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dimanche 29 septembre 2019

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Hier 28 septembre, Brasserie des Ondes à Paris, juste au pied de la maison de la radio, parmi de légers bruits de fond, de vie et de vaisselle, ces minutes heureuses de partage avec Jeanne Orient au cœur de la poésie de René Guy Cadou... L'occasion de faire vibrer depuis la grande ville "l'odeur des lys" et "la liberté des feuilles" qui lui furent si chères... C'est toujours une joie et une grande confiance de se laisser ainsi guider par les questions sensibles de Jeanne : dialogue tourné vers le mystère de cette rencontre entre un auteur dont l'œuvre brève et intense n'en finit pas nous éclairer et l'un de ses lecteurs reconnaissant...









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Rejoindre en soi la paix des grands espaces
Élargir le souffle se fier à son rythme
Laisser le silence s'étendre sur les plaines de l'âme
À chaque instant se faire complice de la joie

Jean Lavoué, 29 septembre 2019
Photo JL Mazille










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samedi 28 septembre 2019

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Merci Joseph Thomas pour cet article publié hier dans Golias Hebdo. Le livre est dès à présent disponible et peut être commandé dans toutes les librairies ou dans le lien ci-dessous


La fraternité au cœur : René Guy Cadou


            Jean Lavoué a déjà réalisé bien des portraits attachants, levé  plusieurs stèles littéraires à des figures connues ou moins connues, il a su magnifier Grall et Perros, Jean Sulivan et Féli de Lamennais. Il est surtout poète, dans la vibration de l’instant-éternité et ses livres de poésie résonnent  et vibrent  avec leurs titres incitatifs : Le Cœur réel,  La Porte des jours, Soleil des grèves. S’y affirment l’importance de la nature, la prégnance de la mer et de la lumière mais jamais sans les fibres de l’amitié intranquille et vaillante.

            C’est une fréquentation assidue au long d’une existence et une documentation fournie, rigoureuse, que lui permettent d’offrir cette fois aux lecteurs attentifs un portrait sensible, renouvelé, de René Guy Cadou. On le savait proche de cette écriture familière, accessible à presque tous les âges, qui a inspiré bien des auteurs de chansons. Le portrait est ici buriné jusqu’au moindre détail. Jean Lavoué a tout lu et examiné concernant le poète décédé à 31 ans, en un éclair de vie, dans la fraternité des amis de l’École (dite de Rochefort) et l’admiration contenue des poètes de son temps, en particulier Pierre Reverdy et surtout Max Jacob. Instituteur public à Louisfert, il y meurt tout jeune encore en laissant son épouse Hélène  qui recueillera de lui un belle part de sa veine poétique.

            Parce que professionnellement engagé dans le social,  Jean Lavoué connaît l’importance des filiations dans les processus de croissance, il partage sa découverte essentielle et vitale : le jeune poète décédé d’un cancer  à trente et un ans était déjà depuis longtemps comme habité à l’intime par un absent-présent, son petit  frère Guy qu’il n’a jamais connu mais s’est installé comme un sous-sol indispensable, un compagnon de jeux et comme un entremetteur le suscitant à créer. Pas étonnant qu’il ait souhaité ajouter son prénom  Guy au sien René dont il connaît aussi le fort symbolisme, lorsqu’il compose en poésie. Il écrivait chaque soir toujours en présence de cet hôte mystérieux. Jean Lavoué confesse en quelques lignes être bâti de la même étoffe, celle des êtres blessés par une absence et comme mus par une quête à l’intime. Pas de poésie sans quelque blessure. Indispensable et essentielle.

            Cette clef sensible éclaire totalement cet écrit, l’auteur y revient plusieurs fois, ce qui le rend poreux aux signes et aux « présences ». René Guy Cadou est lui-même un compagnon qui fraternise avec les êtres blessés d’une même blessure. Mention toute particulière à  Max Jacob, comme un grand frère douloureux et léger,  pèlerin de Saint Benoît-sur-Loire, qui lui envoyait des lettres de dévotion auxquelles il ne répondait pas toujours, lisant plutôt entre les lignes les paroles de l’amitié sans fioriture. Jean Lavoué nous place d’emblée dans la fraternité, au cœur des poètes. A 31 ans, René  Guy Cadou avait, en achevant sa courte vie, allumé des feux, réjoui Reverdy, enflammé Michel Manoll, béni Max Jacob en partance pour Drancy.

