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samedi 4 novembre 2017

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Ce samedi 4 novembre au réveil...




Connaissez-vous René Guy Cadou,
Poète crucifié au seuil de ses trente et un ans ?
C’était le jour du printemps ;
Toutes les volières en lui se sont ouvertes,
Tous les vitraux ont volé en éclat,
Il allait tête nue dans les champs
Vers cette joie enfin conquise.
Il ne mettait jamais les pieds dans une église,
Mais Jésus, écrivait-il, était son plus proche voisin.
Il lui arrivait parfois de rêver d’être moine
Ou bien soignant dans une léproserie de village,  
Lui que l’amour d’Hélène avait transformé en chantre végétal :
Ses mots tendresse résonnent en nous sur chaque route.
C’est mon compagnon d’exode depuis quarante ans,
Un évangéliste de grand vent
Que me fit connaître un moine justement,
Gilles Baudry, qui ne cessa lui-même de laisser depuis sourdre son chant,
Des courbes de l’Aulne
Aux berges de l’abbaye de Landevennec.
Je suis ainsi entré dans une compagnie de témoins, de chanteurs, de bardes, d’amoureux éblouis,
De ceux-là qui furent à jamais touchés
Par les élans de cet enfant poète  
Qui ne fit rien d’autre que d’écrire sa juste compassion pour chaque humain, pour chaque fleur,
Dans un langage clair et fluide,
Très éloigné des cercles parisiens.
Il fut pour moi l’héritier de Jean, de Luc, de Matthieu, de Marc,
L’un de ceux-là que nous avons chacun à devenir
Pour élever encore en nous la mémoire de l’homme secourable
Avant que de le perdre.
Qui fait la rencontre, une fois dans sa vie, d’un tel passeur
Ne se sent jamais plus éloigné du pauvre en lui à relever,
Comme en tout homme.
Et s’il lui arrive d’écrire,
C’est dans des larmes de lumière
Qu’il trempe à chaque instant sa plume,
Pour dresser en lui bien haut dans le soleil ces frères perdus
Jusqu’à se faire pour eux, même à donner son sang,
Le poète de la brûlure,
Le musicien de l’instant éternel.

Jean Lavoué





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