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Marcher, c'est pour toi
Un peu comme écrire,
À la manière des paysans autrefois
Qui dessinaient chaque jour
Un nouveau poème
En donnant leur corps
Au travail de la terre.
C'est dire oui à sa pauvreté
En se sentant comblé de tous les biens
Et quitter pour un temps le miroir
De nos ombres tenaces.
Être parmi les arbres,
C'est un dialogue avec le monde
Autant qu'avec soi-même,
C'est jouer une partition
Dont on n'est que l'archet,
Être saisi par une main
Qui sait voir l'invisible,
Être à l'aplomb des nuages
Et se confondre avec le vent,
Voir le printemps frémir
En chaque mot
Comme au bout de la moindre branche.
C'est deviner les fruits
Qui seront demain notre nourriture,
C'est tout voir tout à coup
Avec les yeux du soleil,
C'est s'accorder un temps de vacances
Dans les prairies du ciel,
Écouter le murmure de l'herbe
La symphonie des oiseaux,
Habiter la terre
Comme on hérite d'un jardin
Et se savoir promis
À de grands silences
Dont nous ne sommes que les hôtes,
Les passants attentifs.
Jean Lavoué, 5 février 2021
Photo Le Blavet JL 5/02/21
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