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mercredi 31 mai 2023

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Je marche lentement 
Halé par des flots inconnus
J’éprouve en moi la vaste plaine
Les graminées silencieuses
L’arbre dressé dans sa confiance 
La lampe de sa sève végétale 
Le fleuve dont le cœur bat
Au rythme cadencé des marées 
Le vieux mur fleuri 
De grappes de lumière 
Dont aucune pierre n’est obstacle ni séparation

Je suis seulement 
Les courbes du sentier 
Que tant de foulées ont dessiné avant moi
Je m’avance patiemment
Souffle après souffle
Vers une paix lavée de l’embrun des pensées 

J’y récolte les fruits 
De mes calmes assises
Assoiffées d’estuaire
Et n’ai pas d’autre but que la source 
En son surgissement 
Qui est déjà appel vers la mer

Les lentes plongées 
Dans mes racines matinales 
Me sont dès l’aube chant du large
Grands cris d’oiseaux
En approche des îles
Ciel ouvert par-delà les nuages 
Consentement à la lumière 

Je grappille des mots
Jaillis des notes du silence 
Je laisse le vent
Ébaucher le sens des courants 
J’écoute les graviers du chemin
M’indiquer l’andante de l’instant. 

Jean Lavoué, Le Blavet, 30 mai 2023
Photo JL, 30/05/23 
www.enfancedesarbres.com







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lundi 29 mai 2023

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Voici l’édito du numéro de Pentecôte de la revue Golias Hebdo ce week-end. Je suis heureux de vous partager cet article de la théologienne Sylvaine Landrivon consacré à mon récit paru en 2021 : « Des clairières en attente, sur les pas de Jean Sulivan »


JL




Des clairières en attente, Jean Lavoué, Médiaspaul 2021, 15 euros.

 

"Un auteur, un livre, grâce auxquels on se sent moins seul.e aux "périphéries" de l'institution ecclésiale..."

Recension par Sylvaine Landrivon, docteure en théologie, 8 août 2021, Lusy 

 

• La Bretagne est le cadre toujours paisible dans lequel Jean Lavoué aime nous convier. Et dans ce climat plein de poésie, il choisit de nous faire cheminer par des sentiers de traverse, vers une ecclésiologie plus proche de l’Évangile que celle du cléricalisme ambiant. Il convoque pour cela ses amis, qui sont ou deviennent les nôtres. 

 

Le titre l’indique : parmi ces guides vers des formes plus discrètes de vie ecclésiale et spirituelle, vers de nouvelles clairières où partager sa foi, marche en tête Jean Sulivan. 

 

Jean Lavoué décrit ainsi des espaces plus fraternels dans lesquels les chrétiens découragés par l’institution « se sentent disponibles pour écouter une parole neuve ». Parole neuve ? Non pourtant. C’est bien du message de Jésus dont il est question dans cet ouvrage, mais d’un message débarrassé de sa pompe au profit d’une foi pleine de poésie dans laquelle la vie elle-même est sacrement. Car « où Dieu parlerait-il mieux que dans chaque existence, en se faisant lui-même chair de chaque chair, surtout quand elle se sent trahie, meurtrie ou oubliée ? » (p.13). On redécouvre ici ce Dieu dont Karl Rahner expose l’auto communication. Oui, Dieu se donne lui-même toujours en premier à tout humain, laissant chacun libre du kaïros dans lequel il ou elle le reconnaîtra. Dieu nous attend au cœur du cœur de notre être, là où Jean Sulivan est venu nous rejoindre par ses livres, créant à bas bruit, une communauté hors les murs, qui rassemble ceux qui ne se retrouvent plus dans une institution sclérosée. D’ailleurs l’auteur le rappelle : l’œuvre de Sulivan « consiste en un cri : se défaire une fois pour toutes de l’imposture. (p.26) Combattant hors pair de l’hypocrisie cléricale, Sulivan invite à rejoindre l’humain ; et le prêtre en lui découvre alors la « jubilation, une fois défaite l’idole (…) qui portait beau ses ornements liturgiques et sa délectation sacrée » (p.27). Autant dire, une révolution qui, partie de l’intimité de l’être, a fait espérer un véritable renouveau au temps de Vatican II. Hélas, avec Jean-Paul II, puis Benoît XVI, c’est l’inverse qui s’est produit: un repli identitaire que seuls les plus timorés des chrétiens peuvent apprécier. Certes, « Des siècles d’autorité verticale (…) des façons autorisées de comprendre l’homme, le monde, Dieu, ne nous avaient guère préparés à ce désir de retrouver en nouveauté la source d’une parole inouïe » (p. 39). Mais au lieu de l’aggiornamento escompté, l’Église catholique «continue à verrouiller son rapport au pouvoir et à l’autorité, excluant les femmes, la moitié de l’humanité, de ses instances de gouvernance. » (p. 40). 

