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samedi 30 avril 2011

Sois fidèle!
Même la fleur sans voix
Parle au creux de ton oreille.

ONITSURA
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Le calendrier nous donne parfois d’étranges rendez-vous. Comme si l’expérience intérieure avait encore besoin de ces balises dans le temps. Mais ce n’est pas le temps qui est en jeu. Ce sont les trouées dans le temps, les interstices, par lesquels l’expérience peut s’engouffrer brutalement. Sans violence. Mais en arrachant l’âme à ses dociles certitudes. Comme s’il avait fallu l’apprivoiser. Toucher d’abord les fibres cachées de son secret, pour l’amener à renoncer d’un coup, à lâcher prise  sans regrets, sans amertume. Vraiment retournée, comme dans la clarté d’un effroi.


Car il n’y a pas de consolation devant l’épreuve de la beauté. Seulement la cicatrice d’un immense arrachement. Toute plénitude, désormais, passera par cette Pâques. Le manque a tout gravé de son empreinte, laissant place à la joie. Celui qui a goûté à l’amitié, lourde d’une telle absence qui, loin de l’entraver, au contraire la déploie comme un ciel insensé, sait de quelle Pentecôte et de quelle ivresse je veux parler.


JL




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vendredi 29 avril 2011

Tu as dit : J'accepte
et le paradis humain
se lève autour de toi.

Gustave Roud
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Toute spiritualité, toute religion qui ne débouche sur l’expérience poétique fondamentale est un piège pour l’âme qu’elle barde de fausse certitude. Tout chemin qui ne conduit pas au sans chemin égare. Tout savoir qui ne conduit pas au non savoir perd dans la forêt des illusions celui qui s’en nourrit. La seule voie est indicible. Le seul nom imprononçable. Comment acheminer vers cette clairière dont le centre est au milieu de soi ? Toute la place ayant été dégagée, désencombrée, affranchie. L’espace, ni dehors, ni dedans, n’en finissant plus de s’élargir.

JL




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jeudi 28 avril 2011

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Le ciel n’est pas au-dessus de la clairière. Il est dedans. Partout il affleure, même au plus frais de l’ombre. La lumière n’est jamais absente, ni la voix. Et pourtant un parfum impalpable est le joyeux secret. Un inconnaissable frôlement. Comme le toucher sur la peau d’un souffle ténu, indicible. Qui peut dire cette joie déchirure qui laisse entrer la lumière. Le bonheur non à portée de main, mais d’âme. Parce que partout le ciel s’est engouffré. Rien n’a pu l’empêcher ; rien le retenir. La caresse à même la chair, sans esprit de retour.

Où apprendre à méditer ainsi ? Par où entrer dans l’expérience même ? Oubliée la peur, la faute, la honte zébrant les jours. Rien qu’un immense éclat de joie solaire, impénétrable et qui partout irradie. Comment se sentir jusqu’à ce point aimé sans raison, choisi sans motif, appelé sans autre but que de disparaître en tant que moi, sans autre mission que ne n’être plus séparé ?


JL




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mercredi 27 avril 2011

La vie réelle est dite d'abord par la poésie

Fabrice Midal

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Les chemins de la mémoire ont disparu. Plus aucun signal pour se retrouver. Même les fleurs des champs se balancent nonchalamment, indifférentes à la lumière. D’où viendra la promesse ? De l’attente seule, patiente et sans but. Il te faut juste aller au devant de l’appel que tu ne peux percevoir qu’en te déplaçant à peine. D’un léger mouvement d’épaule ou de la main. Comme pour faire signe à ce qui s’enfuit déjà mais qui a posé sa trace. Secrète. Indélébile.


Habiter la clairière de l’être. Qui saura dire l’indicible. Les arbres enracinés dans les secrets de la mémoire. Les lianes oubliées. La terre jonchée de fleurs, le ciel de chants d’oiseaux. Dans quel mauvais rêve étions-nous endormis pour ne plus pouvoir nous rendre capables de Cela ? La vie comme un matin de l’origine. Résurrection permanente. Loin des images empesées, des savoirs et des rites. Ou bien pourvu qu’ils soient dansants. Jamais figés. Trésor qui toujours jaillit. Royaume maintenant.


JL







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mardi 26 avril 2011


Donnez-moi des nouvelles du monde.
Et les arbres ont-ils toujours
Ce grand besoin de feuilles, de ramilles,
Et tant de silence aux racines ?

