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samedi 27 février 2021

 






Où l'hiver lâche prise,
Quels mots pour s'accorder
Au chatoiement de la lumière
Sur les bourgeons naissants ? 

Rien d'autre peut-être 
Qu'un silence qui s'effacerait
Pour laisser surgir, encore étourdi,
Le premier papillon, 

Et très haut dans le ciel
Les mouettes que l'on oublierait presque
Dans l'océan d'azur,
Ses golfes insensés. 

Rien dire d'autre, en effet,
Que la joie qui s'échange
À grands battements d'ailes,
Inaccessible
À nos pensées sans âme. 

Sautillant,
Le rouge-gorge du sous-bois,
Lui aussi, fait chanter les couleurs,
Ramenant de très loin vers nous
Des présences qui peu à peu s'estompaient. 

Ainsi le Blavet
Rejoint-il la mer
En bonne compagnie,
Nous embarquant avec lui
Dans la simplicité des heures, 

Comme une source
Qui rajeunirait.

Jean Lavoué, 27 février 2021
Photo Jackie Fourmiès


















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jeudi 25 février 2021

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Sarah Brunel revient cette semaine dans l'émission Dialogue sur la vie et l'œuvre de Jean Sulivan en compagnie de Jean Lavoué, auteur et éditeur, à l'occasion de la sortie d'un livre-hommage qui recueille les témoignages de ses lecteurs et de nombreux écrivains : "Dans l'espérance d'une parole" aux éditions "L'enfance des arbres". 

RCF le 22 février 2021 


Rediffusion le samedi 27 février à 15h00






                           La Croix du 18 février 2021



                            The Irish Times, 17 février 2021



mardi 23 février 2021

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Combien faut-il de silence
Pour désirer vraiment le ciel, 

Combien de nuits 
Pour se tenir debout
Dans la gloire du soleil ? 

Combien de mois de froidure
Avant que les branches 
Ne croient à nouveau à la sève ? 

Nous sommes nés
Pour le printemps,
Pour le matin, 

Mais comment les reconnaîtrions-nous
Sans les obscurités de l'hiver ? 

Notre soif de bourgeons
Passe par la sécheresse des étés,
La nudité des jours criblés de gels. 

Le poème lui aussi a besoin de secret,
De lenteur, de solitude,
D'ombres, d'aridités, 

D'enfouissements sans preuves 
Et de vents contraires
Pour assurer son vol. 

Nous sommes faits pour le large,
Le mystère, 
L'insoupçonné :
Du désir,
Ne manquons pas la cible !

Ils croisent toujours plus haut que nous
Nos oiseaux. 

Jean Lavoué, le 22 février 2021
Photo OpenClipart / Pixabay





















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samedi 20 février 2021

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En nous aussi existent 
Des saisons insurgées :
Le printemps, par exemple,
Dont nous percevons la venue
Bien avant que n'éclosent
Les premiers bourgeons. 

La sève nous fait signe,
La couronne des arbres
Semble dire oui au soleil.

Le vent hier qui nous glaçait 
Nous enveloppe soudain
D'un châle de douceur. 

Ou bien c'est le jardin qui sans bruit nous appelle 
Pour renouveler avec nous l'alliance,
Le pacte avec la terre. 

Ainsi sommes-nous les passants
Des équinoxes de l'âme
Toujours exacts au rendez-vous
Mais pourtant renversants.

À nouveau nous nous tenons debout 
Dans la forêt du monde,
Et nous marchons sans risque de nous perdre,
Témoins irrécusables de ce qui nous dépasse. 

Il en va de même du dialogue 
Que nous entretenons avec nos ombres :
Les silences de la nuit
Nous sont aussi nécessaires
Que les babillages du ciel.

L'échappée de l'oiseau suffira toujours
À nous indiquer un chemin. 

Jean Lavoué, 18 février 2021 
Photo : Jackie Fourmiès
























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lundi 15 février 2021

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Savez-vous qu'il nous est donné à tous
D'habiter royalement le monde, 
Que nous sommes nés pour le sacre ? 

Il est en chacun
Des réserves d'imagination,
Des puissances de création
Qui n'attendent que leur printemps. 

Tout visage recèle en lui
Des trésors de patience,
Des océans de fidélité,
Des blessures aussi par lesquelles
S'échappe la mystérieuse lumière. 

