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samedi 29 juillet 2023

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Voici la préface que j’ai eu la joie d’écrire pour ce recueil de « brindilles » glanées dans l’œuvre chantée du poète Philippe Forcioli par Marie-Laure J. Herlédan. Ce petit bijou est publié dans la maison d’édition de cette dernière : Des Sources et des Livres (Assérac 44).

Brindilles


« Brindilles » : Philippe Forcioli, avec son amie Geneviève Berthezène, avait trouvé voici quelques années cet humble et beau titre pour rassembler dans un merveilleux écrin ses éclats de poèmes inédits. « Brûlez / Et dansez la vie souveraine ! » écrivait-il alors.  Voici que Marie-Laure Herlédan renoue avec cette cueillette « françoisière », à la fois grave et légère, en allant puiser cette fois dans les buissons de l’œuvre chantée du poète ses pépites de lumière : « D’amour ardent je fus pris / Comme feuille dans la flamme ».

On peut ouvrir au hasard ce petit memento du chanteur, le glisser facilement dans sa poche tout comme celui qu’il avait lui-même collecté dans la langue du cœur de son cher Joseph Delteil : que de trouvailles à partager au premier passant ! C’est une sorte de sentier Forcioli en poésie qui nous est ici proposé dans les fourrés de l’amitié, avec des percées soudaines à vous couper le souffle : « Le cœur, c'est encore le plus haut point de vue de la terre » nous murmure ici à chaque page son compagnon de Villar-en-Val.

Pour continuer à marcher allègres en sa compagnie, nous avons certes ses chansons qu’il était encore en train de rassembler lorsque la mort l’a saisi. Mais voici une autre manière, vive et dépouillée, de garder en nous le rouge-gorge de sa voix et les bleuets de son âme. Merci à la glaneuse qui nous permet de rester ainsi en éveil, telle l’alouette du matin, et de suivre les sentes de son âme qui vont des larmes à la joie. Elles nous font entrevoir la fine pointe de son poème tout comme les tremblements de ses silences.
Si Rimbaud fut pour lui un ouvreur de bal dans les garrigues de la langue, Cadou fut un prince qui jeta sa cape fraternelle sur son épaule et le confirma jusqu’au bout de sa présence souveraine dans les landes du poème. On sent ici leur connivence dans la chambre d’écriture qui est aussi bien chambre du mystère : Louisfert en poésie comme un murmure vibrant dans les moindres variations du chant de Philippe. « Je vais loin dans le ciel / et dans la nuit des temps / Je marche les pieds nus / comme un petit enfant ». C’est fidèle au destin tragique du poète qu’il pouvait lui aussi rassembler jour après jour, tel un petit prophète de l’amour, ces braises ardentes du don de poésie : « C’est si grand c’est si grave / Ma tâche à mon plumier ».


Jean Lavoué

Ce recueil de « pépites » de Philippe Forcioli est disponible à Des Sources et des Livres, 2, rue de la Fontaine, 44410 Assérac au prix de 12 € + 3 € de port.












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