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mercredi 23 mars 2022

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Tu t’arraches en cachant tes larmes
Aux fleurs de ton pays,
À toutes tes eaux vives,
Tes printemps fabuleux,
Tes racines bénies.

Sans te retourner, tu t’enfonces en tremblant
Sur les rails impassibles d’un hiver ténébreux, 
Vers des frontières aux yeux clos,
Ignorant si tu reverras un jour
Sous la vague bleue des horizons 
L’infini des plaines couvertes de blés en feu.

Te voilà coupée de tes forces vives :
Tous les hommes sont restés au front ;
Ils ont dû s’armer d’un courage 
Que tu ne leur connaissais pas
Et tu ne sais même pas si tes bras
Enlaceront un jour autre chose que du vent.

Vous êtes ainsi des millions
À vous précipiter sur des quais inconnus, 
Confiants certes en ces mains qui vous accueilleront
Et dont la générosité ensoleillera un instant vos visages,
Mais le cœur reste pourtant noué par l’abandon 
De tant de bonheurs simples.

Tant de questions battent doucement aux tempes de ta vie : 
Les murs de ta maison résisteront-ils
Aux forces aveugles qui s’abattent sur elle ? 
Chacun de tes trésors sera-t-il réduit en cendre,
Toutes ces photos de tes ancêtres bientôt effacées ?
Et tes voisins si bons, que vont-ils devenir,
Et ces personnes âgées incapables de se déplacer ? 

Privée de ta terre natale, 
C’est dans les yeux apeurés de tes enfants
Que tu plonges pour dessiner encore
Les branches de ton avenir.
Tu y cherches inlassablement 
Les ailes de tes souvenirs
Et tu guettes le chant de l’oiseau 
Qui naîtrait peut-être 
De leur bouche silencieuse. 

Jean Lavoué, 22 mars 2022
















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