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lundi 12 décembre 2016









Rivière fraternelle



Jusqu’où m’invites-tu rivière fraternelle à me couler en toi
Jusqu’où m’emportes-tu entre les berges de ton silence
Vers quelle île engloutie me fais-tu remonter jusqu’aux sources de vivre ?

Je contemple en marchant tes vases de lumière
J’y lis d’étranges signes m’épelant ton secret
Un fil de haut lignage, de forces reposées, de marées insoumises

Par rocs et bruyères tu entreprends ma terre et tu l’invites à se livrer
Tu rêves d’océan, d’envol de goélands vers tes odes natives
Au vent de l’inconnu tu ne peux résister car tu ne sais que te donner

Je suis ici de mon enfance et j’apprends à me taire pour être plus vivant
Même sous tes eaux calmes tu portes en toi le large et mes désirs d’envols
Tu es l’amante du matin, petite sœur des libellules, ô ma princesse aux yeux de nuit

Tu m’orientes et je te célèbre en cortège de branches aux nichées d’oiseaux vives 
Je me laisse tomber à la racine de nos âmes d’où nous contemplons la cime
Nous sommes de la même sève, libres et secourables, et simples avec nous-mêmes

Nous franchissons des ponts en coulées souveraines sans même nous retourner
Rien ne t’arrête au port, à peine les moulins dont les meules te défient
Nous sommes de tous remparts la clairière qui s’ouvre et la trouée fertile

Aucune saison jamais ne sera trop somptueuse pour t’offrir son écrin
Que mon chant aille se perdre en tes flancs soleilleux loin des tumultes de la ville
Qu’ensemble nous trouvions le courant de la joie et notre souffle et notre rythme
Notre demeure des hauts fonds, notre défaite consentie, notre présence sans limites.

Jean Lavoué

Poème primé le 10 décembre 2016 à Pont-l’Abbé lors de l’inauguration du 1er salon du livre Bigouden présidé par Brigitte Maillard
Photos Rivière de Pont-l’Abbé Cop. Doly, Buisson, Trébaol


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh comme il est mérité ce premier prix de poésie...Qu'il soit la porte à de nombreux autres!
C'est tout simplement magnifique Jean, vraiment!
En le lisant à voix haute ce matin,je ressentais mon âme voyager avec la rivière...
Merci également pour la photo de l'oiseau, il est vrai que les oiseaux donnent beaucoup de couleurs, de mouvements et de chants aux rivières...
Il ne reste plus qu'à écrire une poésie sur les oiseaux...Eux qui font chanter le ciel...

Jean Lavoué a dit…

Merci pour ce très chaleureux message qui me touche infiniment !
Oui, j'ai appris, en effet, que les oiseaux pouvaient êtres les princes de nos âmes...
Très joyeux Noël en poésie !

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