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dimanche 28 février 2016

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          Photo JL




Si la sève ne se fraie en toi un chemin
Dénudé sera le printemps
Stériles tes vergers
Désertique ton exil
Inutiles tes matins !


Jean Lavoué







































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mercredi 24 février 2016

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Très peu de mots
Pour approcher la neige de mon poème
Très peu de gestes
Pour clore les lèvres de son silence
Très peu de traces
Pour m’aventurer dans ses marges
Très peu de larmes
Pour consoler sa nuit
Très peu de voyelles
Pour ouvrir la clairière de son chant
Très peu de graines
Pour ensemencer sa vie
Très peu de vide au centre
Pour libérer son souffle
Très peu de notes d'enfance
Pour élever l’arbre de sa joie


Jean Lavoué




























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mardi 23 février 2016

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ETTY HILLESUM



Le seul arbre du camp,
debout dans la cour.
Le regarder
par la fenêtre du baraquement
est une prière.

Il faudrait voir chacun
ainsi, pense-t-elle,
avant de s’effondrer,
confondue avec les autres
marionnettes et chiffons.

*

Au réveil, tu reprends ton mal
avec tes chaussures
et le long chemin
pour remonter sur terre.

*

Un pas après l’autre,
Tu entraînes la terre.

Lourdement, elle tourne.

Le soleil clignote,
s’allume pour un jour.


Jean-Pierre Lemaire
L’Intérieur du monde








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vendredi 19 février 2016

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DEMAIN

Eclat de nos courages
Soleil de nos fécondités

Demain s’envisage de toutes nos pauvretés
Il tourne le dos à notre démesure
Vrille notre insouciance
Et s’affranchit de nos fragiles libertés


Il fait feu de tout bois
Très calmement nous dépossède
Considère tous nos déchets

Comme un trésor abandonné
Et fait du cœur de l’homme
Son beau domaine et son foyer

Il grimpe à même les murs de nos maisons
les couvre de fruits de pousses vertes
Il donne à chaque enfance
Le prix de la plus haute humilité
Et réinvente des saisons
Où l’homme pour l’homme devient clarté

Il sait la porte étroite où se faufile la bonté
Là où s’acharne la violence
Où s’extermine le goût d’aimer
Il tient sans rien maudire
Le fil ténu de la fraternité.


Jean Lavoué








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jeudi 18 février 2016

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Où te tiens-tu absente souveraine
Passante au règne incandescent
Mendiante aux allures de reine
En quelle brûlure intensifiant l’instant
En quels sommets en quels secrets abîmes

En quelle marée au seuil du bel été
Toi dont les pas annoncent l’incendie 
En quel désert sans fin recommencé
Toi dont la chair manquante nous devine 

Tes mots ont-ils sevré mon chant
Pour naître à bout portant de mes mains orphelines ?

Au pas dormant de mes amours
Tu es l’amble qui me console
Et tu prédis le juste écart
Où le soleil peut s’engouffrer

Toi le jeune rameau blessé
Toi le pardon insoupçonné
Toi seule que rien n’étonne
Ni ne bouleverse ni n’effraie

S’il est un centre à mon poème
C’est ton silence incorporé
C’est de ta nuit au bord du monde
Que s’élance le verbe aimer
C’est le miracle de ton  enfance
Qui refleurit tous les étés.


Jean Lavoué







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lundi 15 février 2016

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         Photo Cop. Marie-Christine Ségeat  http://uncheminausoleil.blogspot.fr/


Je me suis mis à l’école du silence
Sur le tableau noir des années
Je délie ses voyelles
Je partage son chant
J’écoute sa beauté

L’arbre et l’oiseau
La pierre et le ruisseau
La lune et le nuage
La fleur et le chemin
En savent infiniment plus que moi
Sur sa ferveur intime
Et sur son doux secret

J’aime leurs voies buissonnières
Je respire avec eux
Je fredonne tout bas
Je m’initie à leurs côtés

Je fausse compagnie aux bruits
Je cherche obstinément
L’espace inattendu
Le soleil immobile
La présence attentive
Qui partout irradient.

