Photo by C. Huynh Cong Nghia
Ils ont ouvert le livre
Comme on découvre un champ de mines.
Ils ont dégoupillé les versets de la
peur.
Ils ont défiguré le secret,
Couvert le nom divin de leurs cris de
victoire.
Ils se sont faits juges pour liquider
le pauvre
En tout homme comme en eux-mêmes,
Et jusqu'en Celui qu'ils disaient honorer.
Ils ont fait flamber la revanche de
Dieu,
Ils ont cru son heure arrivée.
Ils ont oublié la femme et l'homme
Et l’enfant,
Et le souffle qui parcourait les
mondes,
Et toute la beauté.
Ils ont rempli de puissance le vide
de leur âme
Couvert de sang leurs mains,
Cerné la terre de désolation.
Ils ont cru ceux qui les avaient
trompés,
Ils ont éliminé toutes traces de
leurs mensonges.
Ils ont détruits leurs sources
Et toutes voies qui les confondraient.
Ils s'en sont pris au plus sacré en
eux
Comme au plus vulnérable qu'ils
haïssaient.
Ils ont fait de leur religion un
enfer,
Méprisant toute autre croyance
Et défigurant la voix de leurs
prophètes.
Ils se sont rendus inaudibles
A force de vouloir être purs.
Ils ont fait de leur Dieu ce monstre
redoutable
Confondant la vie et la mort :
Ils ont choisi le chemin contraire,
Préférant leur propre loi à celle
gravée dans leur cœur.
Ils ont rouvert la porte des
désastres,
Ignorant que leur violence était déjà
vaincue
En chaque victime innocente,
En chaque amour brisé.
Ils ont fait place ainsi en tout
homme
Au Pauvre venu s’y révéler.
Ils n’ont assassiné que leurs
croyances.
Ils n’ont fait que rendre plus
précieuse encore
La Vie même qu’ils ont refusée !
Jean Lavoué
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