"Nous somme plus grands que nous"*,
Nous sommes aussi plus pauvres,
Et sans doute plus perdus que nous ne l'aurions imaginé. 

Tout être,
Chaque personne,
Mais aussi le moindre animal,
La plus petite fleur 
Comme l'arbre le plus puissant
Diffractent un éclat de cette Lumière
Dont nous sommes les gardiens. 

S'il y a une fête de l'amour
Il n'existe pas de fête pour célébrer
Ce mystère qui nous entoure,
Ce Royaume dans lequel nous sommes plongés. 

Car c'est bien chaque jour
Qu'il nous faut honorer
Ce miracle de la Vie
Dont nous sommes les hôtes. 

Et c'est ainsi que nous devenons peu à peu
Le Visage que nous sommes. 

Jean Lavoué, le 13 février 2021
* Michel Le Bris 

Photos tirées du film "Human" de Yann-Arthus Bertrand 



























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vendredi 12 février 2021

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Chacun de nous 
Retiré dans sa nuit
Relit le monde
Avec des yeux de premier jour. 

Nous aurons tant erré
Dans la froideur des choses
Avant de retrouver l'élan,
Les matins dont nous sommes. 

Il faut écrire,
Peindre créer,
Jouer sa partition,
Pour nous sentir reliés
Par un futur désirable. 

Tandis que certains succombent,
Nous devons porter en nous le poème
Qui emplissait leur cœur. 

Nous nous ferons les uns aux autres
Le cadeau
De nos silences audacieux. 

Nous nous connaîtrons vulnérables
Sans témérité et solidaires
Avec la vie de tous. 

Nous serons tendres
Avec chaque étoile qui scintille,
Chaque flamme qui tremble,
chaque battement d'aile. 

Il y aura demain,
Des saluts sans façons,
Des célébrations pour rien,
Des retrouvailles pour la joie. 

Mais restera gravée
La certitude
Qu'il n'est pas besoin de grand-chose
Pour habiter Le Chant. 

Jean Lavoué, 11 février 2020
Photo StepanFoto/Pixabay





















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samedi 6 février 2021

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Marcher, c'est pour toi

Un peu comme écrire,

À la manière des paysans autrefois
Qui dessinaient chaque jour 
Un nouveau poème 

En donnant leur corps
Au travail de la terre. 

C'est dire oui à sa pauvreté
En se sentant comblé de tous les biens 

Et quitter pour un temps le miroir
De nos ombres tenaces. 

Être parmi les arbres,
C'est un dialogue avec le monde
Autant qu'avec soi-même, 

C'est jouer une partition
Dont on n'est que l'archet, 

Être saisi par une main
Qui sait voir l'invisible, 

Être à l'aplomb des nuages
Et se confondre avec le vent, 

Voir le printemps frémir
En chaque mot 
Comme au bout de la moindre branche. 

C'est deviner les fruits
Qui seront demain notre nourriture, 

C'est tout voir tout à coup
Avec les yeux du soleil, 

C'est s'accorder un temps de vacances
Dans les prairies du ciel, 

Écouter le murmure de l'herbe
La symphonie des oiseaux, 

Habiter la terre
Comme on hérite d'un jardin 

Et se savoir promis
À de grands silences
Dont nous ne sommes que les hôtes, 
Les passants attentifs. 

Jean Lavoué, 5 février 2021
Photo Le Blavet JL 5/02/21 


























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mardi 2 février 2021

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Quel nudité encore
Dans les branches, 
Quel silence de la sève,
Quelle humilité des bourgeons ! 

Mais ce premier février,
Le camélia 
Ne cache pourtant pas sa gloire 
Face aux nuages,
Ses promesses de printemps,
Son aria des couleurs. 

Il est au diapason avec l'oiseau
Dont tous les chants s'éveillent. 

Il y aura encore cette année,
C'est sûr, 
Des concerts dans les buissons,
Des envols souverains. 

Les sources
Gagneront les rivières,
Les pluies seront complices
Du soleil. 

Il y aura des chemins
Sans but ni pourquoi 
Et nous aurons des marches
Adossées à la joie. 

Jean Lavoué, 1er février 2021
Photo JL 1/02/21 






















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