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vendredi 31 juillet 2020

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"Des clairières en attente"

C'est le titre que je donnerai

Au récit-témoignage que je viens d'écrire en juillet

À la demande d'un éditeur

Qui devrait le publier au printemps prochain

Une façon pour moi de souligner 

L'importance de tous les petits groupes 

Et réseaux d'amitié que nous formons

Y compris celui que j'ai la joie de rassembler ici

Autour de ces résonances poétiques et "espérantes"

Dont je reçois de vous en retour tant d'échos chaleureux 

S'y configure je crois

L'humanité paisible et fraternelle 

Réconciliée avec la terre 

Dont nous sommes nombreux a guetter le printemps

Et à chercher à faire fleurir 

 

Maintenant je m'attelle a l'écriture

D'un second petit livre

Que j'intitulerai

"Le Poème qui vient" 

J'aimerais y glaner les intuitions

Les ressources créatrices 

Les appels intérieurs 

Qui nous précèdent 

Qui que nous soyons

Nous traversent et nous dépassent 

Cela que souvent nous ne savons pas nommer

Mais qu'il nous arrive d'entendre chacun 

Dans notre propre langue 

Cette Parole qui nous saisit

Nous console

Et nous tire en avant

 

Il se peut que je publie moins de textes sur cette page ces prochaines semaines

Mais je n'en ai pas fini pour autant avec l'écriture 

Je compte d'ailleurs après l'été

Rassembler certains des poèmes partagés ici ces deux ou trois dernières années 

Je les proposerai sans doute aussi en recueil

Au printemps prochain

 

Une manière pour moi de remercier 

Et de rendre également hommage à la recherche médicale

Et à tous les soignants qui m'ont permis de bénéficier depuis deux ans

D'un traitement d'immunothérapie efficace

Eux aussi œuvrent à nous garder vivants

Comment ne pas faire fructifier

Le temps que leur attention nous donne 

Ils ont besoin de nous 

Surtout lorsque plane autour de nous tous 

La menace insaisissable

Continuons à les aider

En prenant soin les uns des autres.

 

Bel été a chacune et à chacun ! 

 

Jean Lavoué, 31 juillet 2020
















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Il y a tout juste 73 ans, ce 31 juillet,

Le petit prince Antoine de Saint-Exupéry,

Profitant, je crois bien, d'une migration d'oies sauvages,

Rejoignait, son mouton sous le bras, sa petite planète et sa rose.

 

Il avait raconté ce départ, quelques années auparavant,

Dans un livre qui n'est pas vraiment un livre

Mais plutôt une sorte de missive, à la fois amère et joyeuse, 

Adressée à l’enfant qu’il était resté

Pour s'encourager malgré tout à croire, à aimer et à sourire à la vie jusqu'au bout. 

 

Il en avait suffisamment appris sur les adultes en parcourant le monde :

Il les avait observés sur toutes sortes de planètes étroites, 

Peuplées de leurs étranges habitants solitaires et ennuyeux comme des robots.

 

Loin de leurs consignes et de leurs devoirs,

Il cherchait pour lui une autre mélodie, une couleur, un parfum, un silence,

Une origine peut-être ou une autre naissance,

Qui seraient à la fois de ce monde sans en être tout à fait cependant...

 

Une ligne de poésie pure 

Une présence étoilée 

Un amour solaire

Une tendresse sans prise

Une familiarité de chaque instant avec la mort

Un désert habité

 

Il demeure ainsi à jamais

Comme le Chant d'une enfance indomptée, 

Ouvrant en chacun de nous

La voie de l'intime et du Poème.

 

Voie de gratuité absolue,

Dénuée de toute utilité, 

Libre de toute attache,

Poreuse à la fraternité et à l'amitié,

Sûre comme un puits retrouvé 

Dans la chaleur des sables,

Une source unique,

Intarissable comme un Amour  enfin apprivoisé. 

