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vendredi 29 avril 2022

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Toutes ces idées sacrées,
Toutes ces images saintes
Qui n’ont pas partie liée avec ton souffle
Deviennent des armes dans ta main
Contre toi-même et contre les autres...

Seul ce qui te traverse te dépossède,
Te fait mendiant d’amour sur cette terre,
Pauvre parmi les pauvres,
Capable de fraternité et d’adoration
Dans le même élan.

Ne va donc pas chercher au-dehors
Ce qui t’engendre du dedans !
Apprivoise ce vide qui t’appelle !
Laisse ruisseler la source en tes déserts !
Honore ce rien,
Laisse-toi susciter par ce vent inconnu qui te libère !

Jean Lavoué, 27 avril 2015
In « Ce rien qui nous éclaire » L’enfance des arbres 2017

Photo JL avril 2022














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jeudi 28 avril 2022

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Être là simplement
Pour couronner le monde
D'un regard de joie :
Quelle vocation
Siérait-elle plus à l'homme ? 

Où serait la beauté de ce qui nous entoure
Sans notre regard,
Où l'élan de l'arbre,
Où la course sauvage des animaux,
Pour qui le chant des oiseaux,
L'arc-en-ciel des fleurs ?

Mais nous avons appris
À ne voir que l'utile,
À ne mesurer que l'exploitable
Et à nous taire sur l'essentiel. 

Nous avons oublié
De demeurer tranquilles
Avec ce que nous contemplons. 

Il est grand temps
De convertir nos yeux
À une autre présence ! 

Celle-ci dût-elle nous rendre plus pauvres
Et pourtant souverains. 

Jean Lavoué, 27 avril 2021
Photo JL La Chesnaie 27/04/21





















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mardi 26 avril 2022

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Aujourd’hui, les mots se font sourds
Et notre marche progresse à l’aveugle.
Les voies de la confiance
Semblent battues en brèche
Mais ceux que l’on malmène ainsi
Ne sont-ils pas ceux qui le plus espèrent ?

Inexorablement le poème 
Me ramène à l’Ukraine,
Là où se bat un peuple
Dans le courage de vivre
Et la force de sa liberté.
Sa résistance est pour nous tous
Une leçon de dignité.

Partout en Europe
Des victimes prient
Pour retrouver un jour
Les vastes plaines 
Et les ciels sans limites de leur pays :
Elles ouvrent en nos terres
Des oasis de fraternité.

Vouloir dresser des murs
C’est renforcer à coup sûr la peur
Et c’est, un jour ou l’autre, 
Vouloir les repousser
Au-delà des frontières.
Toute notre histoire humaine
N’en est-elle pas le signe ?

Ici-même, notre chemin sera difficile,
Il a déjà frôlé des précipices,
Mais, empruntant les voies 
De l’accueil et du respect de tous,
Il est aussi le seul qui puisse ouvrir 
Un avenir à notre planète.

Sans succomber aux bruits du monde,
Nous tracerons donc encore 
À travers les lisières 
Des sillons où germeront demain 
Les graines de la promesse.

Jean Lavoué, 25 avril 2022
















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lundi 25 avril 2022

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Absorbant la prose du monde, 
La poésie nous redonne son oxygène
Et nous aide à respirer au large.

Elle instille des marges de silence
Dans chacun de nos textes bavards. 

Elle connaît sur le bout des doigts
Les saisons de l'arbre
Et met un rêve de racine
Au cœur de tout horizon possible. 

Comme le pain,
Elle rompt l'ordinaire des jours. 

Au fil de ses clairières,
Elle rend l'obscure forêt de vivre praticable. 

Elle donne rendez-vous
Au premier passant venu
En reprenant son chant. 

Elle est en marche
Vers ce que l'œil n'a jamais vu. 

L'inconnu est son royaume.

Sauvage comme la nuit,
Elle nous file entre les doigts.

Elle n'a d'autre demeure
Que celle de l'homme,
Du souffle qui le traverse. 