 

Jean Lavoué énumère les pièges dans lesquels se maintient l’institution, et pointe les remparts qu’elle a construits et contre lesquels elle se heurte sans cesse. Tout se verrouille autour de la figure du prêtre. « Le tropisme d’un personnage s’excluant de l’humaine condition, au titre d’un ordre qui lui était conféré par l’institution romaine, devenant par là-même le seul représentant légitime du Christ et de son salut, semblait bloquer toute possibilité de changement » (p.41). 

 

Mais ce mur artificiel n’est justifié par rien dans les évangiles, bien au contraire. Quand Jésus rassemble les hommes et les femmes dont le cœur est touché par sa parole, il le fait contre les représentants de la tribu de Lévi et très rarement dans le Temple. Jésus « casse les codes » et parle d’amour à chacun dans son cœur, en petits groupes, en tête à tête ou entouré de foules qui se réunissent autour de lui, sans formalisme préétabli. 

 

De nombreux théologiens du XXe siècle ont évoqué cette christité, christicité, christianité ou christophanie ; autant de termes cherchant à recentrer le message du Christ en lui restituant sa force et en l’adressant à toutes et tous, y compris à ceux que Karl Rahner, -lui encore qui irrigue en silence toute cette pensée-, nomme les « chrétiens anonymes ». 

 

Le bilan établi, Jean Lavoué, ne laisse pas son lecteur abandonné face à lui-même. 

 

Grand chercheur et laboureur du Poème biblique, Jean Lavoué a déjà ouvert d’autres voies et d’autres manières de faire Église. Par petits groupes, sans aucun impératif d’appartenance institutionnelle, il aide à boire à la source de vie du texte. La parole et le pain peuvent se partager sur d’autres autels que ceux consacrés par la hiérarchie ecclésiale. Il rappelle les mots de Gérard Bessière qui « avait pris l’habitude de permettre à toutes les personnes présentes de dire les mots de la consécration. (…) Et il ajoutait malicieusement : cela marche quand même ! » (p.58). Et Jean Lavoué de nous restituer ces quelques lignes de son ami : « L’Évangile est un volcan (…) On ne l’éteindra pas. Il rentrera à nouveau en éruption féconde ». 

 

C’est donc à une « pratique différente » que ce livre nous convie après avoir dressé un lugubre état des années écoulées. Faut-il énumérer le renforcement de la sacralité du culte, l’exclusion définitives des femmes aux ministères ordonnés, « l’arrivée progressive d’une nouvelle génération de prêtres pétris de certitude et conscients de leur mise à part du reste des fidèles » (p.76) ? C’est délibérément que l’auteur nous oriente vers une décléricalisation suggérée par Joseph Moingt, développée par Loïc de Kérimel ; mais, selon Jean Lavoué, en prenant le temps d’une transition où chacun, chacune, pourrait « éprouver une Eglise moins fondée sur le pouvoir et cette différenciation marquée entre le statut des clercs et celui des fidèles. L’ordination de femmes et d’hommes mariés irait aussi, bien sûr, dans le même sens » (p.77). Cette étape intermédiaire est-elle indispensable ? Peut-être… 

 

En attendant, Jean Lavoué note qu’une Église autocentrée sur ses habitudes cultuelles se coupe des « croyants autrement ». Sa pratique des petits groupes, sa présence sur les réseaux sociaux, lui ont montré que « d’autres manières de se relier à la grande voie évangélique existent aussi » (p.79). Il évoque la méditation, l’écriture poétique contemplative, autant de lieux où croiser ceux que Valérie Chevalier nomme les croyants « des périphéries ecclésiales », ceux avec qui « l’Eglise peut aussi recevoir et rencontrer les valeurs du monde[1] ». 