Jean Lavoué















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dimanche 14 février 2016

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Prière de Yehudi Menuhin

A toi, que je ne connais pas et ne puis connaître,
A toi, à qui je suis lié par l'amour, la crainte, la foi, l'espérance,
A toi, l'unique et la multitude… j'adresse cette prière :

Conduis-moi vers le meilleur de moi-même
Aide-moi à devenir une personne à qui la plupart des choses, des créatures et des plantes vivantes accordent leur confiance ;
Fais que je respecte toujours le mystère et le caractère de chaque forme de vie,
à la fois dans son unicité et dans sa pluralité,
car la vie engendre la vie

Aide-moi à ne jamais renoncer à l'exercice vital,
celui qui consiste à protéger tous ceux qui respirent, et l'air que nous devons respirer,
tous ceux qui ont soif, et l'eau qui désaltère,
tous ceux qui ont faim, et la nourriture qui rassasie,
tous ceux qui souffrent, et le réconfort, la compassion et le secours dont ils auraient besoin…

Aide-moi à accepter et à me préparer pour affronter la difficulté, la douleur et l'imprévu,
à me soucier des sourds, des aveugles, des paralytiques, des malades, des affligés, des estropiés,
qui ont si remarquablement contribué à notre héritage et à notre civilisation.

Aide-moi à accepter Ta dernière volonté avec résignation et avec une dose de curiosité ;
aide-moi à faire le meilleur usage de l'adversité et de l'abnégation.

Aide-moi à être la digne sentinelle du corps que tu m'as confié,
je ne puis disposer d'aucune vie, pas même de la mienne,
car elle est comme un objet d'art, confié provisoirement à ma garde,
pour être rendu au cycle terrestre, dans le meilleur état possible,
afin que d'autres vies puissent se perpétuer

Pour tout cela, que ta volonté soit faite.

Yehudi Menuhin

(prière copiée le 24 février 1989 par Madeleine Froger née en 1901 ! Merci Charles !!!)

samedi 13 février 2016

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                Photo ; canopée de la forêt amazonienne à l’aube, au Brésil. © Peter van der Sleen



Poème après poème
Je plante une forêt
Dans les trouées du monde  

J’y convoque en secret
Les oiseaux de ma race
J’y butine des aubes

Seul l’arbre que j’espère
J’y crois en l’écrivant
Couronnera l’hiver

Vers la nuit qui s’affirme
Je m’avance à mains nues
Je progresse à l’estime

Je n’ai plus à compter
Puisque tout m’est donné

Le corps survivra-t-il
Aux tardives vendanges
Saura-t-il contempler
Ses saisons crucifiées

Je soigne ses élans
J’épargne les nuages
Je feuillette en aimant
Les carnets du soleil


Jean Lavoué





















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jeudi 11 février 2016











SAVEZ-VOUS QU'IL Y A DES AUBES ?












Je vous invite donc à ne partir 

que pour mieux rentrer en vous-mêmes. 
Et même si vous ne partez pas 
il est possible de retrouver votre "terre intérieure". Qui que vous soyez, 
quel que soit votre peine ou votre solitude, 
il y a des instants heureux pour vous : 
des chemins, des ruisseaux, des quartiers de votre ville, 
la mer qui invite à la sérénité, 
la montagne qui dit : redresse-toi. 
Laissez quelque temps la voiture au garage, marchez à pied seul, hors de vos horaires habituels.

Savez-vous qu'il y a des aubes? 
Avez-vous jamais marché à l'aube le long de la mer, 
dans une forêt ? 
Vous êtes seul, vous pouvez revenir à l'essentiel,
vous interroger sur la vie que vous menez. 
C'est le premier matin du monde. 
Il y a une parole pour vous qui se parle, immémoriale... 
Ne parlez à personne de votre escapade 
et de la surprise heureuse qu'elle vous a réservée. Il y aurait trop de monde dehors à l'aube. »

Jean Sulivan
Parole du passant 













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