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Le 21 juillet prochain
Voici tout juste cinquante ans
Ta vie s’achevait brutalement
Dans un fracas de tôles
Cette nuit-là
Sur l’écran de votre amour
Le rêve s’est brisé
Tu embarqueras seule
Au-delà des remparts de la ville
Sur des eaux tumultueuses
Emportant ton frêle esquif
Mais pourquoi ta lumière
Traverse-t-elle encore aujourd’hui
Les eaux du fleuve ?
Pourquoi l’oiseau
Au bout de la branche
Lance-t-il toujours son chant
Qui le certifie ?
Depuis ce jour
Tu dénoues patiemment
Dans le silence des nuits
Les lianes de ma vie bouleversée
Je ne sais d’ailleurs que me taire
À l’aube de ce vaste mystère
Où ta joie frappe soudain les trois coups
De ton surgissement printanier
Et tu n’es jamais seule
Dans cet affleurement
Entraînant dans ton sillage
Tant de voiles dressées sur la mer
Toi aussi petite sœur tu fais trembler
La part manquante
D’un frémissement de pétales
Qui nous atteignent en plein cœur
Tu es de la race de ces prophétesses
Qui savaient parfaitement interpréter le livre
Dont le souffle nouveau traverse
Les plaines et les déserts du monde
Mais pourquoi dis pourquoi
Restes-tu ainsi blottie
Tel un petit moineau
Insistant à la porte de l’âme ?
Peut-être simplement
Pour qu’on lui ouvre enfin toutes grandes
Les portes en nous
De l’infini soleil !
Jean Lavoué, Le Blavet, 22 juin 2023
Photo de ma sœur Elisabeth décédée dans un accident de voiture aux portes de Saint-Malo le 21 juillet 1973 à l’âge de 21 ans. Son fiancé, Jacques, a lui survécu à l’accident. Affection à tous les deux et à tous ceux qui vivent encore aujourd’hui dans l’éblouissement de cette « apocalypse » silencieuse qui touche tant et tant de familles…
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1 commentaire:
Magnifique et touchant texte !
Les étoiles meurent, nous offrent encore leurs lumières, très longtemps après !
Que celle de votre sœur vous éclaire pour le reste du chemin.
Belle journée à vous et merci de ce blog qui ne cesse de m'enrichir.
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