Deux enfants évacués en bus d’Alep le 15 décembre 2016 (AFP/Baraa Al-Halabi)
S'il n'y avait à marcher
En cette nuit du monde
L’étoile brillerait-elle
À l’orient de nos vies ?
Sans cette mort qui rode
Ses marchands de noirceur
L’aube commencerait-elle
À poindre à l'horizon ?
Pleurerions nous encore
Ces villes anéanties
Si n’étions déjà
D’un jardin refleuri ?
Sans ces maisons hantées
Ces naufrages inutiles
Aurait-on cette clarté
Cette rage d’aimer ?
Sans avoir à marcher
Vers cette ombre inconnue
Trouverions-nous en nous
La force nécessaire ?
Sans l’âme rescapée
Cette soif de lumière
Lancerions-nous cet hymne
Couronnant notre hiver ?
S'il n'y avait ce jour
Brûlant sous nos matins
Serions-nous possédés
Par cette vie promise ?
Sans nos branches noueuses
Sans nos désirs boiteux
À quoi bon ces élans
Ces vœux de nous donner ?
Sans ce souffle ténu
Sans ce bruissement d'ailes
Entendrait-on jamais
Ce chant qui nous étreint ?
Si nous n'avions en nous
Ces déserts souverains
Sentirions-nous ce vent
À l'amble de nous-mêmes ?
Si le Souffle ne manquait
Saurions-nous le secret
De ce fragile enfant
Né d’un feu inconnu ?
Si nous n'avions ce goût
De renaître d’ici
Irait-on de ce pas
Vers l’arbre de la Vie ?
Jean Lavoué
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