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samedi 23 mars 2019

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Merci François Cassingena-Trévedy pour ces considérations sur le temps présent

"D'aucuns pourraient se figurer, en arrivant par hasard sur cette page ou en la suivant distraitement, que je ne regarde que les violettes… Alors même que ce que je regarde avec mes contemporains, avec mes "amis", est alarmant, je tiens à les rassurer. Comme eux, pour eux, je regarde la devanture de ce temps et j'en interroge l'arrière-boutique.

Le vandalisme ne s'attaque pas seulement aux vitrines: il est devenu, depuis des mois, la vitrine de la France. Honte et tristesse.
Les révolutions ressemblent aux génoises : une couche superficielle cache une couche plus profonde, une couche appétissante cache une couche avariée. Une révolution policée cache une révolution barbare. Derrière les Gilets jaunes, il y a les black-blocs. Une révolution est en marche (peut-être est-ce d'ailleurs tout ce qui est "en marche" actuellement, en dépit de nos espérances d'un moment). Une révolution infra-culturelle. Une République est en train de se faire passer pour la République en cassant la République : elle en usurpe les symboles, lorsqu'elle ne les profane pas dans son sauvage aveuglement.
Les casseurs devant le Fouquet's, c'est un monde du spectacle face à un autre monde du spectacle, une vanité devant une autre vanité, dans un heurt inutile, tragique et physiquement dangereux (les pompiers en savent quelque chose…).

Les vraies détresses, les vraies doléances, les vraies souffrances sociales n'ont évidemment pas les moyens de se payer le Fouquet's. Mais elles n'ont pas non plus les moyens de monter à Paris ni de badauder dans les rues pour aller le casser. Les vraies détresses, comme toujours, ne font pas de bruit et passent inaperçues (hommage et profonde fraternité à elles).

La France dégurgite depuis des mois, par épisodes successifs, le néant dont elle est saturée, le néant dans lequel les instances politiques l'ont laissée depuis longtemps; un vide que les instances "spirituelles" elles-mêmes, si discréditées en ces jours, ont failli elles aussi à remplir, faute d'adéquation historique véritable, de cohérence et d'honnêteté.
Tout un monde est en train de s'effondrer. Entre le spectacle de la casse sociale et les abus sexuels, cela fait beaucoup de choses à avaler en ce moment, et l'on serait bien près, parfois de perdre cœur.

Mais l'espoir est une plante vivace. Une tâche immense nous attend, là où nous sommes et qui que nous soyons.
Il nous revient de sauver la Terre, d'éveiller l'étincelle au cœur de l'homme, de déployer la respiration transcendante de notre vie, en dépit de tout ce qui cherche, même le plus officiellement du monde, à nous aliéner et à nous abrutir.

Avoir une oreille - que dis-je, être une oreille si fine, si attentive, si absolue, qu'elle se met au diapason, tout bas, de tout ce qui pousse, actuellement. Car le son de tout ce qui se détruit, le vacarme même de tout ce qui détruit autrui, tout cela s'efface et s'abolit dans le silence de ce qui pousse, et qui est invincible autant qu'universel. Victoire de la Vie, de la Pensée, de la Naissance.

C'est pourquoi je persiste à regarder les violettes." 17 mars 2019

L'œuvre "politique" de François Cassingena-Trévedy paraîtra en juin prochain aux éditions Tallandier

Photo Pixabay/TambiraPhotography









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