 

Jean Lavoué


 

Photo JL, prise dans les couloirs de l'hôpital de jour de Lorient












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lundi 27 juillet 2020

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Quand le silence
Fera naître en toi
Le bourgeon du poème 
Tu accompliras enfin
L'ardente prophétie 
Tu seras devenu
L'arbre de ton désir

De la racine aux branches
Tu sentiras la sève 
La foi qui te soulève 
Tu feras confiance
Au vent 
Au souffle sans répit 
Tu seras tout entier
Symphonie de feuillages
Pépiement d'oiseaux
Accordés aux nuages 

Abandonné 
À la flèche de l'instant
Sans ressources et vulnérable 
Tu aimeras 
Ta vaste solitude
Embrassant
Tout l'espace de ta vie 
Tu connaîtras
Le printemps de l'âme.

Jean Lavoué, 27 juillet 2020














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vendredi 24 juillet 2020

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Quand nous allègerons la vie

Du poids de l'inutile
Et délierons la source
De tout ce qui l'encombre
La mort sera sans prise
Les soleils familiers 
Nous cueillerons ici 
La gloire de l'instant 

Nous garderons l'eau pure
Et le ciel et l'enfance
Des plages de silence
Et des rires joyeux 
Des clairières de mains
Accordées aux rivages 
Des notes de musique
Des chemins délivrés

Nous aurons pour complices
Et compagnons de route 
Des barques sans soucis
Des aubes en partance 
Des orchestres inconnus 
Accostant pour des îles 
Des oiseaux des matins
Des éclats lumineux.

Jean Lavoué, 24 juillet 2020
Photo Adriansart/Pixabay



























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mardi 21 juillet 2020

La période de « retraite » forcée de ce début d'année a permis à L'enfance des arbres d'accueillir quelques nouveaux projets imprévus. Après « Tisser les couleurs du silences » de Jean-Pierre Boulic, illustré d’aquarelles de Marie-Gilles Le Bars, paru en février 2020 (20 euros *)



Voici les trois nouveaux recueils, d'ores et déjà disponibles :

o "Une île seulement pour ajourer la mer", recueil de poésie de Gilles Baudry préfacé par François Cassingena-Trévedy et illustré de pastels de Nathalie Fréour, 15 euros



o "Dans tes pas, peut-être » de Bernard Victor Chartier », préfacé par Jean Lavoué et illustré d’aquarelles de Bernard Schmitt, 15 euros*



o "La nuit et la grâce", poèmes et peintures de Claude Thevenon, 15 euros*




*  Participation aux frais de port : 3,50 pour un livre, 6,50 euros pour 2 livres, offerts à partir de 35,00 euros de commande

Toutes informations concernant la commande de ces ouvrages et des autres ouvrages disponibles sur le site : https://www.editionslenfancedesarbres.com/
Ainsi qu'à l'adresse : L'enfance des arbres 3 place vieille ville 56 700 Hennebont 


Trois autres ouvrages suivront en septembre :

• Un hommage collectif à Jean Sulivan à l'occasion des quarante ans de sa mort : "Dans l'espérance d'une parole", préfacé par Bernard Feillet 

• Un conte pour évoquer, selon le vœu d'Etty Hillesum, la vie au camp de Westerbork, d'Olivier Risser : "La fée de Westerbork" 

• Un recueil de Michel-Xavier Fressard illustré par des collages de Ghislaine Lejard : "Émerveiller les jours". 


Bel été à chacune et à chacun !


















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samedi 18 juillet 2020

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Comment connaitre la joie
Si l'on n'a jamais senti passer sur soi
Le vent de la tempête 
Comment être relevé
Si l'on ne s'est pas retrouvé un jour à terre
Comment puiser l'eau vive
Sans avoir traversé un désert ?

Nous allons de blessures en naufrages
Par des radeaux de lumière
Qui n'auront pas de fin 
Quand nous voyons gonfler
L'ouragan de la déroute
S'ouvre en nous un passage 
Quand nos jambes vacillent
Nous nous sentons portés 

C'est ainsi que nous goûtons
À des voies inconnues 
Que l'amour nous submerge
Que le ciel est complice

C'est au creux de la vague 
Que triomphe un soleil 
C'est quand le jour décline
Que l'étoile nous guide
Si nous sommes à genoux
Là se dessine une Aube. 

