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jeudi 28 février 2019






L’heure est à l’écoute, à l’empathie, au discernement, à la coopération, à l’union, à l’humilité, si l’on veut une issue favorable.






"L’heure est à l’écoute, à l’empathie, au discernement, à la coopération, à l’union, à l’humilité, si l’on veut une issue favorable..." Nicolas Hulot

Texte de Nicolas Hulot du 20 février 2019 :

« Dans l’atmosphère actuelle…Ma réflexion personnelle sur « la somme de toutes les haines » :

La sentence du philosophe italien Gramsci semble cousue main pour la période que nous traversons « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».

Ai-je la vue troublée ? Est-ce le changement climatique qui perturbe ma perception du réel ? Je vois s’agglutiner et s’exprimer au quotidien la somme de toutes les haines, de tous les mépris, l’addition de tous les rejets ; sans doute l’expression sordide de toutes les peurs : envers le politique, le flic, le nanti, le pauvre, le journaliste, la féministe, l’Europe, l’Etat, et plus tristement habituel encore, la haine du juif, du musulman, de l’homosexuel, de l’étranger, de l’autre… Pour beaucoup, le présent pèse, l’avenir effraie et les monstres intérieurs se libèrent. Mais au-delà de l’expression légitime des souffrances et des injustices, que nous devons affronter avec lucidité, rien ne permet de trouver la moindre justification à la haine, instituée en mode de pensée.

Même si j’ai toujours douté que nous soyons civilisés en profondeur, j’ai toujours espéré que ce siècle tire les dividendes de la paix. Jamais je n’aurais imaginé que, dans ce carrefour de crises, notre pire ennemi serait un ennemi intérieur. Je vois avec effroi notre société se fragmenter, se replier, se recroqueviller.
On dit que l’on entend le fracas des arbres qui tombent et pas le murmure de la forêt qui pousse. Alors, cette bile nauséabonde est-elle une goutte d’eau qui dissimule un océan de sagesse ? Ou, au contraire, est-elle l’émergence et l’expression de quelque chose de plus noir, de plus profond ? Je veux continuer à croire qu’il y a une société invisible, silencieuse, qui, à un moment, se dressera massivement contre cette bête immonde. Certains signes m’en donnent l’espoir : une jeunesse qui se mobilise, des initiatives collectives, des marches…

Sortons d’une sorte de tétanie qui donne à la haine un espace sans limite ! Chacun mijote ses petits préjugés comme si l’on avait l’éternité devant nous. Or, c’est le paradoxe tragique de l’instant, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la crise écologique nous place face à un destin commun et nous oblige à une approche universelle.

Là où les passerelles sont nécessaires, se dressent des murs, des barrières physiques ou virtuelles, notamment celles des idées reçues. Et comme dit René Char « partout l’essentiel est menacé par le superflu » et pire encore le faux dissimule le réel.
Nous devons agir dès maintenant de manière coordonnée avec une vision partagée ou nous allons tous sombrer comme des crétins ! L’heure est à l’écoute, à l’empathie, au discernement, à la coopération, à l’union, à l’humilité, si l’on veut une issue favorable.

Au risque d’être ridicule dans l’atmosphère actuelle, osons la confiance et la solidarité ! Allons chercher chez l’autre ce qu’il a de meilleur, ne voyons pas le mal partout, demandons-nous ce que l’on peut apporter pour construire le futur et non le détruire ! Passons de la prétention de tout savoir à la compréhension, à l’acceptation de la complexité. Basculons de la dénonciation stérile à l’élaboration féconde ! Nous avons déjà les outils technologiques, économiques, intellectuels, humains pour faire collectivement un saut qualitatif. Seule fait défaut une volonté commune. La vraie révolution que certains appellent de leurs vœux, c’est de mieux s’écouter pour se comprendre, de s’inspirer, de polir nos certitudes aux convictions des autres. Se battre, se déchirer, s’injurier, s’entretuer est un grand classique de l’histoire soyons moderne, faisons une révolution pacifique !
Un monde meilleur pour toutes et tous est encore possible mais à la seule condition de se libérer de la haine. Gardons à l’esprit que la solidarité ne peut être que notre seule boussole. »



Nicolas Hulot, le 20 février 2019



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mardi 26 février 2019








L'ami Philippe Mac Leod vient de nous quitter,
frère du silence et de la poésie...













