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samedi 30 mai 2009









Ce qui me fonde et sur quoi je me fonde
N’est pas la terre ferme, mais le vent.
Le vent est la seule force qui dure.

Pierre Emmanuel









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vendredi 29 mai 2009









L’icône est la fille du soleil
N’oublie pas de la laisser brûler







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jeudi 28 mai 2009









ISSUES




Sortir de la toile
Voilà ce dont rêve le peintre

Traverser la page
Voilà ce dont rêve le poète

Percer l’écorce
Voilà ce dont rêve l’arbre

S’extraire de soi
Voilà ce dont rêve le sage

Atteindre le chant
Voilà ce dont rêve le maître de la voie

Seul ne rien pouvoir
Voilà ce qu’accepte l’amoureux du Nom







Ici une herbe,
élevée dans la lumière,
suffit.

Pierre-Albert Jourdan








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mercredi 27 mai 2009








Pour quelles noces
Ceux-là qui nous furent enlevés
A douleur

Pour quel banquet
Dont nous n’épuiserions jamais
Le pain et le vin d’amour







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mardi 26 mai 2009








Il arrive
Que seule nous parvienne
La musique du poème

A peine une mélodie
Un rythme

Les mots sont effacés

Seule demeure
La puissance du chant







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lundi 25 mai 2009








Qui sait combien de visages
Bruissent entre les feuilles
De mon silence
Vitraux de l'âme







C'est aussi une cathédrale,
l'amandier en fleurs
tout bourdonnant d'abeilles...

Pierre-Albert Jourdan







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dimanche 24 mai 2009









VERS L’ETE FLAMBOYANT




Je ne rapporte de l’enfance
Qu’une poignée de cantilènes

Un champ de coquelicots
Au bord duquel l’une de mes sœurs
Perdit son bracelet
Ou peut-être même une médaille
Que l’on disait miraculeuse

Nous étions revenus sur nos pas
Et je voyais une goutte de sang
Perler sur sa paupière

Une larme que seul j'en étais sûr
L’océan de l’été
Bercerait un jour dans sa profusion







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samedi 23 mai 2009










NUITS DE L’ARBRE


A mesure que le soleil
Porte haut ma détresse
De ne pouvoir le serrer entre mes branches

Je creuse de mes racines
Le sol têtu de l’enfance

Je me souviens des jours éteints
Où la lumière n’était qu’une évidence
Apprise

Et des gels à pierre fendre
Dont la nuit pourtant
Recélait le printemps








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vendredi 22 mai 2009







Le soleil a fleuri dans l'arbre


Exposés à l'esprit mouvant
Nous sommes les fils bénis de la colline
Le désir et la mélodie nous suffisent
Il n'y a qu'un royaume qui chante

Le vent porte haut nos pensées


Marc Baron





Cela qui fut enlevé
Du milieu de nous
Ainsi qu'il est écrit dans le livre

La part manquante
A nos bonheurs
A nos amours

Pourquoi la chercher ailleurs
Qu’à l’endroit même
Où elle nous fut retirée

Au plus vif de notre chair
En pleine terre de notre humaine
Fécondité






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jeudi 21 mai 2009











Les arbres du paradis
sont inverses de ceux de la terre :

leur feuillage est en bas,
leurs racines au ciel.

Sulivan









Invités à des noces
Dès le premier regard


Pourtant incapables
de le comprendre au-dedans

Mettant des jours des mois des années
A le mesurer

Cheminant
Au rythme de notre cœur
Si lent à se croire convié






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mercredi 20 mai 2009






Ce n'est pas le nombre et la longueur de ses branches,
mais la profondeur et la santé de ses racines
qui font la vigueur d'un arbre.

Gustave Thibon




Joie de vivre parmi les arbres.
Ils ont les racines dans la nuit de la terre
et la tête dans la lumière,
intercesseurs entre le jour et les ténèbres.

