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mardi 30 août 2016

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           Photo by @beboy_photography  L'Âme du monde





S'il faut s'enfouir dans la chair du poème
S'il faut pour avancer se terrer avec lui
Jusqu'à la pulpe du silence
Jusqu'au secret où il murit
S'il faut pour épouser ce monde
Pour être un baume sur sa plainte
Se faire étoile pour soi-même
Devenir tendre avec chaque matin
J'arpenterai sans me lasser
Les vergers noueux du chemin
Guetteur de mots même impossibles  
Où patiemment la joie grandit


Jean Lavoué



















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dimanche 28 août 2016

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         Photo JL Auderville juillet 2016




Le poème ne répond à aucune règle
Ni ne s’encombre d’aucun rite
Même en présence des mots
Il reste silencieux

Seul lui convient la voie tracée
Entre les épaules du doute
L’immense force surgie
Du pouvoir de la nuit

Le réel vrille en lui
La source paresseuse
Il s’échappe toujours
Par une porte dérobée

Grande nuée trouant
Le ciel de nos attentes
Barrière cédant soudain
Aux chemins sans issue                                                           

C'est l'étranger fidèle
A nos simples déroutes
L’impatient qui s’élance
Au frôlement du vent  

Le passager perdu
Dans les forêts du jour
Le marin qui s’accroche
Aux marées sans retour
                    
Le marcheur aux pieds nus
Défricheur de passages
Le secret qui nous tient
Et qui nous affranchit

Il n’entrevoit le monde
Que lorsqu’il est guéri.


Jean Lavoué 

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samedi 20 août 2016

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Ce temps de métissage et de chansons mêlées
Ce temps de tisserands et de vies accordées
Ce temps que nous appelons sur nous-mêmes
Comme une supplique ardente du fond de nos détresses  
Comment nous sera-t-il donné
Tandis que nous allons
Si loin de nos récits perdus
De nos chants disparus
De nos sources oubliées ?

Comment nous sera-t-il arbre de vie
Si nous ne visitons ensemble nos racines
Si nous n'étendons pas nos branches aux frontières
Si nous ne nous approchons pas avec tendresse
De ceux-là qui glissent inexorablement vers les ravins de la nuit
De ces hommes et de ces femmes de l’errance
De ces pauvres d’aujourd’hui
Qui ne croient pas qu'un avenir leur soit encore possible ?

Comment pourrions-nous être à l’abri entre nous
Comment serions-nous en paix avec leurs cris
Si nous nous contentons de protéger nos cités
De lois aveugles à ce qui les menace
De temples à nos valeurs sans oreilles et sans yeux
Sans portes ouvertes sur le monde
Ignorant tout des périls où ils s'acheminent ?

Comment nous sentirions-nous proches ici les uns des autres
Si nous restons indifférents à leurs rêves déchirés
Les yeux seulement rivés sur l’écran de leurs ruines
Insensibles aux humiliations jetées sur leurs épaules
Au manteau en lambeau de notre commune fraternité ?

Nous tisserons ensemble la paix dans les chaos du monde
Nous serons avec eux ses artisans aux mains nues
Nous repriserons patiemment ses guenilles et ses pièces usées
Nous apprendrons à dire en tout temps son fragile secret
Nous serons les uns pour les autres son hospitalité bienveillante et démunie

Nous ferons venir à nous des fils et des filles de justice
Qui ferons naître avec les nôtres des enfants de la paix
Des affranchis qu’aucun signe distinctif ne préservera
Sinon celui d'être chacun l’un pour l’autre de simples humains donnés

Nous mangerons dans leurs maisons
Nous serons hôtes en leurs demeures
Ainsi même ceux-là qui succombent aujourd’hui
Sauront qu’il s’est approché de nous ce printemps vulnérable
Où s’accomplit la promesse que toutes leurs mains espéraient.


Jean Lavoué

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lundi 15 août 2016

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                                               Photo JL, Affiche de l'exposition Louisa Rampon, Mirmande



Prompte est la parole à se lever
À se mettre en marche vers l'horizon de son silence
À accourir vers le lieu de son dévoilement
À s'accueillir au rythme de sa déroute
À se laisser vider de cela qui l'encombre
À faire la place à cela qui l'allège
À s'envelopper d'un manteau de nuit
À taire tout ce qui la tiraille
À s'accorder des ailes
À se laisser chanter au plus intime d'elle-même
À se délivrer du poids des possessions
À se loger dans le pas des humbles
À s'accorder la grâce d'une enfance
À s'abandonner au souffle d'un amour
À entrevoir la clarté d'un jour nouveau
À épouser l'instant de sa naissance
À ne pas regarder en arrière
Sûre du chemin qui jubile en elle
Et de la joie qui de très loin l'envahit.


