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samedi 20 août 2016

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Ce temps de métissage et de chansons mêlées
Ce temps de tisserands et de vies accordées
Ce temps que nous appelons sur nous-mêmes
Comme une supplique ardente du fond de nos détresses  
Comment nous sera-t-il donné
Tandis que nous allons
Si loin de nos récits perdus
De nos chants disparus
De nos sources oubliées ?

Comment nous sera-t-il arbre de vie
Si nous ne visitons ensemble nos racines
Si nous n'étendons pas nos branches aux frontières
Si nous ne nous approchons pas avec tendresse
De ceux-là qui glissent inexorablement vers les ravins de la nuit
De ces hommes et de ces femmes de l’errance
De ces pauvres d’aujourd’hui
Qui ne croient pas qu'un avenir leur soit encore possible ?

Comment pourrions-nous être à l’abri entre nous
Comment serions-nous en paix avec leurs cris
Si nous nous contentons de protéger nos cités
De lois aveugles à ce qui les menace
De temples à nos valeurs sans oreilles et sans yeux
Sans portes ouvertes sur le monde
Ignorant tout des périls où ils s'acheminent ?

Comment nous sentirions-nous proches ici les uns des autres
Si nous restons indifférents à leurs rêves déchirés
Les yeux seulement rivés sur l’écran de leurs ruines
Insensibles aux humiliations jetées sur leurs épaules
Au manteau en lambeau de notre commune fraternité ?

Nous tisserons ensemble la paix dans les chaos du monde
Nous serons avec eux ses artisans aux mains nues
Nous repriserons patiemment ses guenilles et ses pièces usées
Nous apprendrons à dire en tout temps son fragile secret
Nous serons les uns pour les autres son hospitalité bienveillante et démunie

Nous ferons venir à nous des fils et des filles de justice
Qui ferons naître avec les nôtres des enfants de la paix
Des affranchis qu’aucun signe distinctif ne préservera
Sinon celui d'être chacun l’un pour l’autre de simples humains donnés

Nous mangerons dans leurs maisons
Nous serons hôtes en leurs demeures
Ainsi même ceux-là qui succombent aujourd’hui
Sauront qu’il s’est approché de nous ce printemps vulnérable
Où s’accomplit la promesse que toutes leurs mains espéraient.


Jean Lavoué

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