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dimanche 30 octobre 2016



                Photo by C. Huynh Cong Nghia




Ils ont ouvert le livre
Comme on découvre un champ de mines.
Ils ont dégoupillé les versets de la peur.
Ils ont défiguré le secret,
Couvert le nom divin de leurs cris de victoire.
Ils se sont faits juges pour liquider le pauvre
En tout homme comme en eux-mêmes,
Et jusqu'en Celui qu'ils disaient honorer.
Ils ont fait flamber la revanche de Dieu,
Ils ont cru son heure arrivée.
Ils ont oublié la femme et l'homme
Et l’enfant,
Et le souffle qui parcourait les mondes,
Et toute la beauté.
Ils ont rempli de puissance le vide de leur âme
Couvert de sang leurs mains,
Cerné la terre de désolation.
Ils ont cru ceux qui les avaient trompés,
Ils ont éliminé toutes traces de leurs mensonges.
Ils ont détruits leurs sources                         
Et toutes voies qui les confondraient.
Ils s'en sont pris au plus sacré en eux
Comme au plus vulnérable qu'ils haïssaient.
Ils ont fait de leur religion un enfer,
Méprisant toute autre croyance
Et défigurant la voix de leurs prophètes.
Ils se sont rendus inaudibles
A force de vouloir être purs.
Ils ont fait de leur Dieu ce monstre redoutable
Confondant la vie et la mort :
Ils ont choisi le chemin contraire,
Préférant leur propre loi à celle gravée dans leur cœur.
Ils ont rouvert la porte des désastres,
Ignorant que leur violence était déjà vaincue
En chaque victime innocente,
En chaque amour brisé.
Ils ont fait place ainsi en tout homme
Au Pauvre venu s’y révéler.
Ils n’ont assassiné que leurs croyances.
Ils n’ont fait que rendre plus précieuse encore
La Vie même qu’ils ont refusée !


Jean Lavoué

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