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jeudi 31 décembre 2020

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JOYEUSE ANNÉE 2021 !

Si tu te sens très pauvre
Devant l’année qui vient
Alors tu béniras les marées du silence
Tu espaceras la neige 
Dans le ciel de ton cœur 
Tu ne souhaiteras rien
Qui ne te soit donné 

Si tu te sens vulnérable
Incertain de tes jours
Tu recevras en toi
La Vie comme un cadeau
Tu feras face à tout
Délivré de tes peurs
Amoureux sans repos
Faisant danser l’étoile
Tout au fond du chaos

Si tu ne comprends pas
Où va le monde qui vient
Si tu le trouves gros
De menaces infécondes
Alors tu seras tendre
Avec chaque bourgeon
Chaque printemps à naître
Chaque vie qui commence
Chaque nuit qui s’achève.

Jean Lavoué, Poème partagé le 31 décembre 2015
Photos  Brigit Laouen























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mercredi 30 décembre 2020

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La terre ne saurait trahir
Qui donne force aux arbres 
Et dont le destin est lié à celui de la sève

Que notre joie soit aussi 
Dans l'impatience
des printemps à naître 
Comme dans celle de la tige dressée vers la lumière ! 

Que l'espérance nous tienne la main
Pour traverser dans le flux des bourgeons
Les nuits et les forêts du monde ! 

Que nous soyons dans le vent de l'hiver
Une marée de branches en attente 
Une houle de mains tremblant aux lisières !

Soyons des jardiniers de l'aube 
Guetteurs de pousses nouvelles
Annonciateurs de saisons délivrées
Peuple fraternel tourné vers le matin ! 

Jean Lavoué, 29 décembre 2020 
Photo Waldo93/Pixabay















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vendredi 25 décembre 2020

 







JOYEUX NOËL À TOUS !

Si Noël mes amis
Etait en vous Naissance
Et ce fruit du silence
Comme vœu accompli

Ce fil de la merveille
Qui chante dans mon nom
Passé de mains en mains
Ce Signe incognito

Cette joie souveraine
L’étoile sur nos fronts
Libellule posée 
Sur l’épaule du don

Sur le versant du jour
Là où je veille en Lui
Toute Oui de Présence
Avec vous tous Je Suis

Jean Lavoué,
Poème pour Christiane Singer,
Déjà partagé le 25 décembre 2014
















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jeudi 24 décembre 2020

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Comment nommer Cela
Dont nous ne sommes que les veilleurs malhabiles ? 

Comment s'avancer 
Sur les pas furtifs de l'aube
Et marcher sur ses traces espérantes ? 

Il est pour nous ce Poème inconnu
Que nous éprouvons
Aux feux de joie qu'il allume 

Pour certains il aura le visage d'un enfant
Né au creux d'un rocher
Dans les silences du Très-Bas 

Pour d'autres il sera tissé aux vents
Aux arbres et à la mer
Mêlé à la beauté comme aux tempêtes du monde 

Chacun lui donne un nom secret
Mais il se tient incognito
Dans nos silences comme dans nos gestes qui s'éclairent 

Dans nos recoins les plus sombres
Comme dans nos nuits les plus étoilées 

Il se manifeste
Si nous renonçons à le connaître
Et nous l'apprivoisons
En nous effaçant nous-mêmes 

Il est en chacun le plus intime et le plus universel
Ce par quoi nous somme reliés les uns aux autres
Enfantés par le même mystère 

Il est notre Chant secret
Même si ne savons épeler
La moindre lettre de son Nom. 

Jean Lavoué, 22 décembre 2020
Photo JacksonDavid/Pixabay



















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mercredi 23 décembre 2020

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S’avancer sans craindre l’obscur
Jusqu’à frôler les premiers pas de l'aube

Descendre au plus noir de la nuit
Pour y trouver des germes de lumière

Se défaire de toute connaissance
Pour laisser croître en soi le Poème

S'égarer dans l’insu
Afin de ne plus jamais se perdre

Veiller sur la nuit du doute
Complice des fleuves souverains

Marcher à contre-courant des marées
Pour rejoindre la source

Ne pas chercher une pureté plus grande 
Que ces branches noueuses tendues vers le ciel

Ne plus s’en remettre aux mains de la puissance
Afin de sentir frémir en soi les bourgeons de la joie       

Ne croire aucune de ces choses nécessaires
Ne s’agripper à rien
Pour laisser venir simplement
Avec un cœur d’enfant
Ces fruits de semences oubliées !

Jean Lavoué, 22 décembre 2016


Photo : Jackie Jackie Fourmiès


























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mardi 22 décembre 2020

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De quelle fête en pauvreté nous approchons-nous,
De quel matin empli de larmes et de lumière,
De quel soleil en joie,
Tandis que le vent de la nuit
Peine à trouver 
Entre nos mains remplies
Le moindre passage
Pour consoler en nous
L’enfant perdu de la promesse ?