Jules Supervielle
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J’approche du lieu indicible. On n’est jamais seul près du mystère. Et pourtant la solitude s’épaissit. Comment saisir ce tourment ? Même dans la main de Dieu les pensées sont solitaires et têtues. Jusqu’à la douce renonciation où elles ne sont plus  que ballet silencieux ; amitié privée des mots mais non du chant. Tempête balayant comme une pluie de soleil les rives de l’âme.

JL




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lundi 25 avril 2011

Cependant c'est la veille.  Recevons tous
les influx de vigueur et de tendresse réelle.
Et à l'aurore, armés d'une ardente patience
nous entrerons aux splendides villes.

Arthur Rimbaud
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Il arrive un temps où rien n’est plus étranger dans une existence à cette respiration secrète, à cette pulsation qui transfigure. Ce moment est béni. On ne peut pas le vouloir, ni le provoquer. On ne peut que veiller à ce qu’il survienne. Guetter les traces de cette métamorphose. La méditation silencieuse est le lieu même de son avènement. Elle qui ne cherche rien, sinon justement à ne plus rien vouloir d’autre que ce qui est. Faire naitre en soi le Poème. Voilà le vrai de toute spiritualité accomplie.


JL








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samedi 23 avril 2011

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L’inspiration, l’accueillir comme la chair des jours en quoi toute temporalité est dissoute. L’instant l’éternité. Tout se met à respirer autrement. Le souffle d’une musique autre et familière. L’assurance d’un matin. Rien n’est voulu, rien n’est cherché. Tout est trouvé : d’abord, déjà là. Et cependant à accueillir sans cesse. Moment résurrectionnel qui n’en finit pas de se déployer dans l’épaisseur du temps. Cela qu’on appelle sans doute la grâce, ou encore le mystère, ou bien la poésie… et que toutes les religions du monde quand elles ne s’enfermaient pas dans leur système de certitudes ont cherché à mettre au jour comme leur noyau le plus sacré : cela même sur quoi nul ne pouvait avoir prise. Le lieu vide où ne cesse de s’engendrer la poésie de l’humain.

JL










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Pour avancer en ces terres inconnues il faut cependant disposer en soi d’un sol stable. Un lieu où se refaire. Nul besoin pour cela de retraite ou de monastère. Pourvu que l’on ait, peu à peu, bâti son cloître intérieur. Sa cellule qui n’est pas cellule close, mais au contraire cellule mouvante, vivante, vibrante, accordée à la chair et au souffle. Nul autre lieu pour la naissance de Dieu en soi que le corps. Voilà le credo de la modernité. Voilà en quoi elle est capable de réinventer le christianisme depuis son origine ; de le contraindre à lâcher les fausses sécurités et les artifices qui l’ont fait tenir pendant des siècles sur ses zones figées de pouvoir, hermétiques à la germination d’un Dieu obscur et pénétrant, né des racines mêmes de l’humain dont le Christ était venu pourtant révéler en lui-même comme en tout homme l’indéchiffrable filiation.

JL




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vendredi 22 avril 2011

Que le poème aille se glissant
dans la bouche ouverte des mourants!
Qu'il y ait le cri  "Que la Terre est belle!"
Pas besoin de fleurs
D'ailleurs!

Armand Robin
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En toute création tremblent sans doute les confins de la mort. Comme une énigme indépassable. Il faut l’avoir côtoyée pour se laisser appeler sans cesse par cette force en soi qui ne se résout jamais à cette ultime finitude. Car l’homme possède en lui un désir plus puissant que la seule vie biologique. Il ne cesse de tourner autour de ce soleil mystérieux qui l’envoûte, parfois le désespère, dont il ne sait que dire si ce n’est que sa lumière sombre n’aura pas le dernier mot car elle est traversée vers un secret qui détient les clefs de son mystère, « de sa fragile existence sur la terre » écrit Perros.


JL








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jeudi 21 avril 2011



La parole poétique, et elle seule, ne sait pas.

