Quand le silence sera
Ton obole versée
À la sébile du temps,
Tu seras familier
Des chemins de ton âme.
Ces désirs ténébreux
Dont l’ombre te tenait
Auront fait place au ciel
Délivré de nuages.
Tu sauras à genoux
Les versets de ton âge,
Contemplant interdit
Leur âpre mélodie.
Toi qui étais lesté
De tant de faux bagages,
Tu te feras léger
En remontant le fleuve.
Les oiseaux de ton sang
Élargiront les rives
Et ton seul exercice
Sera de t’engouffrer.
Tu n’as plus à lutter
Pour de maigres conquêtes,
Le vent sans illusions
Sera ta compagnie.
Tu n’as pour seul viatique
Que cortèges de branches
Et blessures d’enfance
Au don émerveillé.
Tu te rapproches enfin
De ce pays perdu
Dont tu étais le fils
Amoureux et prodigue :
Tu n’as qu’à te pencher
Pour saisir ces deux mains
Qui te cherchent à tâtons
Dans les nuits traversées.
Tu n’as plus à coucher
Entre les pages noires
L’indicible secret
Dont tu étais l’otage :
Le soleil entre en toi
Comme en un puits en fête,
Tu pousses les battants
Qui recouvraient ta vie.
Les amis qui te hèlent
Par-delà l’horizon
Te voient réconcilié
Par l’étoile promise :
Chaque mot du poème
Est un signe vers eux,
Chaque pas dans l’obscur
Une créance nue.
Jean Lavoué, texte et photo 11 décembre 2018
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