Jean Lavoué, déc 2017













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dimanche 20 décembre 2020

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Peut-on habiter la Parole
Comme on habite un pays
Vivre au rythme de ses semences
De ses chemins de ses saisons ? 

Peut-on s'y adosser
Pour y contempler l'arbre
Où s'abritent les nids et les oiseaux du ciel ? 

Peut-on l'enraciner au fond de soi
Comme une terre d'enfance
En arpenter les pentes douces
Les zones arides et les déserts ? 

Peut-on y naître une seconde fois
Dans une pauvreté de premier jour
Une errance consentie
Et la chaleur d'un soleil ? 

Nous qui sommes passants de plusieurs langues et de tant d'horizons
Savons-nous bien tourner les pages du livre unique
Dont chaque être est l'humus 
Le chant secret
La terre universelle de la rencontre 
De l'espérance  et de l'amour ? 

Jean Lavoué, 18 décembre 2020
Photo artdesign/pixabay






















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vendredi 18 décembre 2020

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Toujours à relire, cette dernière lettre lumineuse de Christiane Singer 

forum terre du ciel – 3 novembre 2006 

C’est du fond de mon lit que je vous parle, et si je ne suis pas en mesure de m’adresser à une grande assistance, c’est à chacun de vous, à chacune de vous que je parle au creux de l’oreille. Quelle émotion ! Quelle idée extraordinaire a eue Alain d’utiliser un moyen aussi simple, un téléphone, pour me permettre d’être parmi vous ! 

Maintenant ces quelques mots. J’ai toujours partagé tout ce que je vivais ; toute mon œuvre, toute mon écriture, était un partage de mon expérience de vie. Faire de la vie un haut lieu d’expérimentation. Si le secret existe, le privé lui n’a jamais existé ; c’est une invention contemporaine pour échapper à la responsabilité, à la conscience que chaque geste nous engage. 

Aussi, je voudrais simplement vous parler de ce que je viens de vivre. Ma dernière aventure. Deux mois d’une vertigineuse et déchirante descente et traversée. Avec surtout le mystère de la souffrance. J’ai encore beaucoup de peine à en parler de sang-froid. Je veux seulement l’évoquer. Parce que c’est cette souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence. Calcinée jusqu’à la dernière cellule. Et c’est peut-être grâce à cela que j’ai été jetée pour finir dans l’inconcevable. 

Il y a eu une nuit surtout où j’ai dérivé dans un espace inconnu. Ce qui est bouleversant, c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout. Je vous le jure. Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour. Il n’y a plus que l’Amour. Tous les barrages craquent. C’est la noyade, l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C’est la substance même de la création. Et c’est pour en témoigner finalement que j’en sors parce qu’il faut sortir pour en parler. Comme le nageur qui émerge de l’océan et ruisselle encore de cette eau ! C’est un peu dans cet état amphibie que je m’adresse à vous. 

On ne peut pas à la fois demeurer dans cet état, dans cette unité où toute séparation est abolie, et retourner pour en témoigner parmi ses frères humains. Il faut choisir. Et je crois que, tout de même, ma vocation profonde, tant que je le peux encore – et l’invitation que m’a faite Alain, l’a réveillée au plus profond de moi-même –, ma vocation profonde est de retourner parmi mes frères humains. 

Je croyais jusqu’alors que l’amour était reliance, qu’il nous reliait les uns aux autres. Mais cela va beaucoup plus loin ! Nous n’avons pas même à être reliés : nous sommes à l’intérieur les uns des autres. C’est cela le mystère. C’est cela le plus grand vertige. Au fond je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle : de l’autre côté du pire t’attend l’Amour. Il n’y a en vérité rien à craindre. Oui c’est la bonne nouvelle que je vous apporte. 

Et puis il y a autre chose encore. Avec cette capacité d’aimer, qui s’est agrandie vertigineusement, a grandi la capacité d’accueillir l’amour. Et cet amour que j’ai accueilli, que j’ai recueilli de tous mes proches, de mes amis, de tous les êtres que, depuis une vingtaine d’années, j’accompagne et qui m’accompagnent – parce qu’ils m’ont certainement plus fait grandir que je ne les ai fait grandir. Et subitement toute cette foule amoureuse, toute cette foule d’êtres qui me portent ! Il faut partir en agonie, il faut être abattu comme un arbre pour libérer autour de soi une puissance d’amour pareille. Une vague. Une vague immense. Tous ont osé aimer. Sont entrés dans cette audace d’amour. 