Jean Lavoué, 22 avril 2021
Photo JL 20/04/22

























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vendredi 22 avril 2022

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Il s’est fait attendre mais le voici arrivé ce 21 avril. Les premiers envois du recueil « Des ailes pour l’Ukraine » sont partis hier. Les précommandes me permettent d’ores et déjà d’adresser 200 euros à « Ouest-France Solidarité Aide aux Ukrainiens ». Certes une goutte d’eau face à l’océan du désastre. Mais c’est la part du colibri de la poésie. J’ai rassemblé là des poèmes partagés lors des premières semaines de cette agression insensée menée par la Russie contre l’Ukraine. 

Le recueil peut être commandé au prix de 9 € (+ 2 € de port ; 4€ pour 2 ou 3 ex. ; port offert à partir de 4 ex.) à L’enfance des arbres, 3 place vieille ville 56 700 Hennebont (jlavoue@gmail. com)
Règlements par chèque ou virement bancaire (tous les renseignements pour commander se trouvent sur le site www.editionslenfancedesarbres.com)


















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lundi 18 avril 2022

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En ce lundi de Pâques, cette « prière-poème » écrite ce samedi 16 avril 





Ô Seigneur du cosmos et de la danse
Chaque jour tu nous invites
À entrer avec toi dans cette œuvre commune
Où nous accomplissons ensemble 
L’univers de ton désir 
Et la terre de notre espérance !

Avec toi nous œuvrons à ce Poème 
Dont ton souffle saint nous donne la clef et le rythme,
Nous allons à ton pas dans le chant de la création,
Et nous nous transformons l’un par l’autre
Dans l’allègre symphonie de ton amour.

Toutes les femmes et tous les hommes
Sont engagés avec toi dans cet unique devenir
Quelles que soient leurs croyances 
Et la diversité de leur culture ou de leurs chemins spirituels.

Tous les êtres qui nous entourent,
Les plantes, les animaux, les minéraux,
Participent, eux aussi, de cet immense orchestre 
Où nous apprenons ensemble les gammes
De ta tendresse et de ta joie.

Toutes les personnes qui nous ont précédés
Et toutes celles qui viendront après nous
Convergent aussi avec toi
Dans cet hymne secret des mondes
Et nous apprenons chaque jour de leurs silences 
Comme de leurs coups d’archet souverains.

Toute la nature est conviée à ta naissance sans fin
Qui est aussi notre propre naissance.
Nous advenons ensemble au plus accompli de nous-mêmes 
Et si parfois notre vocation s’égare,
Toi aussi tu finis par t’absenter
Et le Poème s’éteint en nous comme meurt une flamme.

Aussi est-ce à nous d’en rallumer toujours le feu,
Ce que nous faisons quand nous retrouvons la voix des plus faibles,
Que nous tendons des mains fraternelles,
Que nous devenons pour toi des fils et des filles
Et que nous pouvons à nouveau te nommer
Du doux nom de Père. 

Si la création se meurt,
Toi aussi tu te meurs avec elle
Tandis que nous errons
Dans les labyrinthes sans fin
De nos enfers.

Mais nous savons que,
Source de toute vie,
Tu as vaincu pour toujours la mort
Et c’est pourquoi nous ne cessons
D’en appeler à toi pour de nouveaux printemps.

Ensemble, nous redevenons alors
Le Poème de l’univers
Et nous apprenons par cœur
Le Souffle qui l’anime
Désireux de ne plus jamais le perdre,
Confiants dans sa danse divine qui nous entraîne
Vers le meilleur de nous-mêmes.

Jean Lavoué, 16 avril 2022
Photo Jackie Fourmiès, Éveil du marronnier


















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dimanche 17 avril 2022

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Comment seras-tu entraîné dans Sa danse
Si ton chant ne se fait poreux à Sa lumière ?


Joyeuse fête de Pâques !

J.L.






« Le jour où je trouvais cette pierre ronde (appelée septaria par les géologues), je passais en voiture : j’allais vers Saint-Geniez ? Pourquoi ai-je porté les yeux vers ce tas de pierres ? Pourquoi depuis 180 millions d’années, la nature conservait-elle dans cet écrin de pierre cette ébauche si vivante en blanc sur fond noir, utilisant pour la tête un coquillage et pour le corps une cristallisation de calcite pure ?