Fabrice Midal
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C’est quand la force naît du dedans qu’elle paraît la plus faible, la plus démunie : et pourtant, elle porte des mondes. Il n’y a plus d’intérieur, ni d’extérieur, mais une seule fécondité qui a trouvé son centre. Dieu ne réside pas ailleurs que dans le silence qui se fait, lorsque du vide se laisse entendre le son fragile d’un souffle qui accueille et redonne sans cesse. Trinité entre le monde et soi dont la musique silencieuse qui vibre entre les mots constitue le troisième terme que ni les consonnes ni les voyelles ne possèdent mais qu’elles restituent : dans un souffle…


JL










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mercredi 20 avril 2011


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Rien ne nous est plus secourable que de toucher la fragilité de l’existence. La mort d’un proche, surtout dans la force de l’âge, nous fait soudain trembler sur nos bases. Et dans cet ébranlement nous percevons tout à coup le feu qui nous traverse. Nous comprenons dans un souffle ce que le mot baptême veut dire : la plongée de tout l’être dans la mort et la résurrection. Sans aucun mot pour dire cela. Rien que la douleur nue, et, tout au fond, le léger vacillement d’une flamme qui ne cède pas. Nous reconnaissons dans les signaux faibles de notre vulnérabilité la force d’un printemps.


JL








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mardi 19 avril 2011

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C’est accéder à cette passivité qu’il faudrait : agir en se laissant faire, comme on écrit… le livre de sa vie. Et les quelques pages barbouillées laissent intact le grand fond de silence sur lequel le premier mot reste toujours à écrire. Ce sont les trouées du langage qu’il nous faut chercher, les blancs du poème, les marges si nous voulons nous donner la chance d’être un jour rejoint par Cela qui nous habite et que notre vocation, encore un mot piégé, est de mettre au jour. Etre présent comme ne l’étant pas, et dans cette vacuité, laisser grandir en soi ce qui cherche à naître ainsi que le recommandent non seulement les sagesses taoïstes et boudhistes mais l’Evangile même. Une voie trop oubliée comme aimait à le dire Sulivan. Le Zen, Le Ch’an, le Zhang Zhuang, la contemplation chrétienne, la mystique soufie : où est la différence ? Dans l’esprit du disciple qui n’est pas encore suffisamment libéré de ses pensées pour avancer sans peur sur la voie non tracée.


JL








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lundi 18 avril 2011




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Ecrire c’est aussi bien relire : lire une seconde fois ce qui s’est déjà écrit une première fois dans la trame des jours. Revenir en arrière non pour s’enfuir, s’enfouir dans le passé, mais pour y faire germer à nouveau du présent. Ecrire comme on se parle à soi-même dans l’infini de ses genèses. Se laisser hanter par le soleil qui nous sauve. Ne jamais céder sur la lumière, le frôlement léger du vent dans les branches, la fraîcheur des matins. J’aime ces ciels qui nous sont passagers, témoins de nos envolées nocturnes. J’aime le son de mes pas sur la terre ferme du jour. Je marche vers la mer.


JL








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dimanche 17 avril 2011



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Toute rencontre doit rester « passagère du silence ». On doit sentir, du début à la fin, le souffle passer en elle. Lorsque le souffle cesse la relation est morte. Dussions-nous rester côte à côte jusqu’à la fin du monde. C’est pourquoi rien n’est plus important que de soigner les interstices, de remonter les bras morts du fleuve, de retrouver les ramifications à partir desquelles le courant de la vie s’est interrompu. Ce qui est appelé à durer se renouvelle sans cesse de lui-même, pourvu que nous soyons attentifs à laisser circuler en lui le souffle de la vie.

Là où la vie s’est interrompue, où le soleil de la mort a triomphé, réside parfois la principale ouverture au courant puissant de la vie qu’il nous revient d’accueillir, d’aider à se déployer. C’est toujours le cas d’un amour indicible, privé soudain de son accomplissement : il ne cessera de renaître comme un trésor sans fond qu’il nous revient de mettre au jour. Au lieu de la blessure pourront pousser des ailes.


JL




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samedi 16 avril 2011

Dieu verdoie et fleurit dans toute sa joie.

