La musique de l’âme
Jean Lavoué, dans son dernier livre, « Ce rien qui nous éclaire », nous donne à lire, ou plutôt à
entendre la musique de l’âme. Il me faut dire aussi que notre poète, avec ce
recueil, ouvre brillamment une nouvelle maison d’édition qu’il vient de créer
sous le beau titre « L’enfance des
arbres ».
Au pied de l’arbre, c’est un rouge-gorge qui sautille. Une petite
tache de sang sur la terre noire, un petit cœur qu’on entend battre sous un
bouquet de plumes. Battre, battre au rythme, n’en doutons pas, d’un amour
infini, tel le signe visible d’une invisible présence. Ce rien qui nous
éclaire, cette infime tache de sang, est en définitive tout. Vos poèmes, cher
Jean Lavoué, nous le font comprendre.
Cette petite tache qui tressaute, comme la flamme d’une lampe Pigeon
une nuit de tempête, nous permet de lire d’intimes paysages et d’éclairer un
monde insoupçonné afin de nous y accorder. « L’invisible nous tutoie », nous laisse des messages secrets
sur « le sable des heures » et
notre poète se fait traducteur du silence pour nous conduire, tout droit, vers « Des soleils inattendus ».
Les poèmes de Jean Lavoué nous confient les codes pour… « trouver le passage / Vers le royaume secret ».
Un royaume où le soleil dépose, chaque matin, son fruit mûr dans la paume
ouverte du jour. « Ce rien qui nous
éclaire » est à placer sur notre table de chevet telle, autrefois, la
lampe qui accompagnait notre enfance. Il nous donnera à entendre des paroles de
silence. Il entourera de fraternité nos veillées inconsolées. Il peuplera notre
solitude de mille chants d’oiseaux. D’un éclat de lumière il mettra le feu aux
ténèbres.
Comme le poète Gilles Baudry, c’est avec infiniment d’empathie que
j’ai poussé la porte des mots et que je suis entré, sur la pointe du cœur, dans
un jardin de lumière qui ressemblait à un battement d’ailes. Une lumière qui scintillait
sur les frêles pétales d’un coquelicot et qui suffisait à entraîner un cœur sur
le chemin des larmes.
Ce rien qui nous éclaire, Jean
Lavoué le fait luire dans l’herbe de sa poésie. Mais il nous prévient, « la poésie ne se trouve pas d’abord dans les
livres ». Elle est là, partout, autour de nous, en nous mais c’est le
livre qui nous donnera ce regard d’enfant toujours ébloui par le départ soyeux
d’un envol de ramiers ou par la tendre fougère battant la mesure à l’entrée de
la forêt des mots. Voilà bien un livre qui nous invite, sous la neige du poème,
dans le blanc de la page, à écouter battre le cœur du silence. Ce rien qui nous
éclaire est la petite graine, la toute petite graine qui deviendra un arbre
immense et qu’on appelle la foi.
Jean-Claude Albert Coiffard, Avril 2017
Jean Lavoué, Ce rien qui nous éclaire, Préface de Gilles Baudry – Ed.
L’enfance des arbres, Hennebont, avril 2017. 13 euros (16 euros port
compris : 3 place vieille ville, 56 700 Hennebont jlavoue@gmail.com)
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