En somme il a fallu que la foudre me frappe pour que tous autour de moi enfin se mettent debout et osent aimer. Debout dans leur courage et dans leur beauté. Oser aimer du seul amour qui mérite ce nom et du seul amour dont la mesure soit acceptable : l’amour exagéré. L’amour démesuré. L’amour immodéré. 

Alors, amis, entendez ces mots que je vous dis là comme un grand appel à être vivants, à être dans la joie et à aimer immodérément. Tout est mystère. Ma voix va maintenant lentement se taire à votre oreille ; vous me rencontrerez peut-être ces jours de congrès errant dans les couloirs car j’ai de la peine à me séparer de vous. La main sur le cœur, je m’incline devant chacun de vous. 

Lettre adressée aux participants au forum Terre du ciel le 3 novembre 2006 et reprise dans Derniers fragments d'un long voyage, Albin Michel, 2007























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jeudi 17 décembre 2020

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Belle rencontre ce mercredi 16 décembre dans le cadre de l'abbaye de Saint-Jacut hors-les-murs autour de Jean Sulivan avec Christiane Keller, Gabriel Ringlet, Patrick Gormally, Hélène Mora, Joseph Thomas, Yohann Abiven et moi-même. A retrouver sur ce lien :


Jean Sulivan 40 ans après















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dimanche 13 décembre 2020

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Jusqu'où la lumière du poème doit-elle se retirer
Pour que s'envisage la douceur d'un printemps 

Jusqu'où la nuit doit-elle gagner du terrain
Pour que nous cédions place à la promesse 

Malgré ces illusions auxquelles on s'accroche 
Nous sommes toujours à deux doigts de nous perdre 

Dans cette errance bienheureuse
Pour chacun sont préparés
L'anfractuosité d'un rocher 
La nudité de la terre
La Bethléem du coeur 

Pauvres nous sommes ainsi plus proches
De ce qui va naître 

Au plus vif de nos blessures
Nous nous logeons dans cette perte
Où la joie bat des ailes 

Dans la fêlure des jours
Comme brûlure de fleurs d'hiver
S'enracine la force d'un matin. 

Jean Lavoué, 12 décembre 2020
Photo JL 12/12/20

















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samedi 12 décembre 2020

 




Maintenant que le temps m'est compté
- On ne le sait qu'après que ce jour s’apprivoise - 
Je vois la libellule en sa jeunesse bleue, 
Je l'éprouve intensément en tous ses éclats d'ailes. 

Je goûte à l'instant des nuages,
Je marche dans mon repos,
Je m'y sens accordé. 

J'arpente en passeur immobile
Des rives infinies
Mais sans jamais presser le pas
Car tout écart m'est familier. 

Je sais ce qu'il me reste à perdre,
À libérer et à donner :
Chaque ruisseau m'est indice,
Chaque buisson serment noué. 

Je feuillette les pages de  mon journal troué,
J'y devine des mots enfouis
Et d'autres à peine encore ébauchés. 

Je cherche seulement à servir
Non plus à être consolé. 

Je croise sur mes halages
Quelques pauvres de grand vent
Qui savent porter secours en eux
Au mendiant qui les sauverait.

Je crois à l'infinie sollicitude
De l'Absent vulnérable
À sa joie traversée,
A sa ferveur imprenable.

Je n'ai d'autre trésor que son Amour,
Son humble confiance à honorer. 

Je crois en l'homme mon frère 
Qui trouvera un jour en lui le Royaume promis
Et en chaque blessure 
Des graines de lumière. 

Le Chant m'est compagnon
De clarté et de sources 

J'envisage au creux du ciel
Des sommets et des cimes 

Je ne cherche que l'Ouvert 
Des ailes déployées 

Chaque insecte chaque fleur
Me distille ses couleurs 

Le Blavet a des gestes d'enfance
Des tendresses de premiers jours 

Je vais sans me hâter
Vers l'espace qui m'appelle 

Je borde de fougères 
Le bréviaire des saisons 

J'y lie toutes douleurs
Et tout espoir nommé 

Le vent fait une danse 
Sur les eaux argentées 

J'éprouve au fond de moi                         
La splendeur de l'été        

Je ralentis j'évite
De parler aux courants 

J'escorte le silence
Jusque sous ses écluses 

Je frémis dans le feu
Tremblant des peupliers  

L'hirondelle de mer
Fait cortège à mes grèves 

Rien ne subsistera
Sauf cette soif d'aimer. 

Jean Lavoué, 1er août 2017 


Diaporama réalisé à partir du poème paru dans "Chant ensemencé" 2017 et des dessins du recueil de  Nathalie Fréour, dans le cadre du calendrier de l'Avent préparé par la Médiathèque d'Hennebont Eugène Guillevic et TrioS Enseignement Artistique.











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