Jean Sulivan






Jour après jour
Tu déploies les chrysalides
Du soleil

Oublieux
De la marche du temps

Sûr de trouver en tous lieux
L’étoile des saisons







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mardi 19 mai 2009





Les arbres de Yahwé
sont comblés

Ceux qu'il a plantés

Ps. 104






S’approcher sans un mot
Du secret qui t’engendre

Sans un mot
Se laisser trouver

Certains vont au mystère
Dans la clarté des mots
Heurtant les pierres

D’autres
Dans l’incandescence
De leurs branchages
Et de leurs feuilles mêlées







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lundi 18 mai 2009








La couronne d'un pommier un homme et son panier
doivent pouvoir la traverser,
disent les vieux jardiniers

Et souffrance trop grande et trop grande joie
doivent pouvoir
nous traverser

Reiner Kunze











Ces mots
Parfois un peu trop hauts
Un peu trop simples

Pour dire la voix
Où tu t’enfonces
Entre ronces et broussailles

Mais ne parvenant pas malgré tout
A retenir l’élan
Le chemin vers la cime









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dimanche 17 mai 2009








L’arbre sait qu’il n’est pas seul
Comme l’oiseau il fait partie

Seul l’homme peut se croire ignoré
Il clame son innocence
Il oublie de chanter







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samedi 16 mai 2009









Le Royaume de Dieu est comparable
à un trésor caché dans la terre

Jésus








Cette écriture
Comme la manne

Toujours reçue
Jamais conquise

Trésor sans fond
Dont chaque jour
Tu tires du neuf
Et de l’ancien









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jeudi 14 mai 2009








Le monde est un village
Dont je connais chaque ruelle
Nichée dans les réseaux du cœur.

Je cherche à y retrouver
Les cris d’enfants,
Les bruits du ballon
Roulant soudain jusqu’à ma porte.

J’ai une petite sœur
A l’autre bout des rizières
Qui cligne des yeux
Quand elle croit reconnaître
Les mots que j’ai gravés
Sur la peau du soleil.







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mercredi 13 mai 2009







Elargirions-nous
Les piquets de la tente
Jusqu’à cette communion
Plus improbable qu’une fête
A laquelle nous n’étions peut-être pas invités

Mais dont chaque convive
Semblait pourtant connaître la langue
Gravée sur les tables de l’enfance

Familière de chaque haie
De chaque ruisseau
De chaque fleur







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mardi 12 mai 2009








A l’aube,
Les arbres montent au ciel,
Te font des signes,

C’est comme l’espérance.

Jean Sulivan







Aujourd’hui encore
Choisis le soleil pour témoin

Sois complice de sa joie







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lundi 11 mai 2009












Le vin de l’amertume
Ne nourrit pas le cœur

Seule la blessure silencieuse
Atteint les sources

Mêle son sang
Aux eaux sacrées

Guérit les lèvres impures








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dimanche 10 mai 2009








Eclat de noces




Dans la basilique en liesse
La petite flamme espérance
S'est laissée chanter

Devant les remparts de la ville
Une minuscule voile blanche
Traçait sa route de lumière

Entraînant la joie
Dans son sillage

Entre les branches du vitrail
D'un sourire malicieux
Les anges musiciens accompagnaient






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samedi 9 mai 2009



Une petite flamme
A peine une étincelle
Silencieuse et fidèle
Comme un écho du ciel

Une petite flamme
Eclairant le chemin
Et chassant l’air de rien
Les noirceurs du chagrin

Elle me disait mon rêve à moi
C’est chanter le feu de mon âme
Et embraser ce que je vois
Moi je voudrais devenir flamme


Fabienne Marsaudon






Pour Claire et Joseph


Ecrire
Comme une marche têtue
Sur un chemin non tracé à l’avance

Comme on se jetterait sans réfléchir
Dans les pas silencieux d’un amour
Jusqu’à devenir flamme

Consumé
Par sa voix







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vendredi 8 mai 2009






Ecrire, c'est comme une prière :
aller à l'essentiel.

Elie Wiesel




Le tissu de la vie est profondément concret.
Ce qu'on peut appeler "l'autre monde" est mêlé au nôtre
comme la paille est tressée sur la chaise.

