De Pierre Tanguy à propos de « Fraternité des lisières »
Si la poésie
consiste, comme l’a dit Giuseppe Ungaretti, à « apporter d’heureuses clartés sur les chemins de l’obscur »,
alors on peut dire que l’écriture de Jean Lavoué relève de cette
démarche-là. Dans ce nouveau livre, en effet (« poèmes pour la
paix »), le poète breton pointe les
périls et toute l’obscurité du monde, mais il garde, en permanence, l’espoir
chevillé au cœur en traçant des nouveaux chemins de fraternité.
Premiers périls : ceux du terrorisme.
Jean Lavoué évoque tous ceux qui ont ensanglanté le pays entre 2014 et 2018, de
Charlie à Trèbes, en passant par le Bataclan, Nice… Mais aussi ceux qui ont apporté
le deuil à Palmyre et Alep. Le poète désigne le mal, parle de Daech sans le
nommer. « Ils ont ouvert le
livre/Comme on découvre un champ de mines/Ils ont dégoupillé les versets de la
peur/Ils ont défiguré le secret,/Couvert le nom divin de leurs cris de
victoire ». Mais, on l’a dit, l’auteur n’est pas là pour dire la
seule noirceur du monde. Hommage donc au martyre du père Hamel et à l’héroïsme du
colonel Arnaud Beltrame. Et au-delà de ces deux figures devenues
charismatiques, c’est un vrai leitmotiv d’espoir que ressasse – en dépit de
tout - ce livre. « Il ne reste
désormais pas d’autre humus pour sa croissance/Que le cœur bienveillant de
l’homme/Pas d’autre signe de sa poussée bienfaisante/Que les frêles tiges de
l’amour ».
Il y a le
terrorisme, mais il y a aussi les désastres humanitaires. A commencer par ceux
des migrants. « Serons-nous les
vigies/Offrant refuge aux naufragés/Ou bien les grilles, poings serrés/De nos
fraternités mortes ? », interroge Jean Lavoué.
Il y a le
terrorisme, mais aussi les périls qui pèsent sur la planète terre. « Passagers des étoiles/Nous sommes les
clandestins d’une terre dévastée,/Humiliée par nos fautes ». Le poète
appelle au sursaut. « Il nous faut
réapprendre ensemble/A écouter la musique des étoiles/A parler aux mousses et
aux forêts,/A inviter l’aube et l’océan chez nous,/A cultiver humblement nos
partitions potagères ».
Jean Lavoué
arc’boute, enfin, sa confiance à tous ces « vivants aux mains nues » qui signent les gestes
essentiels au cœur de ces « temps de détresse ». Ainsi, à propos d’Asia
Bibi, la jeune chrétienne pakistanaise accusée de blasphème, il peut écrire. « Chaque fois qu’une femme dans le
monde/Meurt à douleur/Pour les sarments d’amour qu’elle porte au cœur/Le monde
crie en silence ».
Pierre
TANGUY.
Fraternité des
lisières, poèmes pour la paix 2014-2018, gravures de Marie-Françoise
Hachet – de Salins, éditions L’enfance des arbres (3, place vieille ville, 56
7000 Hennebont) 167 Pages, 15 euros. Frais de port : 3 euros.
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