Traduire

lundi 31 mars 2008


Se fondre ce matin
Dans le concert
Du bouvreuil,
Du roitelet,
De la fauvette,

Au plus secret de soi
Laisser l’alléluia trembler,

Comme un priant perdu
Dans cette assemblée
Des branches,

Tourner son chant
Vers la lampe du jour,

Epouser
Sa lumière.

dimanche 30 mars 2008


L’oiseau
Est ton ami,

C’est pourquoi tu l’installes
Au cœur de ta symphonie,

L’archet,
Tu l’élèves pour lui.

samedi 29 mars 2008


Cet espace en toi,
Accompli,
Tu ne saurais le trouver seul,

Sans ce léger frémissement
Avant que les paupières
Ne s’ouvrent,

Comment apprivoiserais-tu
Les papillons de l’aube,

Comment entendrais-tu
Leurs ailes
Autour de toi trembler ?

Tout au bout de tes antennes
N’oublie pas de te laisser aimer !

vendredi 28 mars 2008




Apprivoiser
Le chant,

Porter l’écrin
De son silence,

Ne pas susciter
L’amour

Avant
Qu’il ne s’éveille,

Le laisser prendre
Son envol,

Partir
Vers l’inconnu,

Ne jamais revenir
Peut-être,

Tenir
Tout contre soi

La promesse
De son aile.

jeudi 27 mars 2008


Tu n’as pas attendu ce matin
Que l’oiseau s’éveille,

Tu t’es porté plus haut
Que sa plus vive attente,

Tu as ouvert le jour,
Nettoyé patiemment son aire,

Préparant tout l’espace
Pour la gloire de son chant.

mercredi 26 mars 2008


Si tu ne places ta voix
Dans l’azur du silence,

Si tu n’ouvres les ailes
De ton désir d’enfant,

Si tu n’atteins le ciel
Aux pieds nus du soleil,

Si tu ne laisses chanter
Le violon de ton rêve,

Crois-tu que tu pourras marcher,
Crois-tu que tu sauras aimer ?

mardi 25 mars 2008


Tu avais rejoins soudain
Les contreforts du temps,

Là où ta vie s’équilibrait
D’un pas de danse
Sans contrepoids.

Tu allais l’amble
Au rythme de la musique
Et d’une exacte sollicitude,

Tu ouvrais
Les portes fermées,

Sans clefs,
Tu laissais l’amour
Tout pénétrer.

lundi 24 mars 2008


Entre l’arbre
Et l’écorce,
Tu cherches l’espace
Où le jour respire,

Tu sens craquer les veines
De ta joie,

Tu laisses sourdre le ciel
D’un abandon en toi,

Comme un bruissement de vent
Sur tes bourgeons naissants,

C’est jusqu’au fond de l’âme
Que le printemps descend.

dimanche 23 mars 2008


Quoi de nouveau sous le soleil ?

Une chose étonnante :

Un oiseau s'est perché sur un épouvantail

ET IL CHANTE!


Anthony Lhéritier





Cette parole,
C’est aujourd’hui
Qu’elle s’accomplit,

Dût-elle veiller
Mille ans,

C’est dans l’instant
Qu’elle fait
Tout ce qu’elle dit,

C’est maintenant
Son heure,

Elle se donne
Ici.

jeudi 20 mars 2008


Dès que ce manque est touché
Tu te mets à respirer un autre air,
Ton cœur à battre un autre rythme,
Les mots à s’ordonner autrement !

Il te faut consentir
A descendre en ce lieu
Où rien n’est donné à l’avance,

Où chaque lettre,
En entrant,
Se signe,

Où tu découvres toutes choses
En marchant.

Tu as besoin de ce lieu paisible en toi
Pour respirer.

