. 

Jean Lavoué, 17 juillet 2021
Photos JL Le Blavet, 17/07/21





















lundi 18 juillet 2022

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Comment connaitre la joie
Si l'on n'a jamais senti passer sur soi
Le vent de la tempête ?

Comment être relevé
Si l'on ne s'est pas un jour 
Retrouvé à terre ?

Comment puiser l'eau vive
Sans avoir traversé un désert ?

Nous allons de blessures en naufrages
Par des radeaux de lumière
Qui n'auront pas de fin.

Quand nous voyons gonfler
L'ouragan de la déroute
S'ouvre en nous un passage, 
Quand nos jambes vacillent
Nous nous sentons portés 

C'est ainsi que nous goûtons
À des voies inconnues, 
Que l'amour nous submerge,
Que le ciel est complice.

C'est au creux de la vague 
Que triomphe un soleil, 
C'est quand le jour décline
Que l'étoile nous guide,
Si nous sommes à genoux
Là se dessine une Aube. 

Jean Lavoué, 17 juillet 2020 

Photo J.L. Gâvres 15/07/21 












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dimanche 17 juillet 2022

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Jean-Pierre Siméon, L’intense
Par Christian Saint-Paul

À propos de Petit éloge de la poésie (Folio 2 €)

Agrégé de lettres modernes, auteur d’une œuvre poétique déclinée dans plus d’une vingtaine de livres, auteur de romans, de récits et de poèmes pour la jeunesse ainsi que d’une importante œuvre théâtrale où la poésie est toujours présente, il fut directeur pendant vingt ans du Printemps des poètes et poète associé au Théâtre national populaire. Il dirige actuellement la collection poésie aux éditions Gallimard. Il vient de recevoir le Grand Prix de Poésie de l’Académie Française.
C’est dire qu’il incarne aujourd’hui la figure du poète français.
Après ses deux essais : « La poésie sauvera le monde » (éd. Le Passeur, 2015) et « Politique de la beauté » (éd. Cheyne, 2017), il fait paraître chez Gallimard, collection folio sa haute contribution à la série « Petit éloge de... » avec un
essai incisif : « Petit éloge de la poésie ».

« Petit éloge » était le titre obligé de cette collection prestigieuse folio qui porte
la grande vulgarisation à son bénéfice le plus noble.
En réalité, Jean-Pierre Siméon, avec la fougue littéraire qui l’anime dès qu’il touche au poème, nous livre un grand éloge de la poésie et c’est ainsi que nous l’entendons.
Cet enthousiasmant plaidoyer pour la poésie s’inscrit dans le prolongement des essais antérieurs. Ce qu’il y a de remarquable et que l’on peut qualifier « d’utilité publique » dans cet éloge, c’est la clarté des propos et leur étincelante accessibilité aussi bien au public ombrageux de ceux qui ont tout lu des poètes et des commentaires savants des critiques, qu’au grand public quasi néophyte qui n’a qu’un rapport vague avec la poésie, réduite à l’émotion, et qui prend ce vague pour la poésie elle-même.