Maître Eckhart
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Tout ce qui doit être relié se trouve un jour. Il arrive que l’on soit sur le chemin comme celui qui doit permettre cette reconnaissance. A rendre possible ce qui doit advenir, nous devenons alors nous-mêmes « le chemin, la vérité, la vie, » comme le fait dire à Jésus, Jean dans son Evangile. Et voilà que toute la tradition occidentale s’est empressée d’objectiver cette parole, faisant du Christ lui-même le seul chemin, la seule vérité, la seule vie que l’on ne pouvait rejoindre que par la médiation de l’Eglise institution, de ses dogmes et de ses rites. Et voilà perdue à jamais la voie de l’intériorité à laquelle pourtant le Jésus de Jean ne cesse d’inviter. « Vous ferez des choses encore plus grandes que moi… » Pourvu que vous-mêmes vous deveniez voie, chemin, parole à partir et vers ce qui ne cesse de vous engendrer à vous-mêmes. Voilà ce retournement auquel convie l’Evangile : accueillir toute l’existence, la vie, la mort, comme la grande manifestation en nous de ce qui dans la vie ne cesse de passer la vie. Porosité au Souffle…


JL








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vendredi 15 avril 2011

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Ces cahiers sont aussi ceux de l’exercice : exercices du souffle, ainsi que je les avais intitulés, ignorant alors tout de la voie qu’ils m’aideraient à découvrir : l’enfance de l’arbre, le Zhan Zhuang et ses postures de l’arbre, Le renouvellement complet de mes conceptions du monde, le creusement continu d’un chemin de souffle et vie : « nourrir sa vie » disent les chinois. Et bien j’ai trouvé dans le prolongement de ces carnets le lieu spirituel où nourrir ma vie, la pratique silencieuse engageant tout l’être et dont ils sont désormais l’expression.


JL








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jeudi 14 avril 2011


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Dans le langage, et dans le silence qui est au cœur du langage, se tient la capacité pour l’homme de se surpasser sans fin. Pourvu qu’il ne fixe pas les mots dans leur gangue de fausse objectivité. Car les mots ne sont pas des choses, des objets que l’on puisse délimiter : ce sont des espaces ouverts, des puits sans fond qui communiquent entre eux et nous emportent bien souvent au-delà de là où nous aurions voulu aller. Et entre eux il y a ces blancs, ces coupures qui donnent son rythme à la parole, sa force au poème. Eux aussi il faut longtemps les pratiquer pour les laisser nous ouvrir la voie.


JL








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mercredi 13 avril 2011

- Parce que j'entre dans ce domaine obscur
où la lumière vous suit au lieu de vous précéder,
où l'on ne connaît que parce que l'on a d'abord éprouvé
et où on apprend à aimer
que parce qu'on a accepté de l'être.

Jean Grenier
La dernière page
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Mêler prose et poésie : voilà une autre manière de décrire la voie, de la faire sentir. Sans fausse démonstration. Sans illusion de transmission simple, évidente, qui se contenterait du mental et dispenserait de passer par toute l’épaisseur du corps, de la matière, pour atteindre à une perception toujours plus fine du souffle, de l’esprit. Ainsi le fait la Bible, à longueur de pages et de prophètes, petits ou grands. Ainsi pratique la longue tradition millénaire du Tao. La poésie est dans le texte mais elle ne se laisse pas enfermer dans une forme. La forme se délie sans cesse, sans fin se renouvelle. Ainsi en est-il aussi de la Voie.


JL












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mardi 12 avril 2011

Anarchiste de la grâce!
Il se trouve être le même bras que  la poussée de Dieu 

dans les choses.
Alors un énorme état le surprend,
Anarchiste de la grâce,
il se tend
en jongleur tendant ses mains en fleurs,
en blés, en étés saccagés, en automnes mécontents

Il demande...

Armand Robin
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Accompagner « les transformations silencieuses », œuvrer à leur avènement, les favoriser par la prise en compte de tous les éléments du contexte : tout est relié. Avoir une vision claire des dynamiques à l’œuvre, des processus, des orientations qui conduisent vers le déploiement maximal de la vie. Faciliter en toutes choses la circulation du souffle. Repérer les points de blocage. Dénouer les tensions. Voilà une pratique s’appliquant à tous les champs de l’existence : de l’exercice spirituel personnel à la gestion des relations, comme à la conduite des groupes et des organisations et jusqu’aux conceptions politiques. Une manière de se sentir relié, une fois encore, à l’inépuisable métaphore de l’arbre.


JL








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lundi 11 avril 2011

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Pratiquer : tel est le maître mot. Trouver sa voie, son exercice. Rien ne peut tenir qui ne soit forme construite, puissance déployée. A force de patience, de silence, de répétition appliquée. Seule compte la lente germination, la surrection de la vie qui ne demande qu’à être accompagnée. Sans volontarisme. Sans violence. Mais au contraire dans la reprise toujours neuve d’une infinie douceur. Et qui pourtant se tient.


