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Rien à faire,
Le vent te veut dehors
Pour t’abreuver d’enfance ;
Il te veut debout tutoyant les étoiles
Aussi précis qu’un arbre
Pour glaner en tes branches
Ses bourrasques,
Ses silences.
Le vent te veut pour une fête
Dont tout porte le chant :
Aussi nu que pierre,
Aussi léger que graminées emportées dans son souffle ;
Il te veut sans partage
De toutes les saisons dont il est le vainqueur,
Le berger pacifique.
Le vent te veut désarmé,
Lavé des certitudes,
Sans bouclier ni doctrine,
Ici même présent
Dans l’instant du dévoilement ;
Il te veut pour une communion
Sans sceau ni empreinte,
Dans la danse des âmes
Offerte à tous passants.
Le vent te veut oublieux de la mort
Pourtant compagne de chaque pas,
Plongé dans la source de vivre,
Immergé par la main des courants ;
Il te veut gardien des promesses
Dont il signe chaque battement de cœur,
Chaque lueur sur ta route,
Chaque étonnement,
Chaque abandon enfin tenu.
Le vent te veut d’une demeure
Livrée aux oiseaux de mer,
Sans portes ni fenêtres,
Aux linteaux bénissant ;
Il te veut pour une traversée sans cap ni retour
Où il indique seul à chacun les passages,
Les gués pour se perdre,
Les tracés magnifiques.
Le vent te veut pour une Bretagne des confins
Balbutiée par les éclats de l’aube ;
Il te veut pour une cantate neuve
Fière de ses eaux franchies,
Pour un cortège en partance,
Dénué de ses peurs,
Aux larmes fraternelles,
Aux rires éblouissants.
Le vent te veut pour un baptême des limites
Aux rives fracassées d’amour ;
Il te veut pour un alléluia torrentiel
Aux immenses ailes déployées,
Un envol vers les îles,
Un feu que chacun porte en soi.
Jean Lavoué, Le Blavet, 27 mai 2019
Photo Le
Télégramme, Saint Jacut de la mer
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