Un tout petit exemple, en passant, de tous ces pourquoi dont notre chemin est jalonné : telle rencontre pourquoi ? telle parole, tel sourire, tel silence… pourquoi ? Telle joie, telle épreuve… pourquoi ? Et cette image même, trouvée à l’endroit précis où le fil de la scie avait coupé la pierre, pourquoi ?

Le hasard ou bien une présence aimante qui met sur notre route des signes souvent discrets ?

Nous ne savons pas voir… Comme Marie-Madeleine, nous le prenons pour le jardinier ; comme les disciples d’Emmaüs pour un étranger. Thomas, lui, eut besoin de toucher pour croire… Et nous ? »

«  …A l’aurore, au moment où la terre se réveille, un personnage sort de la pierre comme d’un tombeau. Tout en lumière, il me rejoint sur mon chemin. Une espérance vive, discrète, perce les ténèbres et m’appelle à traverser la nuit, à sortir de l’hiver, à renaître. 
Rencontre qui conduit ma pensée bien plus loin que la pierre, vers ce point de lumière entre moi et l’ailleurs, vers un visage, une présence amie, une nouvelle voie… rencontres qui dérangent et parfois nous dépassent. Résonnances secrètes : traces d’un au-delà de la mort que les yeux aimants savent lire ».  

Amédée Besset, En chemin, éditions Fleurines, 1999















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samedi 16 avril 2022

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« Si la vie est devenue plus menaçante et difficile,

elle est aussi devenue plus riche,

tout simplement parce que vous avez moins l'idée de faire des réclamations

et que toute bonne chose devient juste un cadeau inespéré,

qui vous remplit de gratitude. »


Etty Hillesum, journal 




















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vendredi 15 avril 2022

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Que peuvent nos pauvres mots
Face au bruit des armes ?
Que valent nos symphonies de consonnes, de voyelles,
Face au sifflement des bombes ?

Pas davantage que les battements d’ailes d’un oiseau
Dont le langage étrangement nous hèle
Vers une destination encore inconnue de nous,

Un chant de vie par-delà les vacarmes du mensonge,
Un sillage de paix à peine entrevu,
Un mince filet d’eau nous indiquant l’orient d’une source,

L’assurance que l’humain est davantage que ce qu’il croit être
Et qu’il existe au fond de toutes les impasses
Un passage secret qui nous espère. 

Jean Lavoué, 13 avril 2022
Photo : colombe de la paix Picasso


NB Le recueil « Des ailes pour l’Ukraine » (52 pages) est maintenant disponible. Les personnes qui l’ont déjà commandé le recevront la semaine prochaine. Il reprend des poèmes partagés ici depuis le début de la dramatique invasion de l’Ukraine par la Russie. Les bénéfices de la vente seront intégralement reversés à des ONG œuvrant auprès du peuple ukrainien. Vous pouvez le commander à L’enfance des arbres, 3 place vieille ville 56700 Hennebont (jlavoue@gmail.com) au prix de 9 € + 2 € de frais de port pour 1 ex., 4 € de port pour 2 ou 3 ex., frais de port offerts au-delà de 4 ex. Possibilité de règlement par virement ou par chèque (tous les détails sur le site www.editionslenfancedesarbres.com)














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jeudi 14 avril 2022

 






Franchir une fois encore
L'écluse du silence
Et laisser derrière soi
Tant de mots inutiles 

Pour gagner à pas lents
Ces rochers de l'enfance
D'où le monde paraît bleu
Et où les arbres prient. 

Il fait un temps de mouettes
Dans les bourgeons d'avril,
De vols pour arpenter 
Les allées du soleil : 

Tant qu'il y aura des ailes,
Des ciels, des matins clairs,
Nous nous tiendrons debout
Dans la force du vent, 

Nous marcherons longtemps 
Sans heure ni calcul
Pour boire la blancheur
À l'auge du printemps, 

Nous mènerons nos bêtes
Vers l'horizon tremblant
Où la fête se donne,
Allégée de tout.

Jean Lavoué, 12-13 avril 2021
Photos JL 12/04/21


































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