Christian Bobin



On a besoin de connaître des choses tels que l’ennui, le manque, l’absence pour connaître la présence, la joie et l’attention pure…

Les livres je les aime depuis toujours. Ce qui est beau, c’est que les livres sont bâtis à hauteur des mains. Un livre, c’est comme une porte qui ne serait pas plus grande qu’une main. Et de l’autre côté de cette porte, il y a les anges. Voilà ce que sont les livres, en gros, je m’en suis aperçu très tôt. Mais ce n’est pas le cas de tous les livres, loin de là ! Certains livres, qualifions-les de « vrais », viennent en secours au lecteur. Ils viennent vers lui et ont la vertu de l’écouter. Pourquoi ? Il y a quelque chose dans une page qui est en train de me déchiffrer. Je crois la lire, et c’est elle qui me lit ! Les « vrais » livres sont toujours guérisseurs. Parce que ce qui nous rend malade, ce sont souvent les mots. Soit que ces mots nous aient manqué. Soit qu’ils aient été d’une dureté insupportable. Mais ce que des mots ont fait, d’autres mots peuvent le défaire. C’est le langage qui souffre en nous, et qui nous fait souffrir. Et la matière des livres est un langage qui est, ou devrait toujours être, profondément réparateur…

Ce qui est très intéressant dans la vie du Christ, c’est que c’est la vie de chacun. C’est une vie humaine. Elle est faite de rencontres, de malentendus, de besoins de s’expliquer, d’errances, de malice, de guerres invisibles, d’épreuves, et d’un grand arrachement final. Ça, c’est la vie de chacun. L’évangile est le miroir le plus apte à refléter ce qu’est une vie humaine, et donc divine, puisque les deux sont inséparables…

C’est comme si, depuis toujours, j’avançais dans la brume et que tout ce que je vois déchire un voile de néant posé sur le monde : soudain ça m’apparaît dans une splendeur ! Je suis sujet à des éblouissements. Ça peut être un visage, un arbre, une parole. C’est comme si la création du monde était continue, que nous étions contemporains de la création du monde. C’est comme si la création n’était pas une chose à l’arrière de nous, mais exactement en train de se faire.

Christian Bobin
Trouver le divin dans le presque rien
Nouvelles Clés, N°59, sept-oct-nov 2008









J’ai découvert un jour
Qu’écrire était une forme de prière

Non parce que les mots
Semblaient s’adresser à quelqu’un

Mais parce qu’ils creusaient en moi
Des zones de silence
Où je n’étais jamais allé










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jeudi 7 mai 2009







Les feuilles et les fleurs sont
beauté,

les fruits,
richesse,


mais la racine n'est que force de
foi,

espérance,
montée patiente dans le noir vers
le jour

qu'elle ne sait pas
et ne verra
jamais...


Aide les racines,
Seigneur!




Marie Noël





Nous n’aurions pas trouvé
Si vite nos blessures

Nous n'aurions pas
Frôlé de tels gouffres

Nous n 'aurions pas
Supposé le soleil

Si nous n’avions connu
La morsure de l’appel

Cette incroyable nécessité
Perçant la voûte de la nuit










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mercredi 6 mai 2009






Cependant, je ressens toujours la question :
pourquoi, pour qui les fleurs de pommier
sont-elles si fragiles et si belles?

Gérard Bessière
La ferveur du jour





Cérémonie du simple,
Exercice
de la patience.

Lire est un chemin,
Parmi tant d’autres.

Croître en clarté,
Voilà le but.



Christian Bobin
Le colporteur




Et si nous supposions
La part manquante
Comme la part à aimer

Irrévocable

En soi
Comme en chaque autre

Ne découvririons-nous pas
Sur le sable où il marcha
Les traces infimes du Très-Bas
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mardi 5 mai 2009






Le jardin et les
fleurs

sont à l'intérieur de
nous,

dans le coeur.

Rûmi






TGV Lorient Paris
Pour Régis…





Les trains les plus fraternels
Sont ceux qui nous emmènent
D’un quai à l’autre de la souffrance.