 

Cela réinterroge toute la pratique jusqu’à celle de l’eucharistie. 

 

« Le partage eucharistique est sans nul doute une source essentielle pour la communauté ecclésiale, mais en avoir fait l’obligation exclusive et tatillonne qu’elle est devenue, a privé bien des croyants d’une évaluation, à nouveaux frais, de ce qu’il en était vraiment de leur pratique évangélique. Avoir bien souvent réduit ce rituel à un véritable fétichisme matérialiste (…) représente un appauvrissement sans pareil de la grandeur du signe de sa vie donnée que Jésus voulut partager avec ses disciples comme avec tous ceux, plus éloignés, qu’il renvoyait à leur humanité avec ces simples mots : « va, ta foi t’a sauvé… » » (p.81-82). 

 

Ceux qu’il nomme ses « compagnons de route », ces « chercheurs de Dieu en marche », ces « ouvreurs de voies » s’appellent Jean Sulivan, Henri Le Saux et avant eux, Félicité de Lamennais. Ils sont pour lui les premiers chrétiens « en exode » ; ceux qui sont allés chercher d’autres chemins pour transmettre la beauté de la Bonne Nouvelle sans la confisquer. Et dans sa farandole de poètes Bretons, arrivent ceux que l’on attendrait moins : René Guy Cadou, Xavier Grall, Eugène Guillevic ou Georges Perros. Il explique leur présence à ceux de ses lecteurs qui ne les connaitraient pas. C’est que leurs recherches se mêlent à la sienne. Il partage « leurs âmes rebelles, leurs singularités, leurs colères parfois ou leurs insurrections, mais aussi leurs apaisements, leurs élans poétiques lorsqu’après avoir senti la source trahie autour d’eux par tant de compromissions, ils la retrouvaient en eux-mêmes, intacte, promise et aveuglante. » (p.113). 

 

Jean Lavoué avance encore vers la lumière de la clairière et découvre « un amour étranger à toute forme de pouvoir, à toute forme de bannières et de croisades. Finalement, éloigné de ce qui survivait encore d’une certaine représentation idolâtrique de Dieu. » (p.117). Et cette fois c’est par et avec une femme qu’il chemine. Il évoque Magda, juive, rescapée des camps de la mort et qui, comme d’autres femmes, porte « une parole dont elles ont fait du pain pour les multitudes », nous enseignant d’abord l’urgence de retrouvailles entre juifs et chrétiens.  Mais le message vise plus profond encore. Il faut se dessaisir des croyances délétères, sortir de sa « zone de sécurité » construite sur des récitations de l’enfance, puis oser « l’exode » du dépouillement, le renoncement aux certitudes qui seuls permettent de rencontrer Dieu en vérité. Devenir ce que Jean Lavoué nomme un chrétien « en sortie ». C’est d’ailleurs ce à quoi nous invite le pape François depuis le début de son pontificat… 

 

Dans tous les cas, et avec ce merveilleux auteur que Jean Lavoué mentionne au passage, nous pouvons nous remémorer les dernières lignes de Maurice Bellet dans Incipit : « Ce n’est pas sur ce que tu as été ni sur ce que tu es que te juge la miséricorde, c’est sur ce que tu as désir d’être. Il n’y a pas d’homme condamné ». N’est-ce pas la meilleure incitation à tenter une sortie hors des sentiers battus ? 

 

Sylvaine Landrivon

 

[1] Valérie Chevalier, Ces fidèles qui ne pratiquent pas assez… Quelle place dans l’Eglise ? Lessius, 2017, cité par J. Lavoué in Des clairières en attente. Un chemin avec Jean Sulivan, Paris, Médiaspaul, 2021, p.81. 










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dimanche 28 mai 2023

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Pour accueillir le Souffle
Qui monte en chacun
Comme dans la moindre parcelle de vie
Du brin d’herbe aux vastes horizons
Le Poème de la joie ! 





Pour parvenir à écrire quelques mots,
Quelques arpèges de vent, 
Un souffle, une prière,
Lâche-là tes pensées, tes doutes, tes ruminations !

Enjambe le parapet de tes tâches inquiètes,
Écoute la musique des fleurs et du silence 
Et souviens-toi des arbres 
De leurs saisons bouleversées. 