Jean-Pierre Siméon en vieux routier de la poésie connaît bien ces deux publics et leur parle d’une voix commune.
Il n’oublie jamais que le poème, même s’il est fatalement l’expression d’une pensée, est de prime abord ressenti. Mais l’émotion n’est rien sans l’esprit.
Jean-Pierre Siméon cite volontiers Hugo Von Hofmannsthal : « L’esprit déploie sa plus grande force corps à corps avec le sensible ».
Il est temps de tordre le cou aux idées reçues calamiteuses sur les poètes, perçus comme des êtres éthérés englués dans leurs rêves au mépris de toute réalité. Au contraire le poète est dans ce combat « corps à corps avec le sensible » pour précisément faire corps avec le réel.
Car c’est la langue, la parole poétique qui fait surgir le réel, effacées les trompeuses apparences.
Le réel que nous révèle le poème est l’empathie avec le monde que Georges Haldas dès 1979 nommait « l’état de poésie ». Il rejoint Georges Perros qui affirme après Hölderlin que la poésie est « une manière d’être, d’habiter, de s’habiter. »
Nous sommes bien loin de l’éloge du charmant, de l’ornemental, de la prouesse de forme qui enjoliveraient notre existence. La poésie n’est ni un divertissement, ni un raffinement.
Si, bien entendu, la poésie ne récuse pas le beau, elle va à la rencontre d’un « mouvement de conscience qui est élan vers le feu perdu de la vie. »
Cet élan, celui du voyant de Rimbaud -et c’est la lucidité et non la folie qui fait le voyant - précipite le lecteur de poème dans la gravité. Celle-ci exige un temps de latence, ce temps d’arrêt si contraire à notre société façonnée par l’obsession du résultat, de la marche accélérée des marchés.
S’évadant de cette injonction, la poésie est le lieu d’une liberté sans limites. La poésie qui cherche un « ailleurs » dans la parole et n’est jamais ce que l’on croit, est en perpétuelle métamorphose.
La poésie est révolutionnaire par nature. La parole poétique nous détourne de la monosémie - la langue uniforme prônée par les médias et d’une façon générale par toutes les forces du pouvoir - pour la polysémie, langue où les mots ont une multiplicité de sens. La poésie est donc le retour à la vie de la langue, elle est même la seule langue vivante, insiste Jean-Pierre Siméon.
En 1979, l’année où Georges Haldas publiait « L’état de poésie », un autre Suisse Charles Ferdinand Ramuz faisait paraître « La pensée remonte le fleuve », livre qui dénonçait, entre-autres, le conditionnement massif : « Les bourgeois lisent leur journal et leur éternelle duperie est de prêter aux choses très exactement l’importance que leur journal leur attribue. »
Plus tard, en 2015, un autre poète Jean-Pierre Siméon reprendra la même constatation dans « La poésie sauvera le monde » : « Telle est la supercherie de nos démocraties : elles tiennent le citoyen informé comme jamais mais dans une langue close qui, annihilant en elle la fonction imaginante, ne lui donne accès qu’à un réel sans profondeur, un aplat du réel, un mensonge. »
La poésie nous prémunit du mensonge commun.
Mais le poème ne perd rien de son mystère et tient en échec la raison.
Expliquer le poème c’est, rappelle Jean-Pierre Siméon, comme s’en moquait René Daumal être « explicateurs d’explications ». Yves Bonnefoy a dénoncé
cette prétention : « Le lecteur de poésie n’analyse pas, il fait le serment à l’auteur, son proche, de demeurer dans l’intense. »

Christian Saint-Paul










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vendredi 15 juillet 2022

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Poursuis dans la voie
Du simple,

Creuse où se trouve
La lumière,

Écris sur la vie
Qui te fait arbre,
Qui te fait ruisseau,

Épouse l’air
Avec l’hirondelle,

Consens aux grands espaces
Qui t’ont vu naître,
À cet amour né de la terre,

Délivre-toi de tout ce qui n’est pas
Ce sacre de l’instant,

Cette germination 
À l’horizon du cœur.

Jean Lavoué, 12 juillet 2022
Photo Café/Pixabay










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jeudi 14 juillet 2022

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C'est en perdant ses appuis
Que l'on apprend à marcher. 

Nous avançant dans la nuit,
Nous allons déjà vers le jour. 

Quand plus rien n'a de sens,
Scintille en nous l'étoile du matin. 

Tout savoir devenu inutile,
Nous pouvons naître au poème. 

Nous approchant du mystère,
Nous devenons comme des enfants. 

Alors que tout nous échappe,
Nous nous sentons rejoints. 

Manquant notre cible,
La flèche de l'amour nous atteint en plein cœur. 

Si nous sommes perdus,
S'ouvrent en nous des clairières de joie. 

Lorsque le monde vacille,
Un autre avenir se dévoile. 

Manquant d'assurance,
Nous nous fions à l'inconnu qui vient. 

Jean Lavoué, 13 juillet 2021











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mardi 12 juillet 2022

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Tu te dois d’être bref
Pour dire la racine au présent,

Éprouver le poids sacré
De la pierre,

Épouser l’île au loin
Et ses falaises blanches,

Te faufiler dans le sable du chemin
Avec le lézard,

Guetter dans les ronces  
Le fruit du mûrier,

Écarter tout mur
Entre le réel et toi,

Marcher d’un pas tranquille
Sur les traces du royaume,

Écouter en toi
Battre le cœur du monde .

Jean Lavoué, Gâvres le 9 juillet 2022
Photos JL







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