L'ami Philippe Mac Leod vient de nous quitter,
frère du silence et de la poésie...
L’homme qui prie porte en son silence
toute la semence des siècles, les voix de la nuit,
les grands murmures d’univers
chaque instant gonflé de sève immémoriale
chaque goutte de temps qui
perle
abreuvant des mondes en fleurs
dont le clair parfum s’élève plus haut que les airs.
L’homme qui prie
l’homme qui se tient droit
comme une croix au bord des chemins,
entre sans une ombre dans la
vie nue,
la vie muette,
la vie à l’intérieur de la vie,
comme le feu au dedans de la flamme,
la flamme dans le noir de l’éblouissement,
la vie plus loin que la vie
celle qui tremble et tient toute sa force
de ce murmure qui dure et se prolonge
la vie qui s’échappe
et dit encore la vie dans sa fuite
la vie jaillie du creux de la chair,
la vie comme une flamme libre.
L’homme qui prie a fini par faire un creux dans la terre,
ainsi du lièvre dans l’herbe
des collines
et le monde dort,
le monde seul dans le monde,
seul au monde avec l’astre froid au milieu de la nuit,
le battement sourd d’une lueur
semblable à un visage sous les reliefs de la terre
ô les minces plis de l’espace
comme la peau d’un frisson
loin derrière les étoiles qui clignotent,
dans des déserts où plus personne à cette heure
ne se hasarde.
Philippe Mac Leod, Variations sur le silence, Ad Solem 2018
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