Fais confiance à ton pas sur les berges de l'âme, 
Accueille la parole,
Ses fruits inattendus, 
L'orchestre des oiseaux en tes branches souveraines.

Pactise avec ton corps, ses gestes affranchis,
Laisse couler la vie,
La sève dans tes veines,
Écoute palpiter les rumeurs de ton sang,
Fais confiance aux courants,
Écarte les nuages,
Arpente l'inconnu, 
Foule l'herbe encore fraîche.

Tu n'as aucune vérité à dire,
Aucun message à faire passer :
Juste un rythme peut-être,
Une foulée plus ardente 
Pour respirer au large.

Tes amis sont là partout dans ta mémoire :
Autant d'astres fidèles 
Bergers de ta solitude. 
Pars sans te retourner ! 
Regagne au loin tes sources,
Les sentiers du matin !

Dans la force du soleil,
Je te devine, 
Je te suis.

Jean Lavoué, 27 mai 2020








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samedi 27 mai 2023

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Enchantement simple ce matin de me sentir pleinement vivant
En marchant seul d’un pas allègre
Sur cette rive du Blavet
Tout en contemplant d’un coin de l’œil
Sur l’autre rive entre prairies et bungalows
Le petit cimetière en pente douce de Saint-Caradec 
Où j’irai sans doute reposer 
Un jour qui ne fut jamais si proche
Pour des vacances éternelles

Aujourd’hui c’est marché à Hennebont
Musiques et bateleurs battent le rappel
Il y a six ans tout juste je me trouvais sur les berges du Scorff
Hospitalisé pour le diagnostic d’une maladie rare
Dont on ne guérit pas
Astreint depuis lors à des traitements plus ou moins réjouissants

J’avais à l’époque sur le conseil de l’ami Bobin
« Afin de la contempler dans son habit de gloire »
Renommé dans un poème cette maladie désormais compagne de vie
« Les amis retrouvés »
Ou mieux encore « levain du cœur »
Puisque l’amylose - c’est son nom -
Transformerait peu à peu celui-ci
En le faisant lever et s’épaissir comme un bon pain 
-Il ne saurait y avoir que du mal là-dedans-

Cela me donne des envies de langue bleue
Celle du cher voisin de Douarnenez Georges Perros
Je suis après tout un rescapé moi aussi 
Poète ressuscité comme me l’écrivît il y a peu 
L’ami François Cheng dans une lettre calligraphiée 
Et je crois bien ainsi que le chantait mon si proche Philippe Forcioli
Que le poème à genoux sera pour moi aussi
Jusqu’au bout mon chrysanthème
Tiens comme on en voit les jours d’automne 
Fleurir justement de toute leur palette  de couleurs
Le petit jardin de Saint-Caradec
Et le fleuve qui roule à ses pieds n’y trouve rien à redire
Lui que le moindre bouquet de lumière ensoleille

En attendant j’avance joyeux 
Sur les halages de ma gratitude
J’emplis mes yeux mon cœur et mes poumons
De la jubilation solaire des fleurs de la vie 
Je rends grâce au souffle à chaque instant qui nous visite
Nous console nous espère nous fortifie
Et je laisse l’oiseau chanter en avant de moi
La danse furtive des nuages
Le miroitement des arbres dans le fleuve
Et l’immensité bleue du ciel.

Jean Lavoué, Le Blavet, 25 mai 2023
Photo JL 25/05/23
www.enfancedesarbres.com 








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vendredi 26 mai 2023

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Une poésie voisine du silence, enracinée dans l’enfance du cœur qui me touche : c’est celle de l’ami Jean-Pierre Boulic dont je vous partage ici quelques lignes :

Odorants printemps 
De mésanges charbonnières 

Dans l’allée
Les pommiers respirent
D’être émerveillés

Par la lumière du cœur
Dans la main du silence

*

Chaque mot au bord du ruisseau
Pousse sans bruit
D’une patience que nul ne retranche

*

Tes pas éblouis
Nul ne peut les reprendre
Tu crois au vivant

Itinérant de la joie
Posant ses petits cailloux.

*

Moineaux et talus
Contemplent le paysage
Des arbres qui marchent.

Viennent leurs songes nicher
Dans ton cahier d’écolier.