Sans le chant saurais-tu t’orienter ?

mercredi 19 mars 2008


Peut-être qu’un seul poème,
Un jour, un matin,
Rassemblerait tout l’amour
Que tu portes en toi,

Peut-être mettrait-il le feu
A toutes tes fenêtres,

Sortirait-il pieds nus
Dans le vent en courant,

Peut-être danserait-il léger
Tel un astre filant,

Vers le noir obscur
Où perce
Le diamant de son chant.




Pour Christiane Singer
En ce Mercredi Saint de son départ
Voilà un an!



S’il n’y avait ces rencontres
Dans la Voie lactée,
Ces rendez-vous impromptus,
Ces noces des matins,

S’il n’y avait cette heure
Qui frappe au tympan du monde,

S’il n’y avait ce silence
Quand il vous a frôlés,

S’il n’y avait cette terre promise,
En vous,
Qui brûlait,

Pâques, dont les bourgeons
Entre vos doigts flambaient,

La Vie vous aurait-elle jamais fait
Ce cadeau
D’une gloire insensée ?

Le chant
D’un seul tenant
Célébrant votre royauté!

mardi 18 mars 2008


J’ai soudain quelques livres
Qui rêvent de s’envoler,

De faire
Dans les murs
De ma bibliothèque
Quelques vives trouées,

Je veille
A ce que chacun d’eux
Se sente singulièrement appelé,

Afin qu’il continue tout bas,
Au loin,
A me parler.

lundi 17 mars 2008


Soudain l’oraison
Tu la portais en toi
Comme un bouquet de fleurs
Sorti de la nuit des troncs,

Le cœur restait
Tout aussi silencieux,

Mais l’amour,
L’impossible,
Tu l’élevais
Telle une offrande bénie
Jusqu’à ton front.

dimanche 16 mars 2008


As-tu trouvé la terre
Où te perdre vraiment,

Laissant le vent,
La pluie, le gel,
Seuls,
Décider ?

As-tu renoncé
Au ciel de tes pensées,

Crois-tu au soleil
Que tu portes en toi,

Le laisseras-tu germer ?

samedi 15 mars 2008


Quand tu ne fais plus qu’un
Avec ton silence et ta nuit,

Que tu sens tout effort
Inutile,

Quand tu n’as plus le goût
Qu’à cette absence pure,

Quand les mots,
Les images,
Les sons ont disparu,

La lumière peut naître
D'elle-même.

Tu es tout près d'atteindre
La forêt
Que tu cherches.






Tout est franchi
Par un unique espace,

L'intimité
Du monde.

Les oiseaux calmes
Passent à travers nous ;

Je veux grandir,
Je vois dehors :

C'est l'arbre
Qui grandit en moi.

Rainer Maria Rilke




vendredi 14 mars 2008


Quand le fleuve s'est tu,
Quand la voix du vent
S'est apaisée,

Tu as enfin donné
sa chance au jour.

Tu as aimé
D'un rire fou,
D'une joie claire.

Tu as laissé l'oiseau,
Au fond de toi,
Triompher.

mardi 11 mars 2008


Pourquoi le ciel
S’est-il mis tout à coup
A s’aimer entre vous ?

Qu’y avait-il ainsi
Qui réclamait sa part
De déchirure,
De nuit ?

Vous étiez soudain nus
D’écorces et de mystères,

Recevant à genoux
L'empreinte
D’un amour.

lundi 10 mars 2008


Ce jour
Où nul poème ne se forme

Tu vas
Au partage du ciel,

Comme on ouvre ses mains,
Le soir pour la prière,

Voulant cueillir
Les gouttes de la nuit

En grand silence
Contre soi.

Et tu n’as rien à donner,
Rien à offrir,

Tu restes là
Comme un arbre
Oublieux de lui-même,

Enfin simplifié !

dimanche 9 mars 2008




La joie d’écrire
Pour un cœur
Que tu ne vois pas

Mais que tu sens là
Bien présent,
A tes côtés,

Qui cherche avec toi
la lumière.

Ecrire pour un chant,
une voix,

Dont tu entends partout
Le rire clair.

