Il y a tout juste 73 ans, ce 31 juillet,
Le petit prince Antoine de Saint-Exupéry,
Profitant, je crois bien, d'une migration d'oies sauvages,
Rejoignait, son mouton sous le bras, sa petite planète et sa rose.
Il avait raconté ce départ, quelques années auparavant,
Dans un livre qui n'est pas vraiment un livre
Mais plutôt une sorte de missive, à la fois amère et joyeuse,
Adressée à l’enfant qu’il était resté
Pour s'encourager malgré tout à croire, à aimer et à sourire à la vie jusqu'au bout.
Il en avait suffisamment appris sur les adultes en parcourant le monde :
Il les avait observés sur toutes sortes de planètes étroites,
Peuplées de leurs étranges habitants solitaires et ennuyeux comme des robots.
Loin de leurs consignes et de leurs devoirs,
Il cherchait pour lui une autre mélodie, une couleur, un parfum, un silence,
Une origine peut-être ou une autre naissance,
Qui seraient à la fois de ce monde sans en être tout à fait cependant...
Une ligne de poésie pure
Une présence étoilée
Un amour solaire
Une tendresse sans prise
Une familiarité de chaque instant avec la mort
Un désert habité
Il demeure ainsi à jamais
Comme le Chant d'une enfance indomptée,
Ouvrant en chacun de nous
La voie de l'intime et du Poème.
Voie de gratuité absolue,
Dénuée de toute utilité,
Libre de toute attache,
Poreuse à la fraternité et à l'amitié,
Sûre comme un puits retrouvé
Dans la chaleur des sables,
Une source unique,
Intarissable comme un Amour enfin apprivoisé.
Jean Lavoué
Photo JL, prise dans les couloirs de l'hôpital de jour de Lorient
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