Le Christ sort au matin de la vieille maison fatiguée du monde. Il a une trentaine d'années. Il n'emporte rien avec lui. Il commence sa vie buissonnière dont, après sa disparition, ses amis recueillent des lambeaux. La joie de l'air contre ses tempes, les confidences de l'eau entre ses mains, les éblouissements des renards qui croisaient son chemin - de tout cela rien ne nous est parvenu. Quelques paroles dont la plupart empruntent leur beauté à l'univers patient des bergers, des pêcheurs, des viticulteurs : voilà tout ce qui reste du passage sur terre du plus grand des poètes. Car c'est être poète que regarder la vie et la mort en face, et réveiller les étoiles dans le néant des coeurs.
Christian Bobin
L'homme-joie
Les religieuses dans les monastères
savent l'importance explosive d'un bouquet de rose
dans un pot de grès
Christian Bobin
L'homme-joie
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