Ecrire
Pour dire la fleur,
l'instant béni,

L’éphémère,

Où tu éprouves
Depuis le seuil
La vie en son Ouvert.







« Etre artiste, c’est ne pas compter, c’est croître comme l’arbre qui ne
presse pas sa sève, qui résiste confiant au grand vent du printemps, sans
craindre que l’été puisse ne pas venir. L’été vient mais il ne vient que
pour ceux qui savent attendre, aussi tranquilles et ouverts que s’ils
avaient l’éternité devant eux. » Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète

samedi 8 mars 2008


L’instant favorable,
C’était en toi
Ce silence brûlé,

Cette fête incandescente
Tout au bout de tes doigts,

Le feu
Quand il vous a frôlé,

Cet éclat de rire entre vous,
Ce coup d’archet si doux.

C’était la joie
Qui te faisait plier,

L’heure
Où tu te jetais
Dans l’incendie
De ta vie donnée.

vendredi 7 mars 2008


Dans les terres
De ton bonheur
Existe un ciel
Que tu n’oublies pas.

D’une lumière insolente,
Tu ne l’as jamais refermé.

Tu suis partout son étrave
Sous l’eau grave des journées.

Ce qui dit oui en toi,
C’est avec cette pureté,

Et dans ce sillage là.

jeudi 6 mars 2008


Les carnets,
Qui dressera leur clôture,

Qui me dira
Qu’ils sont lisibles enfin
Jusqu’à l’ultime ligne ?

Comme s’il n’y avait toujours,
Par delà, des herbes hautes,
Des champs à profusion.

Un jour vient pourtant
Où le ciel dit oui,

Tu peux fermer le livre.

Mais qui éprouve l’heure,
Qui connaît l’instant ?

mercredi 5 mars 2008


Se taire,
Ne divulguer à personne
L’empreinte du Roi.

Epouser sa nuit,
Dans les celliers du vent.

Affermir son souffle
Sous la treille,

Se tenir en repos
Jusqu’à ce qu’Il s’éveille,

Se retirer joyeux,
Sûr de cet instant.

mardi 4 mars 2008




Ecrire disais-tu,
Cette vocation que l’on choisit
Chaque matin.

Et c’était vaste
Comme la terre entière,
Simple comme je jour,

Evident
Comme la table
Ouverte devant toi.

C’était le ciel
Qui chantait aux fenêtres,

C’était l’étoile
Qui te tendait les bras.

Ecrire disais-tu,
Et tu laissais l’appel
Retentir silencieux
Tout au fond de toi.

lundi 3 mars 2008


Tu as appris à pratiquer
Cette méditation singulière

Où tu guettes chaque mot
Venant se poser sur ta main.

Elle suppose ni plus ni moins
De silence qu’une prière,

Ni plus ni moins de solitude,
De présence et de foi.

Tu te demandes parfois
Si elles ne s’entendent pas,
L’une et l’autre,
A merveille

Pour s’échanger des oiseaux
Que toi, tu ne vois pas.

dimanche 2 mars 2008


Il fait soleil sur les bords de ta vie
Dès que tu t’apprivoises,
Ne te laisse pas acclimater !

Tu es resté l’incroyable contemporain
De cette fleur coupée
Dont le parfum t’enivre.

Ah ! Si l’on pouvait entendre
Tous les chants silencieux
Qui emplissent la terre,
Tous les chants de douleur
Et tous les chants de joie !

Le monde enfin serait lisible.

samedi 1 mars 2008


Autour de quel centre,
De quel vide étrange,
Ta vie s’est-elle mise à vibrer ?

Tâche de le percevoir
Et reviens-y sans cesse !

Ces clairières ouvertes
Aux vents du large,
A toi de les vouloir,
A toi de les créer !

Il te fallait
Ces terres nues où respirer,
Guetter le moindre souffle,

Faire confiance au chant
Qui se murmurait.
[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]