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Qui meurt sous les bombes à Marioupol,
À Kiev à Kharkov ou bientôt à Odessa
Sinon ce que nous portons chacun de plus précieux en nous :
Ce don fragile, cette promesse,
Cette petite flamme espérance,
Cet enfant sans défense,
Abandonné au souffle de la vie ?
Tous, nous nous trouvons blessés
Au plus vif de notre humanité !
Faisons confiance aux forces de soulèvement et de résistance
En apprenant chaque jour cependant,
En terrain si difficile,
À ne pas haïr !
Car cela recouvrirait d’un voile sombre cette lueur
Que nous portons encore au fond des yeux,
Cela tomberait sur nous comme un éteignoir,
Comme ces éclats de missiles et de mensonges
Qui ne cherchent qu’à abolir en l’autre toute vie.
Or nous croyons justement que la vie triomphe
Des pires tourments, des plus sombres désastres,
Que le sang des victimes ne coule pas pour rien,
Qu’il allume en nos cœurs un grand brasier d’amour
Qui ne s’éteindra pas.
Faute de pouvoir affronter de face ce mal qui nous étreint,
Armons de courage nos frères qu’on assassine,
Donnons-leur encore des raisons d’espérer,
Disons-leur que c’est ce que nous avons de plus cher
Qui meurt et qui souffre avec eux,
La source de notre vie qui se perd en leurs terres arides,
Notre vulnérabilité qui tombe à leurs côtés,
Notre maison commune qui s’effondre avec eux,
Nos feuillages persistants de printemps
Qui se dessèchent en leurs saisons ravagées…
C’est notre âme légère comme un duvet d’oiseau
Qui tremble sous l’orage,
Impuissante mais, pourtant, déjà victorieuse !
Jean Lavoué, le 18 mars 2022
Photos : exode d’enfants en Ukraine
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