Nous sommes si peu comptables
De l’amour qui nous réunit,

Le temps d’une escale
Ou d’un double expresso
Quand notre vie tangue à l’infini,

Toutes les haies
Cédant soudain passage
Au déferlement de la plaine
Dont nulle gare ne signale l’avenir.









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lundi 4 mai 2009




Lumière intérieure,
ne laisse pas mes ténèbres me
parler!

Quand nos ténèbres se mettent à
nous parler,

elles en viennent à provoquer un
vertige.

Traverserions-nous des périodes
desséchées ?

Avec presque rien peut s'épanouir
une fleur de désert,

joie inespérée.


Fr.Roger, de Taizé
Pressens-tu un
bonheur?



La poésie n'apporte pas la lumière, elle l'appelle
l'appelle éperdument
de chaque pierre, des os, de l'ombre
qui la saisit


Et elle vient, biche,
timide servante de notre
langue, de nos pensées.

Lumière sans hier.


Davide Rondoni
Un bonheur dur



La poésie, elle la passante inouïe
que je prie en silence de réchauffer ma vie.

André Schmitz
Dans la prose des jours






Le jour où j’ai dressé
Trois tentes
C’était pour ma petite sœur
Zabeth,
Pour mon papa
Theo,
Et pour Lydia
Ma mère.

Je n’ai pas eu besoin
De les élever bien haut.

Je les ai posées
A même le sable
Des allées du cimetière.

Puis elles ont pris leur vol
En direction des grèves,
Appelées par la mer.

Elles viennent nicher parfois
Près de la dune
Où je me tiens, comme au désert,

Petites flammes blanches
Eclairant le tabernacle
Nu entre mes mains.






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dimanche 3 mai 2009




Entendu ce jour à Timadeuc
de la bouche de Charles Juliet :



Partout où s'étend le ciel
on est chez soi

Partout sur la terre
on est chez soi


Etty Hillesum






Un souffle de brise
emporte le fruit
qui trop tôt paraît


Hadewijch d'Anvers







Il n’y aura pas forcément de rides
Sur le front de la nuit
Quand le jour s’éteindra,

Il ne manquera peut-être pas d’étoiles
Pour dire l’horizon.

Il n’y aura pas forcément de larmes
Quand le monde cessera,

Il ne manquera peut-être pas de mots
Pour joindre la maison.







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samedi 2 mai 2009





Chemins sensibles

Sensible
est la terre au-dessus des sources :
aucun arbre ne doit être abattu,
aucune racine
arrachée

Les sources pourraient
tarir

Combien d’arbres sont
abattus, combien de racines
arrachées

en nous


Reiner Kunze

Un jour sur cette terre






Dans mon pays
Nul n'irait se croire
Plus exaucé que l’autre

Les fenêtres donnent toutes
Sur le jardin

Même si parfois pour l’un
Le jour du soleil se fige
Nul n’ira dire que le compte
N’est pas juste
Ni que le printemps
Désormais n’est plus là

Dans mon pays
Chacun se tient
Jusqu’au bout la main







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vendredi 1 mai 2009





Ce que l'Amour a de plus doux, ce sont ses violences;
son abîme insondable est sa forme la plus belle;
se perdre en lui, c'est atteindre le but;
être affamé de lui, c'est se nourrir et se délecter;
l'inquiétude d'amour est un état sûr;
sa blessure la plus grave est un baume souverain;
languir de lui est notre vigueur;
c'est en séclipsant qu'il se fait découvrir;
s'il fait souffrir, il donne pure santé;
s'il se cache, il nous dévoile ses secrets;
c'est en se refusant qu'il se livre;
il est sans rime ni raison et c'est sa poésie...
Hadewijch D'Anvers







Celui toujours à nos côtés
Dont le corps s’est changé
En notre pain
Et le sang en notre vin

Nous l’avons reconnu
A l’exacte déchirure
Où nos mains se parlaient
Sans même se toucher

Comme l’écriture d’un amour très secret
Sur l’astre nu du poème







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[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]