JL








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dimanche 10 avril 2011

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Gratitude pour cette écriture qui est chemin autour d’un centre qui s’ignore mais se laisse approcher à celui qui se détourne de ses images, de son savoir, de ses mots et de ses prises. Nul ne sait guider s’il n’a d’abord accepté de se perdre. Seul le Maître intérieur tend la main vers cet abandon.


JL








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samedi 9 avril 2011

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Il faut croire à la vie qui nous arrive. Qui est toujours déjà venue. Il n’y a rien à chercher. Qu’une longue attente à déposer. Et du cœur même de cette attente monte un cri. Déchirant les évidences. La joie comme un trésor tenu au bout des doigts. Un soleil qui respire. Transmutation de tout. Rien n’est séparé. Le ciel est la terre. Le corps est le souffle. La chair est l’âme. Une énergie subtile qui traverse, emporte tout, irradie.




JL












RESTER
dans ce qui reste
après le feu,
résidu, seule
racine du chant possible


José Angel Valente




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jeudi 7 avril 2011

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Descendre chaque jour dans la terre des promesses. Trouver l’exercice, la pratique, la respiration, l’assise, le silence qui nous ramène au jardin essentiel, que nul ne cultive mais où toute saveur est redonnée. Guetter, chacun pour soi, l’ouverture qui nous fera entrer de plain pied dans le poème. Debout, assis, couché, en marchant… L’important est de tromper l’attente, de la détourner de sa pente. De se laisser surprendre pour entrer vivant dans l’ignorance de la voie. Tout est symbole. Tout est plénitude pourvu que nous nous laissions gagner par Cela qui nous garde et nous délaisse dans le même amoureux mouvement de dépossession de soi.




JL








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mercredi 6 avril 2011

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Désormais le poème est entré dans le rythme de la phrase, dans la chair des mots. Il n’a plus besoin de rimes ni de marges. Le blanc de la page c’est à l’intérieur qu’il respire. Sans commentaires. Sans titres inutiles. Il se fait un grand espace ouvert, comme un ciel de printemps qui n’en finirait pas de se déployer. A portée de souffle et de main. Comme une victoire sans fin. Sans mobile.


JL










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mardi 5 avril 2011


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           Le jour pourrait s'arrêter
sur la branche nue,
n'être rien que l'éveil.




José Angel Valente








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lundi 4 avril 2011

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Ecrire est un talisman : vase d’argile autour d’un vide qui ne cesse de croître. Ce n’est pas l’enveloppe de mots qui importe mais en elle ce qui grandit et n’est pas séparé de ce qui l’entoure. Car la vie respire avant même que la parole ne cherche à en capter le souffle. Rien sans la mémoire de ce silence qui nous précède, et nous survit. Toute parole véritable cherche ce vide : cette absence à laquelle elle est suspendue.


JL








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dimanche 3 avril 2011



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L’espace de la rencontre est ténu, incertain. Nul ne peut le dominer. Ouvrir, en l’absence de clé est son défi. C'est la peur nous fait croire que la porte est fermée. Or elle ne l’est pas. C’est nous qui refusons de la pousser. La seule serrure est en nous qu’il nous faut volatiliser. Préparer le corps à la rencontre est notre devoir le plus impérieux, le seul exercice qui nous convienne. Dénouer la tension, libérer le souffle, voilà le chemin au-delà de tout chemin.


JL








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samedi 2 avril 2011

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Le corps respire. Il faut nourrir ce souffle, à longueur de vie. Voilà toute ma philosophie. Pas de vision sans le souffle, pas d’audition, pas de parole, pas de toucher, pas de goût. Alléger le souffle, le rendre si subtil qu’il puisse s’engouffrer dans la moindre parcelle de vie. Voilà de quoi désencombrer bien des existences affairées, pesantes à force d’oublier la fragile présence qui les anime : Cela sur quoi nul n’a jamais mis la main.


JL








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vendredi 1 avril 2011

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Avec le ciel ouvert en soi
s'ouvrir au ciel de l'arbre


Zhuangzi












Quand vous dessinez un arbre
ayez la sensation de monter avec lui
quand vous commencez par le bas


Matisse








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