Ce samedi 4 novembre au réveil...
Connaissez-vous René Guy Cadou,
Poète crucifié au seuil de ses trente
et un ans ?
C’était le jour du printemps ;
Toutes les volières en lui se sont
ouvertes,
Tous les vitraux ont volé en éclat,
Il allait tête nue dans les champs
Vers cette joie enfin conquise.
Il ne mettait jamais les pieds dans
une église,
Mais Jésus, écrivait-il, était son
plus proche voisin.
Il lui arrivait parfois de rêver
d’être moine
Ou bien soignant dans une léproserie
de village,
Lui que l’amour d’Hélène avait
transformé en chantre végétal :
Ses mots tendresse résonnent en nous sur
chaque route.
C’est mon compagnon d’exode depuis
quarante ans,
Un évangéliste de grand vent
Que me fit connaître un moine
justement,
Gilles Baudry, qui ne cessa lui-même
de laisser depuis sourdre son chant,
Des courbes de l’Aulne
Aux berges de l’abbaye de
Landevennec.
Je suis ainsi entré dans une
compagnie de témoins, de chanteurs, de bardes, d’amoureux éblouis,
De ceux-là qui furent à jamais
touchés
Par les élans de cet enfant
poète
Qui ne fit rien d’autre que d’écrire
sa juste compassion pour chaque humain, pour chaque fleur,
Dans un langage clair et fluide,
Très éloigné des cercles parisiens.
Il fut pour moi l’héritier de Jean,
de Luc, de Matthieu, de Marc,
L’un de ceux-là que nous avons chacun
à devenir
Pour élever encore en nous la mémoire
de l’homme secourable
Avant que de le perdre.
Qui fait la rencontre, une fois dans
sa vie, d’un tel passeur
Ne se sent jamais plus éloigné du
pauvre en lui à relever,
Comme en tout homme.
Et s’il lui arrive d’écrire,
C’est dans des larmes de lumière
Qu’il trempe à chaque instant sa
plume,
Pour dresser en lui bien haut dans le
soleil ces frères perdus
Jusqu’à se faire pour eux, même à
donner son sang,
Le poète de la brûlure,
Le musicien de l’instant éternel.
Jean Lavoué
.
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