Traduire

jeudi 31 mars 2016

.














Si l'arbre ne devient pas la mesure de ton pas
S'il n'oriente en toi l’espace et le chemin
Si son écorce ne t'épaule en marchant
Si ses bourgeons tout en haut ne t'allègent

Si son tronc vertigineux ne t'envoûte
Si son chant immobile ne te foudroie
Si sa danse ne t'emporte vers le ciel
Si son ombre sacrée ne te recouvre

Si ses feuillages en toi ne respirent
Si ses mousses sont trop froides pour toi
S'il tend en vain l'or de ses lichens
Si sa vie silencieuse ne t'abrite

Si sa sève ne s'accorde à ton sang
Si tu restes aveugle au feu de son vitrail
Si tu ne sens monter sa fièvre végétale
S’il n’éclaire la forêt de ton pas 

S'il ne démêle en toi tes pauvretés inutiles
Si tu ne le perçois qu’au tumulte qui t'agite
Si tu n'entends sourdre l'orchestre de ses racines
Si tu ne suis la partition allègre de ses bois

S'il ne t'enivre d’aventures promises
S'il ne creuse en toi des sillons inconnus 
S'il ne ruisselle en toi de forces contenues
S'il n'ouvre à fonds perdus les trésors de ta joie

Alors vaine est ta course
Infertile ta solitude      
Infructueux ton poème
Stérile le sentier parcouru


Jean Lavoué





.

Aucun commentaire:

[URL=http://www.compteur.fr][IMG]https://www.compteur.fr/6s/1/6057.gif[/IMG][/URL]