Ce mot qui doit finir par devenir en
nous
Aussi silencieux qu'un paysage
Ce mot comme une main tendue
Comme un visage déchiffré
Ce mot que nous n'avons cessé de nous
jeter
Les uns à la face des autres
Ce mot de source et de simplicité
Ce mot de genèse et de fécondité
Ce mot d'entente vive et de regard
ajusté
Ce mot ouvert et doux
Dans lequel nous nous effaçons
Ce mot où nous ne sommes pas
Où nous ne sommes jamais
Sauf quand nous nous perdons
Ce mot qu’on ne prononce qu'à mi-voix
Comme un secret quand on s’éveille
Ce mot dont nous avons usé
Sans remarquer combien il se taisait
Ce mot de pauvreté et d'abandon
Qui nous demande protection
Ce mot que nous avons toujours trahi
En le portant comme un blason
Ce mot de source enfoui
Comme un murmure en nos mains vides
Ce mot que rien ne fige que rien
n'arrête
Ce mot au-delà des mots
Cette trouée d'azur ce poème insensé
Ce mot qui ajuste son souffle en nous
Ce mot qui nous réconcilie
Ce mot qui nous accorde au
jaillissement des ailes
Ce mot d'octave bleue veillant sur nos
déroutes
Ce mot de nos tendresses ce mot de
nos amours
Ce mot qui nous échappe comme expire
le jour
Ce mot qui ne fait aucun bruit
Ce mot comme une fête de nuit
Ce mot qui tremble en nous à l'affut
de nos cœurs
Ce mot de nos vendanges de nos soirs
aux jasmins
Ce mot balbutié de nos dessins d'enfant
Ce mot échappé des vitraux
Libre comme le vent
Ce mot de nos ivres jeunesses
De nos instants tempétueux
Ce mot comme un papillon
Apposé sur nos fronts
Comment le laisserions-nous encore se
confondre
Avec nos tristes certitudes
Nos aveuglantes vérités ?
Jean Lavoué
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