Jean Lavoué



















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mercredi 10 août 2016

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Ce mot qui doit finir par devenir en nous
Aussi silencieux qu'un paysage
Ce mot comme une main tendue
Comme un visage déchiffré
Ce mot que nous n'avons cessé de nous jeter
Les uns à la face des autres
Ce mot de source et de simplicité
Ce mot de genèse et de fécondité
Ce mot d'entente vive et de regard ajusté      
Ce mot ouvert et doux
Dans lequel nous nous effaçons
Ce mot où nous ne sommes pas
Où nous ne sommes jamais
Sauf quand nous nous perdons
Ce mot qu’on ne prononce qu'à mi-voix
Comme un secret quand on s’éveille
Ce mot dont nous avons usé
Sans remarquer combien il se taisait
Ce mot de pauvreté et d'abandon
Qui nous demande protection
Ce mot que nous avons toujours trahi
En le portant comme un blason
Ce mot de source enfoui
Comme un murmure en nos mains vides
Ce mot que rien ne fige que rien n'arrête
Ce mot au-delà des mots
Cette trouée d'azur ce poème insensé
Ce mot qui ajuste son souffle en nous
Ce mot qui nous réconcilie
Ce mot qui nous accorde au jaillissement des ailes
Ce mot d'octave bleue veillant sur nos déroutes
Ce mot de nos tendresses ce mot de nos amours
Ce mot qui nous échappe comme expire le jour
Ce mot qui ne fait aucun bruit
Ce mot comme une fête de nuit
Ce mot qui tremble en nous à l'affut de nos cœurs
Ce mot de nos vendanges de nos soirs aux jasmins
Ce mot balbutié de nos dessins d'enfant
Ce mot échappé des vitraux
Libre comme le vent
Ce mot de nos ivres jeunesses
De nos instants tempétueux
Ce mot comme un papillon
Apposé sur nos fronts

Comment le laisserions-nous encore se confondre
Avec nos tristes certitudes
Nos aveuglantes vérités ?


Jean Lavoué

lundi 8 août 2016


            Photo Jean Lavoué, 7 août 2016

Partout la douceur de l'été nous gagne
Partout la terre et ses caresses
Partout le ciel épaule bleue
Partout la mer et ses élans
Partout les blés en feu
Partout le chant des vignes
Partout la vendange des collines
Partout aussi au fond de soi la sourde tragédie
La peur aux tisons froids
L’âme au dépôt
La gangrène du cœur
Les verrous du matin

Comment croire en cette paix des ailes
Si des hommes en cet instant se font du dieu béni
Un destin si cruel
Comment croire que nous viendrons à bout de leur folie
Si nous n'avons à lui opposer que des idoles en or et des armes
Des gratte-ciel et des marchés géants pour temples
Des polices et des armées pour sanctuaires
Du pain des jeux à satiété
A ne pas savoir rassasier pourtant
Dès aujourd’hui partout les humiliés ?

Sans estime pour nous-mêmes
Sans soleil pour nous redresser
Sans espace pour nous élancer
Comment éprouverions-nous la ferveur ?

Comment chercher au fond de nous
Les germes d’enfance que nous avons perdus
Comment pacifier nos cœurs
Sans méconnaître la source ténébreuse qui nous enserre
Comment la regarder en face sans y être englués
Comment tendre la main à ceux-là qu'elle menace
Plutôt que de les y précipiter ?

Sans doute le poème doit-il devenir plus silencieux encore
Comment sinon retrouverait-il l’appui des profondeurs 
Il faut continuer à dire
Tout en se taisant de plus en plus à l'Orient de soi
Il faut laisser grandir le chant
Sans s'écarter de l'ombre
Sans la laisser s'accroître
Et prendre sur nos vies plus forte emprise encore

Il faut comme le disait la clairvoyante Etty   
Renoncer à des mots comme Dieu
La souffrance l’éternité la mort
Mais aussi l’absolu la certitude la vérité
Pour devenir aussi humbles que la pluie
Qui irriguera un jour ou l’autre à nouveau nos déserts
Aussi souples que la fleur fragile
Surgie au matin de l’épaisse nuit
Aussi détachés que l’oiseau
Qui ne craint pas de fendre l’air
Il faut cultiver la confiance en l’instant
Qui s’apprête à bondir
Il faut aimer la Vie 
Il faut se contenter d'être !

Jean Lavoué, 7 août 2016

vendredi 5 août 2016

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Il y a un temps pour tout sur notre planète en feu
Un temps pour dire un temps pour ne pas dire
Un temps pour la prudence un temps pour l'audace
Un temps pour la tendresse un temps pour la force
Un temps pour pardonner un temps pour se défendre
Un temps pour rechercher la paix un temps pour empêcher la guerre
Un temps pour s'apitoyer un temps pour dénoncer
Un temps pour la croyance un temps pour la lucidité
Un temps pour la beauté un temps pour la protéger
Un temps pour la liberté un temps pour se battre pour elle
Un temps pour l'égalité un  temps pour que chacun la conquiert
Un temps pour la fraternité un temps pour entrer dans son cercle
Un temps pour la justice un temps pour naître à l'humanité
Un temps pour aimer un temps pour l'homme et pour la femme aujourd'hui
Un temps pour l'instant un temps pour l'éternité
Et tous les temps pour la vérité.


Jean Lavoué


























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