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vendredi 1 février 2019

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De Pierre Tanguy à propos de « Fraternité des lisières »



   
  Si la poésie consiste, comme l’a dit Giuseppe Ungaretti, à « apporter d’heureuses clartés sur les chemins de l’obscur », alors on peut dire que l’écriture de Jean Lavoué relève de cette démarche-là. Dans ce nouveau livre, en effet (« poèmes pour la paix »),  le poète breton pointe les périls et toute l’obscurité du monde, mais il garde, en permanence, l’espoir chevillé au cœur en traçant des nouveaux chemins de fraternité.

   Premiers périls : ceux du terrorisme. Jean Lavoué évoque tous ceux qui ont ensanglanté le pays entre 2014 et 2018, de Charlie à Trèbes, en passant par le Bataclan, Nice… Mais aussi ceux qui ont apporté le deuil à Palmyre et Alep. Le poète désigne le mal, parle de Daech sans le nommer. « Ils ont ouvert le livre/Comme on découvre un champ de mines/Ils ont dégoupillé les versets de la peur/Ils ont défiguré le secret,/Couvert le nom divin de leurs cris de victoire ». Mais, on l’a dit, l’auteur n’est pas là pour dire la seule noirceur du monde. Hommage donc au martyre du père Hamel et à l’héroïsme du colonel Arnaud Beltrame. Et au-delà de ces deux figures devenues charismatiques, c’est un vrai leitmotiv d’espoir que ressasse – en dépit de tout - ce livre. « Il ne reste désormais pas d’autre humus pour sa croissance/Que le cœur bienveillant de l’homme/Pas d’autre signe de sa poussée bienfaisante/Que les frêles tiges de l’amour ».

   Il y a le terrorisme, mais il y a aussi les désastres humanitaires. A commencer par ceux des migrants. « Serons-nous les vigies/Offrant refuge aux naufragés/Ou bien les grilles, poings serrés/De nos fraternités mortes ? », interroge Jean Lavoué.
   Il y a le terrorisme, mais aussi les périls qui pèsent sur la planète terre. « Passagers des étoiles/Nous sommes les clandestins d’une terre dévastée,/Humiliée par nos fautes ». Le poète appelle au sursaut. « Il nous faut réapprendre ensemble/A écouter la musique des étoiles/A parler aux mousses et aux forêts,/A inviter l’aube et l’océan chez nous,/A cultiver humblement nos partitions potagères ».

   Jean Lavoué arc’boute, enfin, sa confiance à tous ces « vivants aux mains nues » qui signent les gestes essentiels au cœur de ces « temps de détresse ». Ainsi, à propos d’Asia Bibi, la jeune chrétienne pakistanaise accusée de blasphème, il peut écrire. « Chaque fois qu’une femme dans le monde/Meurt à douleur/Pour les sarments d’amour qu’elle porte au cœur/Le monde crie en silence ».

                                                                                                        Pierre TANGUY.




Fraternité des lisières, poèmes pour la paix 2014-2018, gravures de Marie-Françoise Hachet – de Salins, éditions L’enfance des arbres (3, place vieille ville, 56 7000 Hennebont) 167 Pages, 15 euros. Frais de port : 3 euros.


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