Jean-Pierre Boulic, Enraciné, La Part Commune, 2023, 14 €











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mardi 23 mai 2023

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Le 21 juillet prochain
Voici tout juste cinquante ans
Ta vie s’achevait brutalement 
Dans un fracas de tôles 

Cette nuit-là
Sur l’écran de votre amour
Le rêve s’est brisé 

Tu embarqueras seule
Au-delà des remparts de la ville
Sur des eaux tumultueuses 
Emportant ton frêle esquif 

Mais pourquoi ta lumière
Traverse-t-elle encore aujourd’hui 
Les eaux du fleuve ?

Pourquoi l’oiseau
Au bout de la branche
Lance-t-il toujours son chant
Qui le certifie ? 

Depuis ce jour
Tu dénoues patiemment 
Dans le silence des nuits
Les lianes de ma vie bouleversée 

Je ne sais d’ailleurs que me taire
À l’aube de ce vaste mystère
Où ta joie frappe soudain les trois coups
De ton surgissement printanier 

Et tu n’es jamais seule
Dans cet affleurement 
Entraînant dans ton sillage
Tant de voiles dressées sur la mer

Toi aussi petite sœur tu fais trembler
La part manquante
D’un frémissement de pétales
Qui nous atteignent en plein cœur 

Tu es de la race de ces prophétesses
Qui savaient parfaitement interpréter le livre
Dont le souffle nouveau traverse
Les plaines et les déserts du monde

Mais pourquoi dis pourquoi 
Restes-tu ainsi blottie 
Tel un petit moineau
Insistant à la porte de l’âme ?

Peut-être simplement 
Pour qu’on lui ouvre enfin toutes grandes
Les portes en nous 
De l’infini soleil !

Jean Lavoué, Le Blavet, 22 juin 2023

 


Photo de ma sœur Elisabeth décédée dans un accident de voiture aux portes de Saint-Malo le 21 juillet 1973 à l’âge de 21 ans. Son fiancé, Jacques, a lui survécu à l’accident. Affection à tous les deux et à tous ceux qui vivent encore aujourd’hui dans l’éblouissement de cette « apocalypse » silencieuse qui touche tant et tant de familles…










dimanche 21 mai 2023

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Difficile de rester à la hauteur
De sa fragilité consentie.

Le plus souvent on l’ignore,
On la cache,
On cherche à la masquer.

On ne veut plus entendre
Ce rappel à l’ordre.

Il faut écrire encore
Pour côtoyer les prunelles de l’espérance.

Dans les fêlures du jour
Le silence s’ensommeille.

Le temps n’épouse plus 
Ses abeilles.

L’instant écarquille
Les yeux du matin.

On cherche partout
Son soleil.

Il faut apprivoiser la nuit
Comptable de la joie.

Sans projets, on accoste
Aux rives de la confiance.

Quelques mots suffisent à révéler
Le soleil de l’âme.

Il est un temps pour lire,
Un autre pour goûter au miel de la Présence.

Le souffle seul ponctue
La grâce des heures redonnées. 

Jean Lavoué, 18 mai 202
Photo : Jackie Fourmiès










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samedi 20 mai 2023

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Entre chaque branche
Chaque feuille
Chaque brin d’herbe
C’est par l’immensité du silence
Que tu te sens relié

À la fois uni
Et séparé
Habitant du même univers
Mais non pas confondu

Capable par tous tes sens
D’être touché
Par les senteurs du printemps
L’audace lumineuse des fleurs
L’orchestre des oiseaux

Ces plongées en toi
Dans la résonance de ce qui est
Te découvrent de plus en plus 
Le paysage de l’infinie présence 

Les rives s’entrouvrent 
Pour laisser l’eau 
Aller et venir sans contrainte
Vers la mer

Tes chemins s’élargissent
Tes pas se font plus lents 
Et tu fais se lever pour d’autres
L’espace où respirer 

Ta vie se simplifie
Les filaments de ta mémoire
Se dénouent 
Tu échappes aux filets de la confusion
Tout être est pour toi fraternel

Tu deviens celui que tu nommes
Pieds nus dans les buissons
Fervents du cœur 

Tu tournes une à une
Les pages silencieuses 
Du poème

Tu n’écris pas le livre
Mais tu en devines 
L’encre bleue
En filigrane dans le soleil.

Jean Lavoué, Le Blavet, 16 mai 2023
Photo JL 16/05/23
www.enfancedesarbres.com










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