            Faut-il ajouter un étage à la fusée ? Dire jusqu’où va la source vive ? René Guy Cadou est une parabole, un prototype, le contemporain, pour toujours, des êtres qui fuient les formules creuses des piétés convenues. Il se verra donc refuser le sacrement chrétien final. Le prêtre du lieu n’accepta pas qu’un communiste, de la « laïque », à peine marié soit enterré dans le carré des chrétiens paroissiaux. Principes et règles durcis par quelle collusion ? Il nous fait, en regard, découvrir des êtres  qui communiaient dans la même ferveur christique : le curé Yvernaut poète et le Père Agaësse de Solesmes, magnifique figure  libre  et souveraine.

            Les frontières sont poreuses  et personne ne sait bien qui est dedans et qui dehors. La paroisse calibrée de Louisfert,  adossée au catéchisme, avait ses principes et ses prétentions. René  Guy Cadou avait seulement la passion de l’amitié, le cœur en filigrane qui  brûle de mille feux... Le Père Agaësse reconnaît en lui un « prince » et Max Jacob  qui voulait le voir tout chrétien, le reconnaît tel dans ses silences et ses colères.
           
            Longtemps,  il ne s’est pas dit trop fort le Christianisme de Cadou, mieux la christité de Cadou, son ton de « christ-hors-frontières », dans les marges bienheureuses. Jean Lavoué va droit  au fait, avec rigueur, avec justesse, avec un respect infini. Il lève une stèle à la fraternité, au Christianisme possible à tous, comme en témoigne le poème de Cadou « Nocturne » si authentique et si plein d’allant.  On l’a dit païen, gnostique et surtout pas ecclésial. Certes, mais il est franciscain jusqu’à l’os, bénédictin, ami de tous les tiers-ordres. Il chante la création, il chante l’amour-passion, la fidélité, l’éternité déjà-là comme on  ne l’avait jamais fait.

            Cadou est jeune et éternel, à la manière d’Etty Hillesum, Arthur Rimbaud et Simone Weil. Il ne s’en laisse pas accroire, il ne se rend pas. Il porte ses colères. Il est toujours plus loin. Personnellement, j’avoue avoir tardé à le rencontrer, j’ai quelque peu méprisé son langage si peu abstrait. Les années, la fréquentation de l’essentiel, l’amitié me le rendent si fraternel également. Rencontre avec un personnage du 3° type, déjà réalisé, tout éternisé, vérifié par le feu et incendiant le réel d’une  bonne humeur, d’un éveil constant.

Les années 60 avaient déjà fourni tous les éléments d’un christianisme mystique, joyeux, résurrectionnel !  Aujourd’hui, à  entendre certaines voix, on continuerait à refuser des obsèques chrétiennes à René-Guy Cadou et il irait  encore si intensément, directement au ciel des poètes. Par quelle déformation imparable la poésie a-t-elle  à nouveau déserté  les églises ? Jean Mambrino et Gilles Baudry et Charles Le Quintrec ont tellement mieux su et dit comment les vérités du cœur se lèvent.

Ce livre de Jean Lavoué est un grand livre d’amitié franche, un manifeste majeur. Il est solide, charpenté hardiment, incisif. L’auteur a choisi pour ce faire, sa petite maison d’édition L’enfance des Arbres  pour le diffuser C’est un peu dommage pour la poésie. Elle aura encore du mal à percer. Mais la fraternité y gagne. C’est toujours à petits pas qu’elle progresse. Offrez-vous cette chance.

 Joseph Thomas







mercredi 25 septembre 2019

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Nous n'avons que nos mots pour célébrer la vie,
Nos mots et nos silences,
Nos gestes affranchis.
Nous apprenons de nos défaites,
De nos atteintes à ce miracle bleu,
De notre ignorance à ses lois,
De sa souveraineté sauvage,
Du chevreuil bondissant que nous n'avons su éviter.
Puissions-nous sortir parfois de nos écorces suffisantes,
De nos certitudes aveuglantes,
Pour toucher au faible et au fragile,
Communier avec lui,
Apprendre à le sauver.
Puissions-nous être là, sans prise et sans voracité,
Témoins du fleuve ardent dont nous sommes les bateliers.
Notre terre est le jardin où Vie nous fut promise :
Nous n'en avons pas d'autre ; n'en trahissons pas la source !
Elle est notre bien le plus précieux.
Saurons-nous la consoler avec patience,
La protéger avec tendresse
La soigner et l'aimer ?
Laisserons-nous encore respirer en nous
La fervente espérance ?

Jean Lavoué, 24 septembre 2009


En résonance avec le beau livre de Jean-Claude Guillebault « Sauver la beauté du monde » à paraître le 2 octobre... (samedi,  juste avant d’arriver à Louisfert, pays bleu d’Hélène et de René Guy Cadou, cette collision malheureuse avec un jeune chevreuil me parle encore de la vie sauvage et belle et de la fragilité dont nous sommes les gardiens.)

Photo LoubosHouska/Pixabay










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