L’homme qui prie porte en son silence
toute la semence des siècles, les voix de la nuit,
les grands murmures d’univers
chaque instant gonflé de sève immémoriale
chaque goutte  de temps qui perle
abreuvant des mondes en fleurs
dont le clair parfum s’élève plus haut que les airs.

L’homme qui prie
l’homme qui se tient droit
comme une croix au bord des chemins,
entre sans  une ombre dans la vie nue,
la vie muette,
la vie à l’intérieur de la vie,
comme le feu au dedans de la flamme,
la flamme dans le noir de l’éblouissement,
la vie  plus loin que la vie
celle qui tremble et tient toute sa force
de ce murmure qui dure et se prolonge
la vie qui s’échappe 
et dit encore la vie dans sa fuite
la vie jaillie du creux de la chair,
la vie comme une flamme libre.

L’homme qui prie a fini par faire un creux dans la terre,
 ainsi du lièvre dans l’herbe des collines
et le monde dort,
le monde seul dans le monde,
seul au monde avec l’astre froid au milieu de la nuit,
le battement sourd d’une lueur
semblable à un visage sous les reliefs de la terre
ô les minces plis de l’espace
comme la peau d’un frisson
loin derrière les étoiles qui clignotent,
dans des déserts où plus personne à cette heure
 ne se hasarde.

Philippe Mac Leod, Variations sur le silence, Ad Solem 2018












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lundi 25 février 2019

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Très peu de mots
Pour approcher la neige de mon poème
Très peu de gestes 
Pour clore ses lèvres de silence
Très peu de traces
Pour m'aventurer dans ses marges 
Très peu de larmes
Pour consoler sa nuit
Très peu de voyelles
Pour ouvrir la clairière de son chant
Très peu de graines
Pour ensemencer sa vie
Très peu de vide au centre
Pour libérer son souffle
Très peu de notes d'enfance 
Pour élever l’arbre de sa joie

Jean Lavoué, le 24 février 2016

























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vendredi 22 février 2019

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Tu arpentes à pas lents
Les forêts du silence :
Tout chant t'est compagnie !
Sur l'écorce des arbres
Les lichens te font signe,
De grands gestes songeurs
Dont l'élan te rassure.

Tu n'as pas à marquer
Ceux-là qu'il faut abattre,
D'autres s’en chargeront ;
Pour l'instant tu bénis
Leur flèche vers le ciel.

Tu voudrais comme l'un deux
Te tenir là debout,
Impassible aux saisons
Dans les nuits nues d'hiver,
Les brassées de bourgeons,
L'enfance des feuillages…
Te lever sans compter
Pour célébrer le jour.

Dans le vent des racines
Un grand soleil chemine :
Tu te fies à la sève
Compagne de la joie.
Tant de témoins t'entourent,
Passagers de ce feu
Dont la flamme s'élève
Jusqu'à frôler les cieux.

Jean Lavoué, La Chesnaie, 20 février 2019
Photo Pixabay























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mercredi 20 février 2019

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Chaque pas te rapproche
De cette auberge bleue
Dont la clef s’est perdue
Dans le puits de tes yeux

Parfois la nuit te prend
Et le jour incertain
Tu ne vois que brouillard
Mais le ciel n’est pas loin

Y-a-t-il un chemin
Pour couper vers l’eau vive
Est-il un compagnon
Qui te ramène à toi

Mais il te faut aller
Jusqu’au terme promis
Pour qu’un soleil flamboie

Il te faut patienter
Dans les ombres et le gris
Vers la clarté finale






Jean Lavoué, 16 février 2020
Photo skeeze/Pixabay


















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