Seul un dieu qui n'aurait plus besoin
d'armes
Ni de croyances absolues
Ni de rites au goût d'ennui
Ni de femmes écartées
Ni de vies anéanties
Ni d'antiques religions
Ni même de prières
Un dieu qui n’excommunierait pas les
autres dieux
Mais qui inviterait chaque être
À rejoindre l'unique en soi
Par le tronc de ses émerveillements
De ses silences accordés
De ses poèmes offerts à tous
De ses enfances retrouvées
Seul un dieu qui ne serait que
racines
Confiées aux forces de la terre
Puissance humble de fraternité
Et d'élans aux frontières
Seul un dieu des forêts
Des étangs des vallées
Des arches salutaires
Seul un dieu des ciels et des déserts
Des astres des océans
Des fleuves des continents
Seul un dieu des oiseaux
Un dieu mêlé à notre souffle
Agenouillé en nos étreintes
Échappant à toutes nos prises
Mais appelant de toutes ses forces
nos caresses
Seul un dieu sans jugement
Un dieu d’absence ardente
Un dieu d’enlacement et de présence
Un prince en pauvreté
Épousant la paume dénudée de
nos mains
Pourrait encore nous sauver.
Jean Lavoué
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