Jean Lavoué, 17 juillet 2020 
Photo leninscape/Pixabay


























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mercredi 15 juillet 2020

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Émouvante et délicate lettre de Marion Muller-Colard à chacun de nous adressée, dans La Croix du 11 juillet 2020 

Je vous écris d’une clairière. Une clairière d’espace et de temps. Je reprends la parole après que le virus m’a coupé les mots dans la gorge. Je reprends une parole convalescente et je ne sais pas même à quelle adresse l’envoyer. Êtes-vous là où j’aurais pu, avant, vous imaginer ? Comment savoir ce que cette folle parenthèse du confinement vous a pris ou vous a donné ? Comment m’adresser indifféremment à ceux d’entre vous qui ont perdu des êtres chers et à ceux qui, épargnés, ont aimé que le temps s’arrête pour mieux regarder leurs enfants grandir ? À ceux qui ont perdu leur emploi, à ceux qui ont travaillé sans plus compter ni les heures ni les nuits, à ceux qui n’arrivent plus à travailler car tout leur semble soudain vain et absurde ?

S’il s’agit de parler du monde d’après, allons-y lentement, voulez-vous ? L’heure est à la délicatesse, et nous avons des plaies impensables à panser. Nous, mais aussi chacun. Je cherche où et comment arrimer, je voudrais vous trouver sur le quai. De ma clairière je ne suis pas sortie pendant de longues semaines, la vie y était sauvage et indifférente aux voix de robots qui, en boucle, assènent des messages d’alerte ; de jeunes brocards, une jeune chevrette, ruminaient sous nos fenêtres, jusqu’à ce qu’à l’aube d’un nouveau jour, un petit faon malhabile sur ses jambes s’ajoute à cette faune devenue familière. Extase que d’assister à cette célébration sans y avoir été invités, par l’accident de notre présence humaine, chassés de notre lit par un excès d’agitation cérébrale. Seulement l’extase, il faut savoir la rendre : cela ne répare pas un monde ; et d’une clairière de contemplation suspendue, il faut savoir sortir. Reprendre la parole me paraît pourtant une entreprise extrêmement risquée. Si risquée, peut-être, que d’aucuns ne l’ont pas lâchée, la parole, nonobstant l’obsolescence programmée de leurs propos, trop angoissés peut-être que l’inédit les empêche de dire. J’ai eu peur aussi : la parole est mon métier, la Parole ma formation. Pourtant je l’ai perdue ; et m’adresser à vous me tient lieu de rééducation. Alors, s’il vous plaît, allons-y lentement : l’urgence requiert une lenteur concentrée.

De quoi voulez-vous parler ? Du monde d’après, vraiment ? Deux si gros mots accolés l’un à l’autre, à engloutir ? J’ai jeûné de mots dès la mi-Carême et encore après Pâques, on ne me fera pas avaler ces mots-là pour rompre mon jeûne. « Monde » ? Trop grand. Je veux bien sortir de ma clairière, réapprivoiser la face politique de ma vie, mais donnez-moi des mots à ma portée, parlons-nous en circuits courts, sans trop d’intermédiaires. Je n’ai pas les moyens de parler du monde : il est régi par des lois qui évoluent plus vite que la compréhension que je peux en avoir. Pardonnez cet aveu : il n’est pas d’impuissance, il est de non-pouvoir. Mais de l’Évangile j’ai appris qu’on peut trouver sa puissance à renoncer à pouvoir. Je ne suis pas prophète, je ne parlerai pas du monde, et ce n’est pas non plus à trop de monde que je peux m’adresser : puisque j’ai encore la voix enrouée, laissez-moi essayer de m’adresser à chacun plutôt qu’à tous, m’arrimer à un frère humain insoupçonné, pour vous redonner un visage patiemment alors que dehors je ne vous vois que masqués.

L’« après » ? Il est masqué aussi, et à vouloir trop vite le dévoiler, nous risquons d’en abîmer les promesses. Mais ce qu’aucune crise ne pourra nous prendre, c’est le maintenant. Ce maintenant que l’Évangile propose de convertir en éternité. Alors parlons doucement, voulez-vous ? Non pas de ce qui a changé mais de ce qui a tenu. Non pas des points de rupture mais des points de suture. Non pas de ce que nous avons perdu mais de ce qui est imprenable. Dans ce monde où la répétition inlassable des erreurs se déguise en changement dans un tourbillon si rapide qu’elle parvient presque à nous leurrer, permettez-moi, s’il vous plaît, de ne pas parler de ce qui change, ni de ce qui se répète, mais de ce qui dure.

Marion Muller-Colard















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